Chapitre 10
Jeanne Collieri vint réveiller Pierre Cavalier, ce matin du jeudi 4 décembre, à six heures trente précises – pour être au plus tôt au chevet de sa nièce. Elle donnait l’impression d’avoir mieux récupéré que son neveu malgré cette courte nuit de sommeil.
Après l’avoir secoué énergiquement en lui disant : « C’est l’heure ! », elle lui laissa à peine le temps de mettre un pied hors du lit avant d’attaquer par surprise.
– T’as peut-être des choses à m’expliquer, non ?
Pierre Cavalier s’était assis sur le bord du lit et se passait la main dans sa tignasse ébouriffée.
Il la regarda à travers ses yeux mi-clos puis opina silencieusement.
– Je pourrais peut-être prendre une douche avant ? fit-il en se levant et en s’étirant. Pour m’éclaircir les idées.
– Ne traîne pas. Je t’attends dans la cuisine !
Il se le tint pour dit et fit l’impasse sur son rasage matinal.
Le café était trop serré pour lui et sa tante, en robe de chambre mais le chignon parfaitement tiré, entreprenait de rouler sa première cigarette de la journée.
Pierre détestait l’odeur du tabac au petit déjeuner. Surtout celle du gros gris.
Il lui parla d’abord de sa découverte macabre de la veille.
– T’aurais pu en parler à ta cousine ! le rabroua-t-elle.
Il lui dit que l’exécution du Marseillais était peut-être une erreur. Qu’à son avis il était lui-même la cible et qu’il n’avait pas voulu inquiéter sa cousine inutilement.
– T’aurais peut-être dû. Elle n’en serait pas là, la petiote !
Mal à l’aise, Pierre Cavalier s’empressa alors d’aborder la thèse d’un complot visant à éliminer le chef de l’Etat, pour essayer de lui faire sortir de la tête l’idée que l’accident de sa nièce n’en était pas un.
Peine perdue.
– Les abords de l’hôtel devaient être surveillés. Élisa a été repérée et on t’a envoyé un avertissement en s’en prenant à elle.
Pierre simplifia son exposé et il la vit se concentrer intensément et tirer plus nerveusement sur son mégot informe.
– Pourquoi chercher ici, alors que ça ne peut se passer que sur le continent ? le coupa-t-elle.
Il lui expliqua que Jérôme Ferlatti, le leader nationaliste assassiné, devait lui révéler les modalités de neutralisation et de livraison des brebis galeuses. Mais il tut le rôle du Corse en tant qu’indicateur.
Il tenta de lui faire part de ses diverses conjectures mais il s’aperçut qu’elle ne l’écoutait plus.
– Bon, le coupa-t-elle de nouveau, on se prépare et on va voir la petite. Elle aura sûrement des choses à nous apprendre. Mais, avant, j’ai quelques coups de téléphone à passer et, toi, tu te rases pour être présentable…
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
Jeanne Collieri vint réveiller Pierre Cavalier, ce matin du jeudi 4 décembre, à six heures trente précises – pour être au plus tôt au chevet de sa nièce. Elle donnait l’impression d’avoir mieux récupéré que son neveu malgré cette courte nuit de sommeil.
Après l’avoir secoué énergiquement en lui disant : « C’est l’heure ! », elle lui laissa à peine le temps de mettre un pied hors du lit avant d’attaquer par surprise.
– T’as peut-être des choses à m’expliquer, non ?
Pierre Cavalier s’était assis sur le bord du lit et se passait la main dans sa tignasse ébouriffée.
Il la regarda à travers ses yeux mi-clos puis opina silencieusement.
– Je pourrais peut-être prendre une douche avant ? fit-il en se levant et en s’étirant. Pour m’éclaircir les idées.
– Ne traîne pas. Je t’attends dans la cuisine !
Il se le tint pour dit et fit l’impasse sur son rasage matinal.
Le café était trop serré pour lui et sa tante, en robe de chambre mais le chignon parfaitement tiré, entreprenait de rouler sa première cigarette de la journée.
Pierre détestait l’odeur du tabac au petit déjeuner. Surtout celle du gros gris.
Il lui parla d’abord de sa découverte macabre de la veille.
– T’aurais pu en parler à ta cousine ! le rabroua-t-elle.
Il lui dit que l’exécution du Marseillais était peut-être une erreur. Qu’à son avis il était lui-même la cible et qu’il n’avait pas voulu inquiéter sa cousine inutilement.
– T’aurais peut-être dû. Elle n’en serait pas là, la petiote !
Mal à l’aise, Pierre Cavalier s’empressa alors d’aborder la thèse d’un complot visant à éliminer le chef de l’Etat, pour essayer de lui faire sortir de la tête l’idée que l’accident de sa nièce n’en était pas un.
Peine perdue.
– Les abords de l’hôtel devaient être surveillés. Élisa a été repérée et on t’a envoyé un avertissement en s’en prenant à elle.
Pierre simplifia son exposé et il la vit se concentrer intensément et tirer plus nerveusement sur son mégot informe.
– Pourquoi chercher ici, alors que ça ne peut se passer que sur le continent ? le coupa-t-elle.
Il lui expliqua que Jérôme Ferlatti, le leader nationaliste assassiné, devait lui révéler les modalités de neutralisation et de livraison des brebis galeuses. Mais il tut le rôle du Corse en tant qu’indicateur.
Il tenta de lui faire part de ses diverses conjectures mais il s’aperçut qu’elle ne l’écoutait plus.
– Bon, le coupa-t-elle de nouveau, on se prépare et on va voir la petite. Elle aura sûrement des choses à nous apprendre. Mais, avant, j’ai quelques coups de téléphone à passer et, toi, tu te rases pour être présentable…
© Alain Pecunia, 2009.
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