samedi 14 mars 2009

Noir Express : "Corses toujours" (C. C. X) par Alain Pecunia, Chapitre 19


Chapitre 19





Quelques heures plus tard, peu avant midi ce même vendredi 5 décembre, le commissaire Antoine des Stups débarqua dans l’appartement de Jeanne Collieri.
– C’est quoi ce bordel ! furent ses premières paroles.
Il se heurta aux ambulanciers qui venaient de transférer Élisa Matocelli de sa chambre d’hôpital à l’appartement.
La tante et son amie au cabas s’occupaient de son installation avec la fille d’une de leurs amies, qui était infirmière et venait de prendre sa retraite.
Deux autres vieilles dames s’affairaient dans la cuisine autour de la table jonchée de provisions.
– C’est un hôpital de campagne ou un PC opérationnel ? demanda-t-il, l’air ahuri, à Cavalier qui le conduisait jusqu’au salon.
– Un peu les deux, lui répondit celui-ci en haussant les épaules et en lui souriant.
Il lui expliqua brièvement les événements de la nuit à l’hôpital.
Dans la matinée, Bellou avait décidé le transfert d’Élisa. Il avait estimé que sa sécurité serait plus facile à assurer chez elle et, ainsi, par la même occasion, il récupérait son équipe de surveillance de nuit.
Les deux hommes n’avaient pas été efficaces pour stopper Fernandi, mais Bellou savait qu’il pouvait compter sur eux.
Les deux hommes, âgés d’une trentaine d’années, se levèrent du canapé du salon sur lequel ils étaient assis lorsque Cavalier les présenta au commissaire Antoine.
Celui-ci ne comprit pas pourquoi ils affichaient un air penaud.
– Je m’installe où ? demanda Antoine en posant le sac de voyage qu’il portait en bandoulière.
Cavalier lui expliqua que les hommes occuperaient le salon.
– Mais on sera combien ? s’inquiéta Antoine.
– Toi, Gilbert qu’on attend, Mathieu et Fabrice (il désigna les deux hommes du canapé), Bellou et moi. Six en tout.
Antoine lui jeta un regard résigné en laissant tomber son sac à ses pieds.
– Tu verras Bellou tout à l’heure. Il est en train de se reposer dans la chambre que nous occupions. Mais il faut la libérer pour les deux vieilles que tu as vues dans la cuisine. Ce sont nos cantinières ! lança joyeusement Pierre Cavalier.
Mais sans l’effet escompté.
– Et en plus c’est l’hospice ! jeta Antoine sur un ton désabusé.
– Qui parle d’hospice ?
Antoine se tourna vers la double porte du salon d’où avait jailli la question acerbe.
Il se sentit confus en découvrant la présence d’une vieille dame qui le fusillait du regard.
Antoine essaya de se faire le plus petit possible. Il sembla d’ailleurs rapetisser.
– Excusez-moi, madame, ce n’est pas ce que je voulais dire…
Jeanne Collieri l’ignora et s’adressa à son neveu.
– Il serait pas un peu faux cul, ton ami ?
Antoine se mit à rougir.
Elle se tourna vers lui tout en continuant de le fusiller du regard et prit une pose hautaine en rejetant la tête en arrière.
– Sachez, monsieur je ne sais encore qui, que les petites vieilles ont déjà un ennemi au tapis à leur actif. J’espère pour vous que vous saurez être à la hauteur ! lui jeta-t-elle superbement dédaigneuse et en tournant les talons avant que le commissaire Antoine ait pu balbutier quoi que ce soit.
Celui-ci jeta un regard désespéré à Cavalier.
– C’est rien. Je veux dire, c’est ma tante et tu viens de faire sa connaissance…, fit ce dernier, goguenard.




© Alain Pecunia, 2009.
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