Chapitre 16
Alors que Bellou et Cavalier avaient fini par s’endormir d’épuisement, Jeanne Collieri, elle, veillait sur sa nièce avec vigilance, attentive au moindre bruit.
Malgré ses quatre-vingt-cinq ans, si ses yeux lui jouaient des tours, comme elle disait, elle avait l’ouïe aussi fine que dans son jeune temps. Ce dont elle était très fière.
Justement, ce pas traînant dans le couloir la contrariait.
Il était passé une fois devant la porte et repassait maintenant une deuxième fois.
Elle regarda sa montre. Il était un peu plus de trois heures mais elle ne parvenait pas à lire les minutes.
Le pas s’éloigna. Puis revint quelques minutes plus tard. Stoppant derrière la porte. Comme hésitant.
Jeanne Collieri, elle, n’hésita pas en plongeant sa main droite dans le cabas posé sur ses genoux.
Sa nièce était éveillée depuis un quart d’heure et elle tourna son regard – la tête, elle ne le pouvait pas encore – vers sa tante.
Celle-ci lui fit signe de se taire en mettant son doigt devant la bouche. Puis elle prit l’attitude de la personne assoupie tout en gardant la main dans le cabas.
Elle entendit la porte s’ouvrir.
La personne au pas traînant avait pénétré dans la pièce.
Jeanne Collieri fit semblant de s’éveiller.
– Excusez-moi, madame, dit l’homme au teint blafard et revêtu d’une blouse médicale qui s’exprimait d’une voix quasiment inaudible. Je vous demanderai de sortir pendant que j’effectue les soins de Mlle Matocelli.
Il avait les deux mains enfoncées dans les poches de sa blouse, attendant que la vieille dame sorte de la chambre.
Sa nièce roulait désespérément les yeux depuis qu’elle avait reconnu la voix qui l’avait appelée au téléphone pour l’attirer dans le guet-apens.
Mais sa tante ne jeta aucun regard vers elle.
Jeanne Collieri était en train de se concentrer intensément sur un point imaginaire situé à hauteur de nombril du faux infirmier.
Puis, tout en se levant de son siège, elle sortit sa main droite du cabas et tira deux fois en direction de ce point imaginaire.
L’homme s’écroula en se tenant le ventre à deux mains et en ouvrant un regard de stupeur sur la vieille dame qui s’approchait de lui.
Elle put y lire de la frayeur animale lorsqu’elle se tint au-dessus de lui et s’appliqua à viser la tête.
Après, elle ne sut pas. Elle avait fermé les yeux pour tirer sa troisième balle.
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
Alors que Bellou et Cavalier avaient fini par s’endormir d’épuisement, Jeanne Collieri, elle, veillait sur sa nièce avec vigilance, attentive au moindre bruit.
Malgré ses quatre-vingt-cinq ans, si ses yeux lui jouaient des tours, comme elle disait, elle avait l’ouïe aussi fine que dans son jeune temps. Ce dont elle était très fière.
Justement, ce pas traînant dans le couloir la contrariait.
Il était passé une fois devant la porte et repassait maintenant une deuxième fois.
Elle regarda sa montre. Il était un peu plus de trois heures mais elle ne parvenait pas à lire les minutes.
Le pas s’éloigna. Puis revint quelques minutes plus tard. Stoppant derrière la porte. Comme hésitant.
Jeanne Collieri, elle, n’hésita pas en plongeant sa main droite dans le cabas posé sur ses genoux.
Sa nièce était éveillée depuis un quart d’heure et elle tourna son regard – la tête, elle ne le pouvait pas encore – vers sa tante.
Celle-ci lui fit signe de se taire en mettant son doigt devant la bouche. Puis elle prit l’attitude de la personne assoupie tout en gardant la main dans le cabas.
Elle entendit la porte s’ouvrir.
La personne au pas traînant avait pénétré dans la pièce.
Jeanne Collieri fit semblant de s’éveiller.
– Excusez-moi, madame, dit l’homme au teint blafard et revêtu d’une blouse médicale qui s’exprimait d’une voix quasiment inaudible. Je vous demanderai de sortir pendant que j’effectue les soins de Mlle Matocelli.
Il avait les deux mains enfoncées dans les poches de sa blouse, attendant que la vieille dame sorte de la chambre.
Sa nièce roulait désespérément les yeux depuis qu’elle avait reconnu la voix qui l’avait appelée au téléphone pour l’attirer dans le guet-apens.
Mais sa tante ne jeta aucun regard vers elle.
Jeanne Collieri était en train de se concentrer intensément sur un point imaginaire situé à hauteur de nombril du faux infirmier.
Puis, tout en se levant de son siège, elle sortit sa main droite du cabas et tira deux fois en direction de ce point imaginaire.
L’homme s’écroula en se tenant le ventre à deux mains et en ouvrant un regard de stupeur sur la vieille dame qui s’approchait de lui.
Elle put y lire de la frayeur animale lorsqu’elle se tint au-dessus de lui et s’appliqua à viser la tête.
Après, elle ne sut pas. Elle avait fermé les yeux pour tirer sa troisième balle.
© Alain Pecunia, 2009.
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