samedi 21 mars 2009

Noir Express : "Corses toujours" (C. C. X) par Alain Pecunia, Chapitre 23

Chapitre 23





Dès que le commissaire Bellou eut annoncé aux cinq autres policiers que l’opération était remise au lendemain – il n’osait envisager l’éventualité d’une annulation pure et simple toujours possible –, un étrange climat de relâchement s’instaura dans le salon. Les hommes se regroupèrent par paire. Bellou et Cavalier sur le canapé près de la porte. Antoine et Gilbert sur le canapé en vis-à-vis près de la fenêtre. Mathieu et Fabrice au bout du salon, assis à califourchon sur de petites chaises Louis XVI et jouant aux dames.
Les deux subalternes du Nantais donnaient le sentiment d’être à peine concernés par les aléas de l’opération.
En revanche, Antoine et Gilbert étaient nerveux. Ils ne comprenaient pas la raison de la nécessité du feu vert de Paris puisque la cible était logée et fixée.
Cavalier ne leur donnait pas tort et Bellou, bien à contrecœur, dut leur faire certaines révélations.
Le commando qui envisageait d’assassiner le président de la République était composé de huit hommes. Cinq étaient de l’île et les trois autres, non-corses, étaient venus exprès du continent. Mais il y aurait un neuvième homme. Et le « feu vert » de Paris serait également la confirmation de sa présence.
– Et c’est qui, celui-là ? demanda naïvement Lenoir.
Le commissaire Antoine se renfrogna.
– Tu ne nous cacherais rien, hein, Bellou ? fit-il.
René Bellou soupira.
– Au point où on en est…, l’encouragea Cavalier.
– Bon, d’accord ! dit le Nantais. Il s’agit d’un flic véreux de Paris. Pierre est au courant. Vous avez le droit de savoir aussi. Mais celui-là, il faudrait essayer de l’avoir vivant ou pas trop amoché. Il a beaucoup de choses à révéler sur les tenants et aboutissants du complot.
– Mais c’est qui ? insista Antoine.
– Leprot, répondit Cavalier.
– Quoi ! ton patron ?
Le commissaire Antoine n’en croyait pas ses oreilles. Mais il se rendait compte que leur affaire prenait une dimension nouvelle. Un vrai nid de guêpes.
Lenoir, lui, était sonné.
– Buter un divisionnaire…
– On ne le bute pas, on le ramène, rectifia Bellou.
– Mais à dix-huit contre huit, on va en faire de la charpie ! s’entêta-t-il.
Pierre Cavalier eut un mauvais pressentiment. Il se demanda si, par hasard, la mort du divisionnaire Leprot n’était pas souhaitée, voire même programmée, par le grand organisateur de ce merdier. Le sous-directeur Tomasini.



© Alain Pecunia, 2009.
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