Chapitre 20 (suite 2 et fin)
À ce moment précis, la sonnerie de la porte retentit.
Une des deux « cantinières », Maria, se leva aussi vivement qu’elle pouvait à quatre-vingt-deux ans pour aller ouvrir.
Elle revint dans la pièce en précédant trois hommes.
Le commissaire Bellou se leva pour faire les présentations. C’étaient ses « contacts » corses. Les « bons » nationalistes.
Pierre Cavalier pria muettement pour que Bellou ne commette pas d’impairs en présence d’Antoine.
– Ce sont les braves citoyens corses dont je vous ai parlé et qui vous nous ont aider – que dis-je ? qui sont les garants de notre succès et du salut de…
Il s’interrompit brusquement pour toussoter. S’il commençait d’évoquer le salut de la République et donc de la France, il n’était pas assuré que la réaction des « bons » nationalistes corses soit tout à fait du goût du commissaire Antoine.
Il craignait un bras d’honneur et un toujours possible « Mort à la France ! ». Même prononcé en corse, Antoine serait capable d’effectuer la traduction simultanée rien qu’au ton.
D’ailleurs, il avait remarqué que le commissaire des Stups dévisageait un des nouveaux venus et qu’il plissait le front comme faisant un effort pour se remémorer quelque chose.
Maria et Antoinette reprirent leur rôle de « cantinières » en présentant un plateau de charcuterie et du vin aux trois nationalistes.
Bellou et Cavalier avaient craint qu’il n’y ait un problème avec les trois Corses à cause de la présence participative des femmes. Mais ça ne semblait pas être leur problème.
– Alors, chers amis, demanda Bellou aux invités de la dernière heure, avez-vous de bonnes nouvelles ?
– Pour leur planque, oui. Ça, c’est du sûr, répondit un des trois hommes qui semblait être leur chef ou leur porte-parole. C’est ce qu’on vous avait déjà dit. Sur la route d’Appietto et bien isolé. À l’endroit indiqué sur la carte que je vous ai remise avant-hier. Ils sont bien retranchés mais ne sont que huit.
– Et pour le matériel ?
– On confirme. Nous avons planqué à deux kilomètres du lieu, à l’endroit convenu, deux RPG, une caisse de grenades, du fumigène, des mines, le fusil-mitrailleur et les quatre fusils d’assaut que vous nous aviez demandés…
Cavalier observa la réaction des uns et des autres. Les femmes ne sourcillaient pas. Les deux hommes de Bellou, Fabrice et Mathieu ne réagissaient pas non plus.
Il n’y avait que Gilbert et Antoine qui semblaient faire un gros effort pour en croire leurs oreilles et jouer les indifférents.
– Nous ferons la jonction avec vous au dépôt d’armes à l’heure et au jour dits, reprit le nationaliste. Nous serons douze. Et vous ?
– Six, dit Bellou.
– Plus quatre, intervint Jeanne Collieri à la seule surprise du Nantais et des Parisiens.
– Et pour ce qui concerne la gendarmerie, ils marchent toujours ? enchaîna le Corse.
– Oui. Le lieutenant assurera nos arrières et les voies de retraite avec des hommes sûrs.
– Bon, ben tout me semble parfait, dit-il en se levant, imité par ses deux acolytes. À vous de nous fixer la date et l’heure…
Maria les raccompagna.
– Y en a un qui me dit quelque chose, fit Antoine après le retour de Maria. J’ai l’impression de l’avoir eu comme « client »…
– C’est pas possible, s’empressa de le couper Bellou. Ce sont de bons citoyens corses.
– Oui, tu te trompes, le soutint Cavalier. Tous les Corses ont des airs de famille.
– Mais non, je vous assure, c’est un trafiquant que j’ai arrêté il y a sept, huit ans. Attendez, je vais me souvenir…
– Hé ! les enfants, trancha habilement Jeanne Collieri, ce n’est pas le moment de vous perdre dans les détails. D’ailleurs, il est temps que vous alliez dormir si vous vous voulez être en forme pour la suite. Nous, on va ranger le fatras et faire la vaisselle. On essaiera de ne pas faire trop de bruit…
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
À ce moment précis, la sonnerie de la porte retentit.
Une des deux « cantinières », Maria, se leva aussi vivement qu’elle pouvait à quatre-vingt-deux ans pour aller ouvrir.
Elle revint dans la pièce en précédant trois hommes.
Le commissaire Bellou se leva pour faire les présentations. C’étaient ses « contacts » corses. Les « bons » nationalistes.
Pierre Cavalier pria muettement pour que Bellou ne commette pas d’impairs en présence d’Antoine.
– Ce sont les braves citoyens corses dont je vous ai parlé et qui vous nous ont aider – que dis-je ? qui sont les garants de notre succès et du salut de…
Il s’interrompit brusquement pour toussoter. S’il commençait d’évoquer le salut de la République et donc de la France, il n’était pas assuré que la réaction des « bons » nationalistes corses soit tout à fait du goût du commissaire Antoine.
Il craignait un bras d’honneur et un toujours possible « Mort à la France ! ». Même prononcé en corse, Antoine serait capable d’effectuer la traduction simultanée rien qu’au ton.
D’ailleurs, il avait remarqué que le commissaire des Stups dévisageait un des nouveaux venus et qu’il plissait le front comme faisant un effort pour se remémorer quelque chose.
Maria et Antoinette reprirent leur rôle de « cantinières » en présentant un plateau de charcuterie et du vin aux trois nationalistes.
Bellou et Cavalier avaient craint qu’il n’y ait un problème avec les trois Corses à cause de la présence participative des femmes. Mais ça ne semblait pas être leur problème.
– Alors, chers amis, demanda Bellou aux invités de la dernière heure, avez-vous de bonnes nouvelles ?
– Pour leur planque, oui. Ça, c’est du sûr, répondit un des trois hommes qui semblait être leur chef ou leur porte-parole. C’est ce qu’on vous avait déjà dit. Sur la route d’Appietto et bien isolé. À l’endroit indiqué sur la carte que je vous ai remise avant-hier. Ils sont bien retranchés mais ne sont que huit.
– Et pour le matériel ?
– On confirme. Nous avons planqué à deux kilomètres du lieu, à l’endroit convenu, deux RPG, une caisse de grenades, du fumigène, des mines, le fusil-mitrailleur et les quatre fusils d’assaut que vous nous aviez demandés…
Cavalier observa la réaction des uns et des autres. Les femmes ne sourcillaient pas. Les deux hommes de Bellou, Fabrice et Mathieu ne réagissaient pas non plus.
Il n’y avait que Gilbert et Antoine qui semblaient faire un gros effort pour en croire leurs oreilles et jouer les indifférents.
– Nous ferons la jonction avec vous au dépôt d’armes à l’heure et au jour dits, reprit le nationaliste. Nous serons douze. Et vous ?
– Six, dit Bellou.
– Plus quatre, intervint Jeanne Collieri à la seule surprise du Nantais et des Parisiens.
– Et pour ce qui concerne la gendarmerie, ils marchent toujours ? enchaîna le Corse.
– Oui. Le lieutenant assurera nos arrières et les voies de retraite avec des hommes sûrs.
– Bon, ben tout me semble parfait, dit-il en se levant, imité par ses deux acolytes. À vous de nous fixer la date et l’heure…
Maria les raccompagna.
– Y en a un qui me dit quelque chose, fit Antoine après le retour de Maria. J’ai l’impression de l’avoir eu comme « client »…
– C’est pas possible, s’empressa de le couper Bellou. Ce sont de bons citoyens corses.
– Oui, tu te trompes, le soutint Cavalier. Tous les Corses ont des airs de famille.
– Mais non, je vous assure, c’est un trafiquant que j’ai arrêté il y a sept, huit ans. Attendez, je vais me souvenir…
– Hé ! les enfants, trancha habilement Jeanne Collieri, ce n’est pas le moment de vous perdre dans les détails. D’ailleurs, il est temps que vous alliez dormir si vous vous voulez être en forme pour la suite. Nous, on va ranger le fatras et faire la vaisselle. On essaiera de ne pas faire trop de bruit…
© Alain Pecunia, 2009.
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