Chapitre 30
Pierre Cavalier dormit jusqu’à quatre heures de l’après-midi d’un mauvais sommeil agité.
Quand il se réveilla, il resta un long moment allongé sur le lit, les mains croisées sous la tête, à contempler le plafond.
Il espérait ne pas s’être planté.
Il éprouvait surtout une crainte. Que ce dingue de Bangros, après la « disparition » des Berthon et la descente en fanfare de la DST chez lui, ne passe à l’action, n’ayant plus rien à perdre et se sachant dans le collimateur.
Il est loin d’être con, se dit Cavalier. Il a dû piger que Berthon a été se réfugier chez les flics et a tout révélé sur son groupe. C’est à présent une course contre la montre, pour lui. Ou alors il se dégonfle. Ce qui ne serait pas conforme avec le personnage puisque, s’il est pris, il aurait à répondre de cinq crimes. La perpète incompressible pour lui et ses complices. Et il le sait. Allah ne peut pas tout…
Isabelle l’appela vers dix-sept heures du Quai des Orfèvres.
Elle était crevée et accusait une baisse de morale.
Elle pataugeait dans l’hémoglobine en veux-tu en voilà sans obtenir la moindre piste.
– C’est Berthon la clé du problème. Ah ! si on pouvait mettre la main dessus…
– Tu sais, ma chérie, les Berthon doivent se planquer.
Il avait un ton convaincant. Et il ne mentait pas. Pas tout à fait. Ils étaient à l’abri. À la DST. Mais il ne pouvait pas tout lui dire. D’ailleurs, il ne lui dirait jamais tout.
En un sens, ça valait mieux. Elle lui aurait arraché les yeux de la tête après l’avoir traité d’infâme manipulateur.
– Et toi, tu as avancé ? demanda-t-elle d’une voix de petite fille désemparée.
– Pas le moins du monde, ma chérie. On patauge, tout comme vous.
– Tu me le dirais, si tu avais quelque chose ? dit-elle d’un ton soudain soupçonneux.
– Bien sûr, ma chérie. Nous avons tous intérêt à arrêter ces dingues.
– Excuse-moi. Je suis crevée et j’en arrive à douter même de toi et de ta boutique.
– Mais c’est normal, ma chérie. C’est la pression.
Pierre Cavalier fut soulagé qu’Isabelle mît fin à la communication. Mais le « gros bisou » qu’elle lui plaqua sur la joue par ondes interposées lui fit la sensation d’une morsure au fer rouge.
Il se comportait comme un salaud.
Professionnel.
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
Pierre Cavalier dormit jusqu’à quatre heures de l’après-midi d’un mauvais sommeil agité.
Quand il se réveilla, il resta un long moment allongé sur le lit, les mains croisées sous la tête, à contempler le plafond.
Il espérait ne pas s’être planté.
Il éprouvait surtout une crainte. Que ce dingue de Bangros, après la « disparition » des Berthon et la descente en fanfare de la DST chez lui, ne passe à l’action, n’ayant plus rien à perdre et se sachant dans le collimateur.
Il est loin d’être con, se dit Cavalier. Il a dû piger que Berthon a été se réfugier chez les flics et a tout révélé sur son groupe. C’est à présent une course contre la montre, pour lui. Ou alors il se dégonfle. Ce qui ne serait pas conforme avec le personnage puisque, s’il est pris, il aurait à répondre de cinq crimes. La perpète incompressible pour lui et ses complices. Et il le sait. Allah ne peut pas tout…
Isabelle l’appela vers dix-sept heures du Quai des Orfèvres.
Elle était crevée et accusait une baisse de morale.
Elle pataugeait dans l’hémoglobine en veux-tu en voilà sans obtenir la moindre piste.
– C’est Berthon la clé du problème. Ah ! si on pouvait mettre la main dessus…
– Tu sais, ma chérie, les Berthon doivent se planquer.
Il avait un ton convaincant. Et il ne mentait pas. Pas tout à fait. Ils étaient à l’abri. À la DST. Mais il ne pouvait pas tout lui dire. D’ailleurs, il ne lui dirait jamais tout.
En un sens, ça valait mieux. Elle lui aurait arraché les yeux de la tête après l’avoir traité d’infâme manipulateur.
– Et toi, tu as avancé ? demanda-t-elle d’une voix de petite fille désemparée.
– Pas le moins du monde, ma chérie. On patauge, tout comme vous.
– Tu me le dirais, si tu avais quelque chose ? dit-elle d’un ton soudain soupçonneux.
– Bien sûr, ma chérie. Nous avons tous intérêt à arrêter ces dingues.
– Excuse-moi. Je suis crevée et j’en arrive à douter même de toi et de ta boutique.
– Mais c’est normal, ma chérie. C’est la pression.
Pierre Cavalier fut soulagé qu’Isabelle mît fin à la communication. Mais le « gros bisou » qu’elle lui plaqua sur la joue par ondes interposées lui fit la sensation d’une morsure au fer rouge.
Il se comportait comme un salaud.
Professionnel.
© Alain Pecunia, 2009.
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