jeudi 25 juin 2009

Noir Express : "Sous le faux étendard du Prophète" (C. C. XII), par Alain Pecunia, Chapitre 25

Chapitre 25





À dix-neuf heures, Pierre Cavalier avait paré au plus pressé. Dans une heure, il aurait confirmation de la présence ou non de Bangros et de ses deux lieutenants dans la planque de Montreuil. S’ils n’y étaient pas, il savait qu’à partir de vingt-deux heures, le dispositif serait paré.
Cyniquement, il se dit que rien ne servait de courir après Berthon et sa femme. Ils réapparaîtraient d’une façon ou d’une autre.
Alain Berthon avait apparemment choisi de disparaître au lieu de se présenter au Quai des Orfèvres. C’était son choix. À lui de l’assumer.
Le commandant Cavalier relégua le sort du couple Berthon au dernier rang de ses préoccupations.
Il ne servait à rien de courir non plus après Roger Bangros et ses deux inséparables.
Il fallait l’attendre. Le contraindre à venir se réfugier à la planque de Montreuil.
À vingt heures dix, après avoir été informé que la planque était vide, Pierre Cavalier se rendit chez le directeur pour lui annoncer que la solution du « problème » n’était plus qu’une question de temps.
– Ce sera long ? demanda le directeur.
Le commandant haussa les épaules.
C’était le type même de la question stupide.
– Je l’ignore, monsieur, mais ce sera fait.
– Vous ne pouvez pas être plus précis ? C’est pour « en haut », ajouta-t-il en levant les yeux au plafond. L’Élysée n’arrête pas de me téléphoner. Depuis l’hécatombe de la canicule, ils ont tendance à s’inquiéter facilement. Vous voyez ce que je veux dire. Et là, il ne faudrait pas que les vœux de fin d’année du Président soient gâchés. Il y tient particulièrement. Je l’ai eu personnellement au téléphone. Il m’a demandé qui pouvaient bien être ces « dingues qui ne respectent même pas la trêve des confiseurs ». Je lui ai dit de ne pas s’inquiéter, mais je n’ai pas été foutu de lui répondre.
– Vous pouvez toujours lui dire que ce n’est pas le Mossad.
– Ah ! ce n’est donc pas le Mossad, dit pensivement le directeur. En un sens, mon cher Cavalier, je crois que ça aurait été préférable. On aurait pu s’entendre… Mais alors, qui est-ce ? Non. Ne me le dites pas. Comme ça je ne serai pas tenté de le répéter « là-haut »… Allez-y, mon vieux, foncez !



© Alain Pecunia, 2009.
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