mardi 2 juin 2009

Noir Express : "Sous le faux étendard du Prophète" (C. C. XII), par Alain Pecunia, Chapitre 8

Chapitre 8





Il leur fallut attendre que la vodka eût fait son effet avant d’obtenir une explication à peu près cohérente de la part de Jérôme Cassard.
Il devait effectivement passer la soirée avec Dimitri et deux copines.
– C’était qui ? demanda Gégé circonspect.
– Des frangines.
– Je ne te demande pas si ce sont des bonnes sœurs ou des jumelles. Je te demande d’où elles sortent, ces copines, s’énerva Gégé.
– T’énerve pas comme ça. Tu me stresses, protesta Jérôme qui n’était pas habitué aux alcools forts. C’est juste deux thons dans la trentaine que Dimitri avait levés au café du coin dans la matinée. Mais moi je les connais pas.
– Il aura encore dragué n’importe quoi n’importe où ! jeta Gégé méchamment. Ce con, il a jamais été capable de respecter les règles élémentaires de la clandestinité en ramenant n’importe quelle pouffe chez lui…
– Hé ! tu te calmes…, le coupa sa femme. D’ailleurs c’est pas le problème et tu as toujours été jaloux de son charme, à Dimitri. Laisse Jérôme s’expliquer !
Jérôme avait rendez-vous avec Dimitri à dix-neuf heures trente et les « copines » devaient arriver une heure plus tard.
Dimitri leur avait promis qu’elles auraient juste à se mettre les pieds sous la table.
– Vous me connaissez, je suis toujours à l’heure… Quand je suis arrivé dans sa rue, il y avait tout un attroupement au bas de son immeuble avec les flics et les pompiers. J’ai demandé à une petite vieille ce qui se passait – c’est toujours les mieux informées, les petites vieilles. Par chance, c’était la concierge de l’immeuble d’à côté et elle savait qui avait été tué. « C’est le libraire du premier », qu’elle m’a dit. Moi, j’ai tout de suite compris qu’il s’agissait de Dimitri. Alors j’ai pas traîné. Je suis tout de suite venu vous prévenir. Mais il m’a fallu presque une heure et demie pour venir du fin fond du XVe…
– Mais il a été tué comment ? l’interrogea Alain.
– Ah ! ça je ne sais pas…
– Comment ça, tu ne sais pas ? demanda Gégé à son tour d’une voix agressive. Tu nous as dit tout à l’heure qu’il avait été tué comme Jean…
– Ben non, je vous ai dit qu’il était mort comme ce pauvre Jean, mais comment, ça je ne sais pas…
– Tu aurais pu te renseigner avant de filer ! le réprimanda Gégé.
– J’allais quand même pas demander ça aux flics ! opposa Jérôme en haussant les épaules.
– C’est vrai, ça, dit Claudine en s’asseyant à la droite de Jérôme.
Calé entre les deux femmes qui lui tapotaient chacune une mimine, Jérôme Cassard semblait reprendre des couleurs.
– Il n’y aura qu’à lire les journaux, conclut Alain Berthon.


© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.

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