Chapitre 19
Dans son studio de la place de Stalingrad, Mourad se remémorait les événements de cette soirée qu’il trouvait digne des glorieux faits d’armes des frères du GIA en Algérie.
Le frère chargé de surveiller les allées et venues au bas de l’immeuble de Saint-Ouen après la découverte du corps de Jérôme Cassard l’avait appelé dès qu’il avait vu arriver Gérard Collin. Vers vingt heures trente.
Le même frère qui avait passé un coup de fil anonyme à la police pour les prévenir peu après dix-neuf heures qu’un crime venait d’être commis. Et qu’il venait de commettre.
Mourad s’était tourné vers Samir-Oussama.
– Tu avais raison, Oussama, il est là-bas, avait-il jubilé.
Mourad était empli d’admiration pour son émir.
Il avait prévu que Gérard Collin serait entendu par les keufs et qu’ils auraient la voie libre.
Mourad était ensuite parti aussitôt pour le pavillon des Lilas en passant par Montreuil pour prendre deux frères dont c’était la première mission un peu spéciale.
À vingt-deux heures, il avait garé leur véhicule à une cinquantaine de mètres du pavillon des Collin.
Mourad voulait agir au plus vite.
Il envoya un des deux jeunes frères en reconnaissance.
Celui-ci revint un quart d’heure plus tard.
Tout semblait calme mais il n’avait pas pu apercevoir combien de personnes se trouvaient dans le pavillon étant donné que tous les volets étaient clos.
Mourad était contrarié. Il pensa composer le numéro du pavillon et se faire passer pour un ami des deux frères Collin. C’était la meilleure façon de savoir s’ils étaient là.
Mais la chance vint au-devant de lui.
Deux jeunes hommes remontaient la rue et pénétrèrent dans le pavillon des Collin.
– On y va ! dit-il.
Mourad et ses deux acolytes se séparèrent momentanément.
Mourad se présenta seul et c’est Josy qui vint lui ouvrir.
Elle connaissait bien Mourad. Il venait souvent à la maison avec Roger et Momo.
Elle était même soulagée de le voir là.
– Je suis contente que tu sois venu, Mourad ! Rentre.
– Je suis venu avec mes neveux, dit-il en indiquant les deux hommes qui se tenaient à mi-distance du perron et du portail.
– Mais qu’ils viennent, Mourad. C’est Noël !
Mourad appela les deux hommes en arabe.
Josy les fit entrer dans le salon où se trouvaient ses deux fils qui venaient juste d’arriver.
Un film sans son défilait sur l’écran du téléviseur. Un truc sur la guerre des Américains entre eux au XIXe siècle.
– Je regardais le film que mes fils m’ont offert en attendant leur retour, dit-elle en guise d’explication. Mais il y a plus important. Deux de nos amis viennent de mourir dans d’étranges circonstances…
Les mots se bloquèrent dans sa gorge.
Les deux accompagnateurs de Mourad avaient sorti de sous leur imperméable deux fusils à canon et crosse sciés et les pointaient sur ses fils.
– Je ne comprends pas, Mourad, dit Josy d’une voix blanche et les yeux grands ouverts de surprise.
Mourad eut un sourire triste.
– Excuse-nous, Josy, mais c’est pour la Cause.
Il se tourna vers ses deux hommes de main.
– Emmenez-les dans la chambre du bas, ordonna-t-il.
Josy esquissa un pas, mais Mourad lui barra le passage en brandissant un couteau de chasse.
– Tu restes tranquille, tu fais ce que je t’ordonne et ils resteront en vie ! Si tu te défends ou si tu cries, on vous tue tous !
Paniquée, Josy acquiesça.
– Allonge-toi ! lui ordonna-t-il en indiquant le tapis entre le téléviseur et le sofa.
Josy s’exécuta en lui lançant des regards inquiets.
Mourad poussa le son du téléviseur.
Il se mit à genoux à côté d’elle et arracha sa jupe.
Josy frissonna et le supplia du regard.
Mourad se plaça à genoux entre ses cuisses et coupa le slip avec le couteau.
Il s’allongea sur elle et la viola.
Josy pleurait.
Il se releva et lui intima l’ordre de ne pas bouger.
Il se dirigea vers la chambre sans se retourner et ordonna à ses hommes « d’y aller ».
L’un des deux hommes lui remit son fusil.
Quelques gémissements et des cris étouffés parvinrent jusque dans la chambre malgré le son du téléviseur.
Mourad contempla avec mépris les deux fils assis sur le bord du lit côte à côte et qui n’esquissaient pas le moindre mouvement.
Un quart d’heure plus tard, un des deux hommes revint.
– C’est terminé, dit-il en arabe.
Il avait une large griffure d’ongle sur la joue.
– Bien, dit Mourad en français. On descend à la cave ! dit-il en pointant son fusil sur les deux frères Collin. Ne craignez rien, on va juste vous attacher.
L’escalier descendant à la cave et au garage se trouvait à gauche de la chambre d’ami au fond du couloir. Les frères Collin ne pouvaient apercevoir le corps martyrisé de leur mère.
Les deux frères s’affolèrent quand l’un des hommes de main voulut les attacher ensemble.
L’aîné tenta de s’enfuir vers l’escalier.
Une décharge de 12 lui fracassa le dos.
Le cadet avait choisi la porte du garage.
Il s’acharnait sur la fermeture en pleurant.
Mourad marcha lentement jusqu’à sa hauteur et l’assomma d’un coup de crosse.
Puis il se dirigea vers celui qui avait tiré et le gifla violemment.
– Faites ce que vous avez à faire ! ordonna-t-il.
Les deux jeunes à peine sortis de l’adolescence semblaient hésiter.
– Si vous ne le faites pas, c’est moi qui vous le ferai, leur dit-il d’une voix posée.
Les deux jeunes se dirigèrent vers le cadet des Collin et l’étranglèrent avant de lui baisser le pantalon.
Ils pratiquèrent de même avec l’aîné.
Les hommes de main étaient livides et près de vomir.
Mourad monta chercher deux assiettes dans la cuisine.
– Mettez ça dessus, leur dit-il en leur tendant les assiettes quand il fut redescendu.
Il était vingt-trois heures quarante-cinq lorsqu’ils ressortirent avec mille précautions du pavillon. Après que Mourad eut pris le temps de rouvrir les volets du salon.
Samir-Oussama, Momo et lui-même avaient décidé la mort de Josy Collin et des deux fils à l’unanimité.
Josy savait trop de choses sur eux et les deux fils auraient pu les identifier aisément pour les avoir souvent vus se réunir chez eux avec leur père et ses amis du Comité.
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
Dans son studio de la place de Stalingrad, Mourad se remémorait les événements de cette soirée qu’il trouvait digne des glorieux faits d’armes des frères du GIA en Algérie.
Le frère chargé de surveiller les allées et venues au bas de l’immeuble de Saint-Ouen après la découverte du corps de Jérôme Cassard l’avait appelé dès qu’il avait vu arriver Gérard Collin. Vers vingt heures trente.
Le même frère qui avait passé un coup de fil anonyme à la police pour les prévenir peu après dix-neuf heures qu’un crime venait d’être commis. Et qu’il venait de commettre.
Mourad s’était tourné vers Samir-Oussama.
– Tu avais raison, Oussama, il est là-bas, avait-il jubilé.
Mourad était empli d’admiration pour son émir.
Il avait prévu que Gérard Collin serait entendu par les keufs et qu’ils auraient la voie libre.
Mourad était ensuite parti aussitôt pour le pavillon des Lilas en passant par Montreuil pour prendre deux frères dont c’était la première mission un peu spéciale.
À vingt-deux heures, il avait garé leur véhicule à une cinquantaine de mètres du pavillon des Collin.
Mourad voulait agir au plus vite.
Il envoya un des deux jeunes frères en reconnaissance.
Celui-ci revint un quart d’heure plus tard.
Tout semblait calme mais il n’avait pas pu apercevoir combien de personnes se trouvaient dans le pavillon étant donné que tous les volets étaient clos.
Mourad était contrarié. Il pensa composer le numéro du pavillon et se faire passer pour un ami des deux frères Collin. C’était la meilleure façon de savoir s’ils étaient là.
Mais la chance vint au-devant de lui.
Deux jeunes hommes remontaient la rue et pénétrèrent dans le pavillon des Collin.
– On y va ! dit-il.
Mourad et ses deux acolytes se séparèrent momentanément.
Mourad se présenta seul et c’est Josy qui vint lui ouvrir.
Elle connaissait bien Mourad. Il venait souvent à la maison avec Roger et Momo.
Elle était même soulagée de le voir là.
– Je suis contente que tu sois venu, Mourad ! Rentre.
– Je suis venu avec mes neveux, dit-il en indiquant les deux hommes qui se tenaient à mi-distance du perron et du portail.
– Mais qu’ils viennent, Mourad. C’est Noël !
Mourad appela les deux hommes en arabe.
Josy les fit entrer dans le salon où se trouvaient ses deux fils qui venaient juste d’arriver.
Un film sans son défilait sur l’écran du téléviseur. Un truc sur la guerre des Américains entre eux au XIXe siècle.
– Je regardais le film que mes fils m’ont offert en attendant leur retour, dit-elle en guise d’explication. Mais il y a plus important. Deux de nos amis viennent de mourir dans d’étranges circonstances…
Les mots se bloquèrent dans sa gorge.
Les deux accompagnateurs de Mourad avaient sorti de sous leur imperméable deux fusils à canon et crosse sciés et les pointaient sur ses fils.
– Je ne comprends pas, Mourad, dit Josy d’une voix blanche et les yeux grands ouverts de surprise.
Mourad eut un sourire triste.
– Excuse-nous, Josy, mais c’est pour la Cause.
Il se tourna vers ses deux hommes de main.
– Emmenez-les dans la chambre du bas, ordonna-t-il.
Josy esquissa un pas, mais Mourad lui barra le passage en brandissant un couteau de chasse.
– Tu restes tranquille, tu fais ce que je t’ordonne et ils resteront en vie ! Si tu te défends ou si tu cries, on vous tue tous !
Paniquée, Josy acquiesça.
– Allonge-toi ! lui ordonna-t-il en indiquant le tapis entre le téléviseur et le sofa.
Josy s’exécuta en lui lançant des regards inquiets.
Mourad poussa le son du téléviseur.
Il se mit à genoux à côté d’elle et arracha sa jupe.
Josy frissonna et le supplia du regard.
Mourad se plaça à genoux entre ses cuisses et coupa le slip avec le couteau.
Il s’allongea sur elle et la viola.
Josy pleurait.
Il se releva et lui intima l’ordre de ne pas bouger.
Il se dirigea vers la chambre sans se retourner et ordonna à ses hommes « d’y aller ».
L’un des deux hommes lui remit son fusil.
Quelques gémissements et des cris étouffés parvinrent jusque dans la chambre malgré le son du téléviseur.
Mourad contempla avec mépris les deux fils assis sur le bord du lit côte à côte et qui n’esquissaient pas le moindre mouvement.
Un quart d’heure plus tard, un des deux hommes revint.
– C’est terminé, dit-il en arabe.
Il avait une large griffure d’ongle sur la joue.
– Bien, dit Mourad en français. On descend à la cave ! dit-il en pointant son fusil sur les deux frères Collin. Ne craignez rien, on va juste vous attacher.
L’escalier descendant à la cave et au garage se trouvait à gauche de la chambre d’ami au fond du couloir. Les frères Collin ne pouvaient apercevoir le corps martyrisé de leur mère.
Les deux frères s’affolèrent quand l’un des hommes de main voulut les attacher ensemble.
L’aîné tenta de s’enfuir vers l’escalier.
Une décharge de 12 lui fracassa le dos.
Le cadet avait choisi la porte du garage.
Il s’acharnait sur la fermeture en pleurant.
Mourad marcha lentement jusqu’à sa hauteur et l’assomma d’un coup de crosse.
Puis il se dirigea vers celui qui avait tiré et le gifla violemment.
– Faites ce que vous avez à faire ! ordonna-t-il.
Les deux jeunes à peine sortis de l’adolescence semblaient hésiter.
– Si vous ne le faites pas, c’est moi qui vous le ferai, leur dit-il d’une voix posée.
Les deux jeunes se dirigèrent vers le cadet des Collin et l’étranglèrent avant de lui baisser le pantalon.
Ils pratiquèrent de même avec l’aîné.
Les hommes de main étaient livides et près de vomir.
Mourad monta chercher deux assiettes dans la cuisine.
– Mettez ça dessus, leur dit-il en leur tendant les assiettes quand il fut redescendu.
Il était vingt-trois heures quarante-cinq lorsqu’ils ressortirent avec mille précautions du pavillon. Après que Mourad eut pris le temps de rouvrir les volets du salon.
Samir-Oussama, Momo et lui-même avaient décidé la mort de Josy Collin et des deux fils à l’unanimité.
Josy savait trop de choses sur eux et les deux fils auraient pu les identifier aisément pour les avoir souvent vus se réunir chez eux avec leur père et ses amis du Comité.
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
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