mercredi 24 juin 2009

Chapitre 24 (suite et fin)





Pierre Cavalier se dit que l’on était loin du Mossad. Qu’il s’agissait réellement de fous furieux. Mais il ne comprenait pas le pourquoi de l’élimination du « Comité révolutionnaire contre l’islamophobie » par ceux du « Groupe de la Foi ».
Seule la femme de Bangros pourrait peut-être lui fournir des éléments d’explication. Mais on n’en était plus au stade de la compréhension.
L’urgence était d’essayer de mettre la main sur Alain Berthon avant qu’il ne soit assassiné à son tour, et d’éliminer le « Groupe de la Foi ».
Pierre Cavalier retourna à son bureau.
Il croisa dans le couloir qui y menait la secrétaire du directeur qui l’attendait de pied ferme.
– Ah ! vous voilà enfin ! lui lança-t-elle sur un ton aigre.
– Pas le temps, excusez-moi, répondit Cavalier en la contournant.
– Mais M. le directeur vous attend !
Pierre Cavalier referma la porte de son bureau au nez de la secrétaire et s’y enferma.
Il était dix-huit heures cinq.
Il appela aussitôt sa femme sur son portable.
Elle était toujours sur les lieux du massacre.
Au timbre de sa voix, il comprit que le spectacle qui s’était offert à elle dans le pavillon n’était pas des plus réjouissants.
– Tu n’as pas trop l’air dans ton assiette, dit-il.
Sa réflexion irrita sa femme et les assiettes du réfrigérateur lui sautèrent à nouveau au visage. Surtout leur contenu.
– Je ne risque pas de finir dans une assiette, mais toi, si ! rétorqua-t-elle. Qu’est-ce que ça peut être con un mec, parfois…
– Cool, ma chérie. Je me doute bien que ce ne doit pas être terrible…
– Surtout pour une femme ? C’est ce que tu allais dire ou pensais, non ?
Pierre Cavalier préféra se taire car elle avait, comme si souvent, pénétré sa pensée.
– Je te rappelle que je suis flic à la Criminelle et que j’en vois un peu plus que toi et tes potes de la police politique en train de remplir des petites fiches à longueur de journée !
– Je t’appelle juste pour Berthon, la coupa-t-il. Tu as des nouvelles ?
– Aucune, répondit-elle sur le même ton acerbe.
– Son immeuble est toujours sous surveillance ?
– Qu’est-ce que tu crois !
– Excuse-moi.
– De toute façon, d’après le lieutenant sur place en planque, je n’ai pas l’impression que nous soyons les seuls à nous intéresser à son sort. Ça rôdaille, si tu vois ce que je veux dire. Et ça ressemble pas à des islamistes.
– S’il n’a pas encore réapparu sous forme de cadavre, c’est qu’il doit être toujours vivant.
– Bravo, mon cher Watson ! Tu tiens vraiment la forme, toi, aujourd’hui… Tu en as encore d’autres comme ça en réserve pour avancer dans le brouillard où on se trouve ?
– Arrête, Isa ! Ce n’est pas ce que je voulais dire. Je pense qu’il a eu peur et qu’il s’est planqué.
– Ben retrouve-le. Ça t’occupera sainement. Ciao, moi j’ai du boulot !
Isabelle Cavalier avait mis fin à la communication sèchement.
Son mari soupira et pensa, avec un lâche soulagement, qu’avec un peu de chance il serait retenu assez tardivement par cette affaire. Il n’aurait pas à affronter une soirée familiale difficile.


© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.

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