samedi 27 juin 2009

Noir Express : "Sous le faux étendard du Prophète" (C. C. XII), par Alain Pecunia, Chapitre 27

Chapitre 27





Pierre Cavalier consultait souvent sa pendulette de bureau. Un cadeau d’Isabelle.
Elle l’avait appelé une heure plus tôt pour lui dire qu’elle était sur le chemin de leur domicile, rue du Commerce.
– Tu as encore du travail ? lui demanda-t-elle d’une voix radoucie.
– Oui, ne m’attends pas. Je dormirai ici.
– Ça avance de ton côté ?
– Oui, dit-il laconique.
– Je t’aime.
Elle avait raccroché avant qu’il eût pu répondre que lui aussi.
Nostalgique, il s’était laissé entraîner dans une rêverie amoureuse.
La sonnerie de son portable le ramena sur terre.
Il était minuit dix.
C’était une voix rogue.
– Commandant Cavalier ?
– Oui.
– Nous avons interpellé une certaine Janine Bangros. Cette personne prétend être sous votre protection.
Le ton d’interrogatoire de son interlocuteur commençait de lui déplaire.
– Elle est sous ma protection, c’est exact. Que lui reprochez-vous ?
– Elle est impliquée dans une affaire de terrorisme, répondit l’autre sur le même registre.
– Oh ! la la ! Comme vous y allez… Moi, je vous conseillerai de la relâcher. Elle n’a rien à faire là-dedans.
– Pas question ! C’est un témoin de première importance.
Ils ont marqué un point, se dit Cavalier. Ils savent que je suis obligé de venir négocier si je veux qu’ils la relâchent. Ça sera du donnant-donnant. Ils voudront que je leur lâche un max d’infos.
Le commandant Cavalier sourit. Il avait envie de leur faire plaisir.
Il avait également envie d’apprendre beaucoup d’eux.
Il prit les devants. Imaginant la surprise de son interlocuteur qui ne s’était toujours pas identifié.
– Vous voulez que je vienne ?
Il savait que son interlocuteur serait surpris de cette bonne volonté.
– Ça serait mieux pour tout le monde, finit par dire d’un ton embarrassé le policier de la DST.
Avant de quitter son bureau, Pierre Cavalier appela le responsable de l’équipe de Montreuil.
– Je vais rue Nélaton. Rien de changer. Autorisation accordée si ça bouge.
Le commandant Cavalier se fit accompagner par deux policiers de permanence. Par prudence.
Une demi-heure plus tard, il demanda à celui qui conduisait de stopper boulevard de Grenelle devant la grille d’entrée de la DST et leur demanda de l’attendre une heure. Jusqu’à deux heures du matin.
Au-delà, qu’ils réveillent le directeur.


© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.

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