8 (suite 2 et fin)
On ne voyait que lui et elle ne l’avait pas vu jusqu’à présent.
Isabelle Cavalier mit ça sur le compte de sa sale journée d’hier. Qui l’avait ébranlée bien plus qu’elle ne l’aurait cru et qu’elle ne saurait l’admettre, fière et orgueilleuse comme elle était.
– C’est quoi, ce truc-là ? dit-elle en pointant du menton le bocal et en affichant un air dégoûté.
Elle n’avait jamais aimé les poissons rouges. Elle les trouvait idiots à tourner en rond et leur bouche s’ouvrant et se fermant sans cesse comme prononçant des mots muets. Et encore plus débile de les foutre dans un bocal et de leur parler en tapotant sur la paroi de verre. Même si c’était plus pratique qu’un chien ou un chat ou n’importe quelle autre bestiole dite domestique.
Ils la regardèrent tous quatre avec consternation et échangèrent des regards inquiets entre eux.
– C’est un poisson rouge, ma chérie…, dit Philippe-Henri d’une voix très douce.
– Dans son bocal, Isabelle, rajouta cet idiot de Lenoir.
– Euh-eu…
Patrice était affolé par la tournure des événements. Il ne reconnaissait plus sa « gentille dame de la police » qui avait été si bonne avec lui.
– C’est Titi…, marmonna timidement l’indic.
– Je vois bien que c’est un poisson rouge dans son bocal ! dit le capitaine en haussant les épaules. Mais qu’est-ce qu’il fait là en plein milieu de la table ? C’est pas hygiénique… Après tout, peut-être que vous étiez en grande conversation avec lui et qu’on vous dérange ! lança-t-elle narquoise.
Heureuse d’avoir atteint son but en en constatant l’effet sur Phil, l’indic et Euh-Euh.
Ils avaient l’air estomaqués. Abasourdis. Le plus ahuri des trois étant Philippe-Henri.
– Euh-euh… ?
Ça semblait une question mais elle n’en trouva pas la traduction. Celle-ci vint par la médiation de Phil.
– Comment as-tu deviné ?… dit-il bouche bée.
Isabelle affichait un air hautain. Elle jouissait de voir enfin sa prééminence rétablie dans cette assemblée de « mâles » et avait perdu le fil de la conversation.
– Quoi ? fit-elle sans daigner les regarder et encore moins le bocal.
– Ben, justement, dit Philippe-Henri l’air gêné, qu’on était en train de lui parler…
Quatre paires d’yeux admiratives et craintives à la fois étaient suspendues à la réponse qu’elle allait laisser tomber de ses lèvres d’un instant à l’autre, dans cette seconde même qui leur semblait une éternité.
Mais, si les lèvres d’Isabelle Cavalier remuèrent, aucun son n’en sortit. C’était juste un tremblement nerveux.
Isabelle Cavalier venait de réaliser qu’elle n’était pas folle et qu’elle vivait la pire des situations cauchemardesques qu’elle eût pu imaginer. – Excepté avec son père.
Ils la virent simplement s’affaisser de deux, trois centimètres sur sa chaise et rester désespérément muette.
Ce qui accrut leur respect pour son don de divination.
– Isa, ma fille, a toujours été très intuitive, crut bon de commenter Philippe-Henri. Elle tient ça de moi…
– Elle a de sacrées intuitions dans le boulot ! compléta, admiratif, le lieutenant Lenoir.
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
On ne voyait que lui et elle ne l’avait pas vu jusqu’à présent.
Isabelle Cavalier mit ça sur le compte de sa sale journée d’hier. Qui l’avait ébranlée bien plus qu’elle ne l’aurait cru et qu’elle ne saurait l’admettre, fière et orgueilleuse comme elle était.
– C’est quoi, ce truc-là ? dit-elle en pointant du menton le bocal et en affichant un air dégoûté.
Elle n’avait jamais aimé les poissons rouges. Elle les trouvait idiots à tourner en rond et leur bouche s’ouvrant et se fermant sans cesse comme prononçant des mots muets. Et encore plus débile de les foutre dans un bocal et de leur parler en tapotant sur la paroi de verre. Même si c’était plus pratique qu’un chien ou un chat ou n’importe quelle autre bestiole dite domestique.
Ils la regardèrent tous quatre avec consternation et échangèrent des regards inquiets entre eux.
– C’est un poisson rouge, ma chérie…, dit Philippe-Henri d’une voix très douce.
– Dans son bocal, Isabelle, rajouta cet idiot de Lenoir.
– Euh-eu…
Patrice était affolé par la tournure des événements. Il ne reconnaissait plus sa « gentille dame de la police » qui avait été si bonne avec lui.
– C’est Titi…, marmonna timidement l’indic.
– Je vois bien que c’est un poisson rouge dans son bocal ! dit le capitaine en haussant les épaules. Mais qu’est-ce qu’il fait là en plein milieu de la table ? C’est pas hygiénique… Après tout, peut-être que vous étiez en grande conversation avec lui et qu’on vous dérange ! lança-t-elle narquoise.
Heureuse d’avoir atteint son but en en constatant l’effet sur Phil, l’indic et Euh-Euh.
Ils avaient l’air estomaqués. Abasourdis. Le plus ahuri des trois étant Philippe-Henri.
– Euh-euh… ?
Ça semblait une question mais elle n’en trouva pas la traduction. Celle-ci vint par la médiation de Phil.
– Comment as-tu deviné ?… dit-il bouche bée.
Isabelle affichait un air hautain. Elle jouissait de voir enfin sa prééminence rétablie dans cette assemblée de « mâles » et avait perdu le fil de la conversation.
– Quoi ? fit-elle sans daigner les regarder et encore moins le bocal.
– Ben, justement, dit Philippe-Henri l’air gêné, qu’on était en train de lui parler…
Quatre paires d’yeux admiratives et craintives à la fois étaient suspendues à la réponse qu’elle allait laisser tomber de ses lèvres d’un instant à l’autre, dans cette seconde même qui leur semblait une éternité.
Mais, si les lèvres d’Isabelle Cavalier remuèrent, aucun son n’en sortit. C’était juste un tremblement nerveux.
Isabelle Cavalier venait de réaliser qu’elle n’était pas folle et qu’elle vivait la pire des situations cauchemardesques qu’elle eût pu imaginer. – Excepté avec son père.
Ils la virent simplement s’affaisser de deux, trois centimètres sur sa chaise et rester désespérément muette.
Ce qui accrut leur respect pour son don de divination.
– Isa, ma fille, a toujours été très intuitive, crut bon de commenter Philippe-Henri. Elle tient ça de moi…
– Elle a de sacrées intuitions dans le boulot ! compléta, admiratif, le lieutenant Lenoir.
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
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