jeudi 29 janvier 2009

Noir Express : "Pleurez, petites filles..." (C. C. IX) par Alain Pecunia, Chapitre 10 (suite et fin)

Chapitre 10 (suite et fin)





Isabelle Cavalier se mura dans un mutisme boudeur jusqu’à la porte du studio de Jean Fernandi.
« Au moins, Phil ne sera pas là ! Il a cours », dit-elle en appuyant sur la sonnette.
Phil n’était pas là, mais Euh-Euh se trouvait dans le studio avec l’indic.
Un Euh-Euh qui lui battit froid. Elle n’eut droit qu’à un « euh… » tout de réserve en guise de bonjour de sa part.
« Bah ! au moins, il n’est pas gênant, lui », se dit-elle résignée.
En s’approchant de la table, elle fit mine d’ignorer la présence du bocal au milieu de celle-ci.
D’un commun accord, ils étaient convenus que le lieutenant poserait les questions. Isabelle Cavalier éprouvait trop de répulsion envers ce bonhomme pour s’adresser directement à lui. Elle ressentait un malaise dès qu’elle était en présence de Fernandi. Surtout quand il parlait de son étrange voix.
– Alors, demanda Lenoir à l’indic, que pouvez-vous nous dire sur cette histoire de tournante ?
Jean Fernandi sembla gêné. Il regarda Euh-Euh comme si celui-ci avait pu lui être d’un quelconque secours.
– Ben, au début, ça allait… mais maintenant nous avons un problème de communication… Pas grave, s’empressa-t-il d’ajouter, mais un problème quand même…
– Euh-euh…
Isabelle Cavalier, qui était restée debout et se tenait en retrait appuyée contre le mur, fronça les sourcils à ces mots. « Ça ne va pas recommencer ! » se dit-elle effarée.
– C’est-à-dire ? demanda le jeune lieutenant sans se démonter.
– Ben… on ne communique plus avec Titi, fit l’indic en désignant le bocal.
Le capitaine eut la satisfaction de remarquer un haut-le-corps imperceptible du lieutenant.
– Ah ! parce que c’est le poisson… là… qui vous informe ?
– Ben oui, mais il veut pas dire les noms. Il m’a mis sur la piste, mais il donne pas les noms.
– Euh-euh…
– Justement, poursuivit l’indic, Phil est venu hier avec Patrice pour essayer de débloquer la situation… Il pensait qu’ils pourraient communiquer ensemble parce qu’ils ont des similitudes de langage, vous comprenez ?
– Euh-euh…
Le lieutenant jeta un regard de désarroi vers le capitaine. Qui lui retourna une mimique ironique d’encouragement.
– Mais la tournante ? s’énerva Lenoir.
– Ben ça, c’est une rumeur…
– Une rumeur ?
– Oui. Mais je n’en sais pas plus puisque Titi est en panne.
– Euh-euh…
– En panne ?
– Euh-euh…
Un long silence s’ensuivit. De méditation pour l’indic et Euh-Euh. De consternation pour les deux policiers.
Qui décidèrent avoir perdu assez de temps comme ça.



© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.

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