Chapitre 9
Il était près de dix-neuf heures quand, encore sous le choc, elle retrouva avec avidité l’air humide de la rue. Elle avait l’impression de sortir d’une maison de fous après y avoir été enfermée par erreur.
– Tu as eu raison, Gilbert, de tout remettre à demain… Je crois que j’ai besoin de repos… Mais ils lui parlent vraiment, à ce poisson rouge ? Dis-moi la vérité ?
– Ben oui. D’après ce qu’ils m’ont expliqué tout le temps que tu as paru un peu absente, Jean sait parler aux poissons rouges – enfin, certains, car il faut qu’il tombe sur le bon… Mais là, ils ont l’air d’avoir comme des pannes de communication avec lui, et Phil est donc venu accompagné de Euh-Euh car il semblerait que Euh-Euh ait moins de pannes avec Titi, tu vois ?
– Oui, Gilbert… comme des pannes de communication, répondit Isabelle s’imaginant évoluer dans un bocal empli de dingues.
– Tu ne veux vraiment pas que je te raccompagne jusque chez toi ? lui demanda-t-il inquiet pour la troisième fois.
– Non. Je te remercie. Prends ton métro à Dupleix. On se voit demain et on retournera voir le dingue. Moi, j’ai besoin de prendre l’air et de marcher un peu seule… Je ne suis qu’à un quart d’heure à pied.
Elle rumina durant tout le trajet ce que lui avait répliqué Gilbert quand elle lui avait reproché – assez sèchement, elle le reconnaissait volontiers – de s’être montré laxiste et de l’avoir laissée se dépatouiller toute seule.
– Mais ils peuvent nous être utiles, Isabelle…
C’est avec soulagement que le capitaine Isabelle Cavalier atteignit la porte d’entrée de son appartement. Elle revenait dans un monde de certitude et plein de douceur.
Quand elle pénétra dans le couloir, sa fille se précipita au-devant d’elle en criant :
– On a une surprise pour toi, maman !
Isabelle prit Philippine dans ses bras et la serra fort contre elle en la couvrant de baisers.
« Une surprise de Pierre, se dit-elle. Quel homme merveilleux ! Que ferais-je et que deviendrais-je sans mes deux amours, le grand et le petit ! »
Quand elle atteignit le seuil du salon-salle à manger, sa fille dans ses bras et battant des mains à la joie de la surprise « pour maman », Pierre vint au-devant d’elle et l’embrassa sur les lèvres.
Puis il s’écarta et désigna du bras la table d’un geste théâtral.
Où trônait un poisson rouge dans son bocal.
Disant :
– Philippine a même déjà commencé à lui apprendre à parler…
– Titi, je l’ai appelé, maman !
C’est alors que le capitaine Isabelle Cavalier se sentit nerveusement craquer et se mit à pleurer sans retenue.
– Tu vois, Philippine. Je t’avais dit que ça ferait plaisir à maman comme surprise. Regarde comme elle en pleure de bonheur…
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
Il était près de dix-neuf heures quand, encore sous le choc, elle retrouva avec avidité l’air humide de la rue. Elle avait l’impression de sortir d’une maison de fous après y avoir été enfermée par erreur.
– Tu as eu raison, Gilbert, de tout remettre à demain… Je crois que j’ai besoin de repos… Mais ils lui parlent vraiment, à ce poisson rouge ? Dis-moi la vérité ?
– Ben oui. D’après ce qu’ils m’ont expliqué tout le temps que tu as paru un peu absente, Jean sait parler aux poissons rouges – enfin, certains, car il faut qu’il tombe sur le bon… Mais là, ils ont l’air d’avoir comme des pannes de communication avec lui, et Phil est donc venu accompagné de Euh-Euh car il semblerait que Euh-Euh ait moins de pannes avec Titi, tu vois ?
– Oui, Gilbert… comme des pannes de communication, répondit Isabelle s’imaginant évoluer dans un bocal empli de dingues.
– Tu ne veux vraiment pas que je te raccompagne jusque chez toi ? lui demanda-t-il inquiet pour la troisième fois.
– Non. Je te remercie. Prends ton métro à Dupleix. On se voit demain et on retournera voir le dingue. Moi, j’ai besoin de prendre l’air et de marcher un peu seule… Je ne suis qu’à un quart d’heure à pied.
Elle rumina durant tout le trajet ce que lui avait répliqué Gilbert quand elle lui avait reproché – assez sèchement, elle le reconnaissait volontiers – de s’être montré laxiste et de l’avoir laissée se dépatouiller toute seule.
– Mais ils peuvent nous être utiles, Isabelle…
C’est avec soulagement que le capitaine Isabelle Cavalier atteignit la porte d’entrée de son appartement. Elle revenait dans un monde de certitude et plein de douceur.
Quand elle pénétra dans le couloir, sa fille se précipita au-devant d’elle en criant :
– On a une surprise pour toi, maman !
Isabelle prit Philippine dans ses bras et la serra fort contre elle en la couvrant de baisers.
« Une surprise de Pierre, se dit-elle. Quel homme merveilleux ! Que ferais-je et que deviendrais-je sans mes deux amours, le grand et le petit ! »
Quand elle atteignit le seuil du salon-salle à manger, sa fille dans ses bras et battant des mains à la joie de la surprise « pour maman », Pierre vint au-devant d’elle et l’embrassa sur les lèvres.
Puis il s’écarta et désigna du bras la table d’un geste théâtral.
Où trônait un poisson rouge dans son bocal.
Disant :
– Philippine a même déjà commencé à lui apprendre à parler…
– Titi, je l’ai appelé, maman !
C’est alors que le capitaine Isabelle Cavalier se sentit nerveusement craquer et se mit à pleurer sans retenue.
– Tu vois, Philippine. Je t’avais dit que ça ferait plaisir à maman comme surprise. Regarde comme elle en pleure de bonheur…
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
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