Chapitre 6 (suite 1)
– Tu sais, à six ans, quand j’ai découvert que j’avais un petit point très sensible tout au bas du ventre et qu’il était très agréable de le titiller, j’ai découvert tout un univers de plaisir que je me suis mise à explorer… tantôt en me frottant avec mon nounours préféré, tantôt avec le plat de ma main, mon poignet et, surtout, les doigts… C’était magique… Ma mère m’a surprise une fois dans ma chambre en train de me masturber. C’était un après-midi et elle était rentrée à l’improviste pour chercher je ne sais quoi dans la pièce. Mais elle ne m’a rien dit et a juste refermé la porte. Alors je me suis dit que c’était normal ce que je faisais, que c’était quelque chose d’autorisé, que se donner du plaisir en se faisant ça c’était pareil que lorsqu’on se fait plaisir en bouffant des sucreries ou son plat préféré… Et puis, un jour que ma mère était en courses, c’est mon père qui est entré… Plus tard, bien plus tard, j’ai pensé que c’était ma mère qui avait dû lui raconter qu’elle m’avait surprise en train de me masturber, mais comme ça, comme une info normale, comme lorsqu’une mère dit à son mari : « Tiens, ta fille, elle a ses premières règles »… Mais mon père, lui, il est pas ressorti… Il a voulu jouer avec moi… Oh ! surtout, ne va pas croire qu’il m’a sauté dessus ! Non, il m’a simplement dit : « Papa, il peut jouer avec toi ? » Moi, ça m’a paru normal et super. Ça me faisait plaisir que mon père me caresse… Si je ne faisais pas mal en faisant ça toute seule, pourquoi ça aurait été mal si mon papa me caressait… D’ailleurs, pendant longtemps, il n’a rien fait d’autre que de me caresser… Pour moi, mon papa m’aimait, c’est tout… Et puis, l’année de mes neuf ans, ma mère s’est retrouvée enceinte. Mes parents voulaient un petit frère pour moi, mais ce serait une petite sœur… Je sais, je ne t’en ai jamais parlé de ma sœur, mais je ne l’ai pour ainsi dire pas connue… Quand maman est partie, elle l’a emmenée avec elle… Donc, quand ma mère a été enceinte, mon père a voulu changer de « jeu ». Mais, tu comprends, ça me paraissait normal. Si mon papa me caressait et me donnait du plaisir, pourquoi, moi, je ne l’aurais pas caressé à mon tour ? Et ce n’était toujours que des caresses… Ma sœur est née en mai. Je venais d’avoir mes dix ans. Ma mère avait pris son congé maternité normal puis, après, elle a pris un mi-temps parental. Elle était secrétaire dans un lycée. Dans le même lycée où mon père était prof de maths…
Pierre sentit Isabelle déglutir avec difficulté.
– Mon père, après la naissance de ma sœur, il est devenu plus exigeant – je ne te fais pas de dessin sur tout ce que peut faire un homme avec son sexe excepté la pénétration et la fellation… J’ai eu mes règles deux mois avant mes onze ans. Ça semblait à la fois contrarier et faire plaisir à mon père. Puis il s’est montré beaucoup plus entreprenant, mais ça me plaisait moins. Je trouvais que ça sentait le pipi. Mais puisque mon père me donnait du plaisir en me léchant « mon zizi », comme il disait, pourquoi pas moi ? Et, le jour de mes onze ans, un jour de semaine, ma mère est rentrée un après-midi à l’improviste – en fait, c’est mon père qui avait dû s’emmêler dans l’emploi du temps un peu compliqué de ma mère, ou elle était sûrement rentrée plus tôt parce que c’était mon anniversaire ou qu’elle se doutait de quelque chose – et nous a trouvés à poil dans la salle de bains, papa assis sur le rebord de la baignoire et moi en train de le sucer… Eh bien, figure-toi qu’elle n’a pas dit un mot, mais tout c’est passé dans un silence d’une rare violence… C’est même pas croyable comme un silence peut être violent à ce point… Bref, ma mère elle nous a jeté un regard meurtrier… Le visage décomposé, elle a fait deux trois pas vers nous puis fait subitement demi-tour en claquant la porte de la salle de bains derrière elle. Mon père, il s’est rhabillé et s’est barré de la maison. Moi, je suis restée dans la salle de bains à pleurer. Pendant ce temps-là, ma mère a réuni des affaires à elle et à ma petite sœur, elle a téléphoné à une copine et elle est partie deux heures plus tard… Quand elle est venue dans la salle de bains récupérer des affaires de toilettes, elle m’a totalement ignorée, comme si je n’existais pas du tout, elle ne m’a même pas jeté un regard… J’ai l’impression qu’elle avait prévu tout ça… Mon père est rentré une heure plus tard. Il avait un peu bu. C’est d’ailleurs là qu’il a commencé à boire. Chaque soir… Nous sommes donc restés tous les deux. Au début, il a semblé un peu inquiet. Il ne faisait plus rien avec moi. Puis, d’après ce que j’ai compris, ils ont passé une sorte d’accord à l’amiable – ils n’ont d’ailleurs jamais divorcé –, chacun vivant de son côté avec l’un des deux enfants. Ne se revoyant, je suppose, qu’en lieu neutre pour régler les questions administratives. Puis mon père m’a dit un jour que j’étais en quelque sorte la « maîtresse et la femme de la maison », puisque ma mère nous avait abandonnés. Moi, je culpabilisais fort. Ce que j’avais fait devait être très mal pour que maman nous quitte à cause de ça. Je refusais de dormir dans le même lit que mon père. Mais il a commencé à faire un chantage ignoble chaque soir après avoir un peu bu. « Papa, il te quittera comme maman si tu n’es pas gentille. » Je ne voulais pas être abandonnée, alors j’ai cédé. Soir après soir. Parfois en pleurant. Mais je ne pouvais pas appeler maman à l’aide puisqu’elle m’avait rejetée… « Si tu dis quelque chose à quelqu’un, papa il ira en prison. » Je ne voulais pas que papa il aille en prison, et je ne voulais surtout pas que ce que je faisais de mal puisse être connu de quiconque – encore moins mis sur la place publique ! Et puis, à écouter les confidences à mi-mot des copines au lycée ou à surprendre des conversations dans la cour de récré, je me suis vite rendu compte que je n’étais pas un cas unique… Les voisins et les amis de la famille, ils se sont jamais posé la moindre question. En tout cas, je ne m’en suis jamais rendu compte… Pleurez, petites filles, tout est normal, rien à signaler – R.A.S… Mon père m’a forcée le jour de mes douze ans, après m’avoir fait boire deux verres de vin – « comme une grande fille », il a dit – pour fêter mon anniversaire… Après, chaque fois qu’il me faisait boire du vin – en général, c’était le samedi soir –, je savais que c’était pour ça… Dès le début de l’après-midi, je commençais de pleurer, mais je n’osais pas devant lui, alors j’allais me cacher… Mais, tu sais – en fait, non, un mec ne peut pas savoir –, quand une femme, même petite fille, est obligée de faire quelque chose de mal, elle peut finir par trouver du plaisir à s’avilir… comme pour se prouver qu’elle est réellement une salope, une petite perverse et qu’elle n’a que ce qu’elle mérite… Ça a duré comme ça quatre années…
© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.
– Tu sais, à six ans, quand j’ai découvert que j’avais un petit point très sensible tout au bas du ventre et qu’il était très agréable de le titiller, j’ai découvert tout un univers de plaisir que je me suis mise à explorer… tantôt en me frottant avec mon nounours préféré, tantôt avec le plat de ma main, mon poignet et, surtout, les doigts… C’était magique… Ma mère m’a surprise une fois dans ma chambre en train de me masturber. C’était un après-midi et elle était rentrée à l’improviste pour chercher je ne sais quoi dans la pièce. Mais elle ne m’a rien dit et a juste refermé la porte. Alors je me suis dit que c’était normal ce que je faisais, que c’était quelque chose d’autorisé, que se donner du plaisir en se faisant ça c’était pareil que lorsqu’on se fait plaisir en bouffant des sucreries ou son plat préféré… Et puis, un jour que ma mère était en courses, c’est mon père qui est entré… Plus tard, bien plus tard, j’ai pensé que c’était ma mère qui avait dû lui raconter qu’elle m’avait surprise en train de me masturber, mais comme ça, comme une info normale, comme lorsqu’une mère dit à son mari : « Tiens, ta fille, elle a ses premières règles »… Mais mon père, lui, il est pas ressorti… Il a voulu jouer avec moi… Oh ! surtout, ne va pas croire qu’il m’a sauté dessus ! Non, il m’a simplement dit : « Papa, il peut jouer avec toi ? » Moi, ça m’a paru normal et super. Ça me faisait plaisir que mon père me caresse… Si je ne faisais pas mal en faisant ça toute seule, pourquoi ça aurait été mal si mon papa me caressait… D’ailleurs, pendant longtemps, il n’a rien fait d’autre que de me caresser… Pour moi, mon papa m’aimait, c’est tout… Et puis, l’année de mes neuf ans, ma mère s’est retrouvée enceinte. Mes parents voulaient un petit frère pour moi, mais ce serait une petite sœur… Je sais, je ne t’en ai jamais parlé de ma sœur, mais je ne l’ai pour ainsi dire pas connue… Quand maman est partie, elle l’a emmenée avec elle… Donc, quand ma mère a été enceinte, mon père a voulu changer de « jeu ». Mais, tu comprends, ça me paraissait normal. Si mon papa me caressait et me donnait du plaisir, pourquoi, moi, je ne l’aurais pas caressé à mon tour ? Et ce n’était toujours que des caresses… Ma sœur est née en mai. Je venais d’avoir mes dix ans. Ma mère avait pris son congé maternité normal puis, après, elle a pris un mi-temps parental. Elle était secrétaire dans un lycée. Dans le même lycée où mon père était prof de maths…
Pierre sentit Isabelle déglutir avec difficulté.
– Mon père, après la naissance de ma sœur, il est devenu plus exigeant – je ne te fais pas de dessin sur tout ce que peut faire un homme avec son sexe excepté la pénétration et la fellation… J’ai eu mes règles deux mois avant mes onze ans. Ça semblait à la fois contrarier et faire plaisir à mon père. Puis il s’est montré beaucoup plus entreprenant, mais ça me plaisait moins. Je trouvais que ça sentait le pipi. Mais puisque mon père me donnait du plaisir en me léchant « mon zizi », comme il disait, pourquoi pas moi ? Et, le jour de mes onze ans, un jour de semaine, ma mère est rentrée un après-midi à l’improviste – en fait, c’est mon père qui avait dû s’emmêler dans l’emploi du temps un peu compliqué de ma mère, ou elle était sûrement rentrée plus tôt parce que c’était mon anniversaire ou qu’elle se doutait de quelque chose – et nous a trouvés à poil dans la salle de bains, papa assis sur le rebord de la baignoire et moi en train de le sucer… Eh bien, figure-toi qu’elle n’a pas dit un mot, mais tout c’est passé dans un silence d’une rare violence… C’est même pas croyable comme un silence peut être violent à ce point… Bref, ma mère elle nous a jeté un regard meurtrier… Le visage décomposé, elle a fait deux trois pas vers nous puis fait subitement demi-tour en claquant la porte de la salle de bains derrière elle. Mon père, il s’est rhabillé et s’est barré de la maison. Moi, je suis restée dans la salle de bains à pleurer. Pendant ce temps-là, ma mère a réuni des affaires à elle et à ma petite sœur, elle a téléphoné à une copine et elle est partie deux heures plus tard… Quand elle est venue dans la salle de bains récupérer des affaires de toilettes, elle m’a totalement ignorée, comme si je n’existais pas du tout, elle ne m’a même pas jeté un regard… J’ai l’impression qu’elle avait prévu tout ça… Mon père est rentré une heure plus tard. Il avait un peu bu. C’est d’ailleurs là qu’il a commencé à boire. Chaque soir… Nous sommes donc restés tous les deux. Au début, il a semblé un peu inquiet. Il ne faisait plus rien avec moi. Puis, d’après ce que j’ai compris, ils ont passé une sorte d’accord à l’amiable – ils n’ont d’ailleurs jamais divorcé –, chacun vivant de son côté avec l’un des deux enfants. Ne se revoyant, je suppose, qu’en lieu neutre pour régler les questions administratives. Puis mon père m’a dit un jour que j’étais en quelque sorte la « maîtresse et la femme de la maison », puisque ma mère nous avait abandonnés. Moi, je culpabilisais fort. Ce que j’avais fait devait être très mal pour que maman nous quitte à cause de ça. Je refusais de dormir dans le même lit que mon père. Mais il a commencé à faire un chantage ignoble chaque soir après avoir un peu bu. « Papa, il te quittera comme maman si tu n’es pas gentille. » Je ne voulais pas être abandonnée, alors j’ai cédé. Soir après soir. Parfois en pleurant. Mais je ne pouvais pas appeler maman à l’aide puisqu’elle m’avait rejetée… « Si tu dis quelque chose à quelqu’un, papa il ira en prison. » Je ne voulais pas que papa il aille en prison, et je ne voulais surtout pas que ce que je faisais de mal puisse être connu de quiconque – encore moins mis sur la place publique ! Et puis, à écouter les confidences à mi-mot des copines au lycée ou à surprendre des conversations dans la cour de récré, je me suis vite rendu compte que je n’étais pas un cas unique… Les voisins et les amis de la famille, ils se sont jamais posé la moindre question. En tout cas, je ne m’en suis jamais rendu compte… Pleurez, petites filles, tout est normal, rien à signaler – R.A.S… Mon père m’a forcée le jour de mes douze ans, après m’avoir fait boire deux verres de vin – « comme une grande fille », il a dit – pour fêter mon anniversaire… Après, chaque fois qu’il me faisait boire du vin – en général, c’était le samedi soir –, je savais que c’était pour ça… Dès le début de l’après-midi, je commençais de pleurer, mais je n’osais pas devant lui, alors j’allais me cacher… Mais, tu sais – en fait, non, un mec ne peut pas savoir –, quand une femme, même petite fille, est obligée de faire quelque chose de mal, elle peut finir par trouver du plaisir à s’avilir… comme pour se prouver qu’elle est réellement une salope, une petite perverse et qu’elle n’a que ce qu’elle mérite… Ça a duré comme ça quatre années…
© Alain Pecunia, 2008.
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