Chapitre 13
Le lendemain en milieu d’après-midi, le capitaine Cavalier reçut le coup de fil qu’elle attendait avec impatience.
Djamila Kamil lui donnait rendez-vous à son appartement à vingt et une heures trente et lui demandait de venir seule.
– Mais je ne t’ai rien promis. C’est le collectif qui décidera, comme convenu, OK ?
Isabelle Cavalier était confiante mais elle éprouva une légère appréhension lorsqu’elle sonna à la porte de l’appartement, situé au quatrième étage dans le même immeuble que le cabinet médical.
Elle avait déjà eu la chance de ne pas tomber par hasard sur l’indic du premier. Dont elle avait fait lever la surveillance confiée à Lenoir vers dix-neuf heures.
Les deux petites filles de Djamila étaient déjà couchées et son mari était de service ce soir-là aux urgences de l’hôpital Pompidou. Donc elles n’étaient qu’entre femmes.
Cinq de seize à quarante-cinq ans.
Deux d’« origine maghrébine », l’une née à Marseille et l’autre à Quimper. Une Black de Tourcoing. Une Aveyronnaise. Une Parisienne « pur jus » et Djamila, « banlieusarde », comme elle se définissait elle-même.
Chacune observa Isabelle Cavalier avec une curiosité attentive à son arrivée.
Après un bref instant qui parut à Isabelle une éternité, Djamila Kamil balaya du regard le cercle plus ou moins parfait que formaient ses cinq copines, en les interrogeant muettement une à une.
– Bon, fit-elle, on est donc toutes d’accord ! fit-elle en se tournant vers Isabelle et en lui proposant de s’asseoir où elle le souhaitait.
Chacune des cinq femmes souhaita alors la bienvenue au capitaine.
– Voilà ce qu’on a décidé, commença Djamila une fois que Cavalier se fut assise sur une chaise près de la télé. Nous avons fait une rapide enquête et nous avons eu confirmation pour cette histoire de viol. Nous connaissons même le nom de la gamine concernée. C’est une gamine que je suis en tant que médecin de la famille. Mais je ne peux pas appeler comme ça chez elle. Donc, la fille cadette de Louison (elle désigna celle qui était l’aînée du groupe, la Black de Tourcoing), qui est dans la même classe que la petite, qui s’appelle Myriam, va trouver un prétexte quelconque pour la faire venir à mon cabinet samedi après-midi ou en tout début de semaine… En tout cas, le plus tôt possible. Si elle le veut bien. Puis j’essaierai de la convaincre de vous rencontrer… Voilà, c’est tout ce qu’on peut faire, conclut Djamila Kamil en haussant les épaules.
– Je vous remercie, dit Isabelle, pour moi c’est déjà beaucoup. Mais, d’ici à ce que vous la rencontriez et que je puisse la rencontrer à mon tour ensuite, il peut se passer beaucoup de choses, surtout pour la gamine. Aussi, avec mon collègue, nous pourrions essayer de la surveiller en attendant.
Elle les vit tiquer.
– Nous ferons ça de notre propre chef, sans en référer à notre hiérarchie, s’empressa-t-elle d’ajouter. Je vous promets de tout faire pour mettre fin à son calvaire avec le moins de casse possible et dans la plus grande discrétion… mais il faut absolument y mettre fin.
Les femmes du groupe acquiescèrent en silence.
– En général, enchaîna Isabelle Cavalier, ça se passe dans une cave, mais ça peut aussi se passer dans un box de parking, un local technique en sous-sol, ou même dans un appartement. Vous avez une idée ?
– Ça ne semble pas se passer dans les caves. Plutôt dans un appartement. Mais ce peut être aussi bien ici ou ailleurs.
– Ce que je propose, c’est que l’une d’entre vous puisse me la décrire quand elle rentrera de cours demain midi. Et, dès ce moment-là, nous la surveillerons.
Elle se mit d’accord sur les détails avec Djamila et l’une des femmes lui prêta un double des clés pour lui permettre d’accéder dans le groupe d’immeubles sans problème.
Il était minuit passé quand Isabelle Cavalier rentra chez elle ce soir-là.
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
Le lendemain en milieu d’après-midi, le capitaine Cavalier reçut le coup de fil qu’elle attendait avec impatience.
Djamila Kamil lui donnait rendez-vous à son appartement à vingt et une heures trente et lui demandait de venir seule.
– Mais je ne t’ai rien promis. C’est le collectif qui décidera, comme convenu, OK ?
Isabelle Cavalier était confiante mais elle éprouva une légère appréhension lorsqu’elle sonna à la porte de l’appartement, situé au quatrième étage dans le même immeuble que le cabinet médical.
Elle avait déjà eu la chance de ne pas tomber par hasard sur l’indic du premier. Dont elle avait fait lever la surveillance confiée à Lenoir vers dix-neuf heures.
Les deux petites filles de Djamila étaient déjà couchées et son mari était de service ce soir-là aux urgences de l’hôpital Pompidou. Donc elles n’étaient qu’entre femmes.
Cinq de seize à quarante-cinq ans.
Deux d’« origine maghrébine », l’une née à Marseille et l’autre à Quimper. Une Black de Tourcoing. Une Aveyronnaise. Une Parisienne « pur jus » et Djamila, « banlieusarde », comme elle se définissait elle-même.
Chacune observa Isabelle Cavalier avec une curiosité attentive à son arrivée.
Après un bref instant qui parut à Isabelle une éternité, Djamila Kamil balaya du regard le cercle plus ou moins parfait que formaient ses cinq copines, en les interrogeant muettement une à une.
– Bon, fit-elle, on est donc toutes d’accord ! fit-elle en se tournant vers Isabelle et en lui proposant de s’asseoir où elle le souhaitait.
Chacune des cinq femmes souhaita alors la bienvenue au capitaine.
– Voilà ce qu’on a décidé, commença Djamila une fois que Cavalier se fut assise sur une chaise près de la télé. Nous avons fait une rapide enquête et nous avons eu confirmation pour cette histoire de viol. Nous connaissons même le nom de la gamine concernée. C’est une gamine que je suis en tant que médecin de la famille. Mais je ne peux pas appeler comme ça chez elle. Donc, la fille cadette de Louison (elle désigna celle qui était l’aînée du groupe, la Black de Tourcoing), qui est dans la même classe que la petite, qui s’appelle Myriam, va trouver un prétexte quelconque pour la faire venir à mon cabinet samedi après-midi ou en tout début de semaine… En tout cas, le plus tôt possible. Si elle le veut bien. Puis j’essaierai de la convaincre de vous rencontrer… Voilà, c’est tout ce qu’on peut faire, conclut Djamila Kamil en haussant les épaules.
– Je vous remercie, dit Isabelle, pour moi c’est déjà beaucoup. Mais, d’ici à ce que vous la rencontriez et que je puisse la rencontrer à mon tour ensuite, il peut se passer beaucoup de choses, surtout pour la gamine. Aussi, avec mon collègue, nous pourrions essayer de la surveiller en attendant.
Elle les vit tiquer.
– Nous ferons ça de notre propre chef, sans en référer à notre hiérarchie, s’empressa-t-elle d’ajouter. Je vous promets de tout faire pour mettre fin à son calvaire avec le moins de casse possible et dans la plus grande discrétion… mais il faut absolument y mettre fin.
Les femmes du groupe acquiescèrent en silence.
– En général, enchaîna Isabelle Cavalier, ça se passe dans une cave, mais ça peut aussi se passer dans un box de parking, un local technique en sous-sol, ou même dans un appartement. Vous avez une idée ?
– Ça ne semble pas se passer dans les caves. Plutôt dans un appartement. Mais ce peut être aussi bien ici ou ailleurs.
– Ce que je propose, c’est que l’une d’entre vous puisse me la décrire quand elle rentrera de cours demain midi. Et, dès ce moment-là, nous la surveillerons.
Elle se mit d’accord sur les détails avec Djamila et l’une des femmes lui prêta un double des clés pour lui permettre d’accéder dans le groupe d’immeubles sans problème.
Il était minuit passé quand Isabelle Cavalier rentra chez elle ce soir-là.
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
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