Chapitre 3
Ce samedi soir, Nicole Puytrac arriva chez son fils et sa bru une heure en avance sur l’horaire convenu. Dix-neuf heures.
Tailleur Chanel, sac Vuitton et talons hauts
Et tout s’annonça mal dès qu’elle pénétra dans le salon-salle à manger et trébucha contre le chaton de quelques semaines qu’Isabelle avait été choisir sur les quais la veille avec sa fille.
Miaulement apeuré du chaton. Pleurs de Philippine.
Cri d’orfraie de la grand-mère.
– Un chat ! Mais tu sais bien, Pierre, que je suis allergique aux chats ! Et en plus, il est noir. Ça porte malheur.
Crispation de mâchoire de Pierre Cavalier qui se retenait de lui refaire passer la porte.
Mimique d’Isabelle qui lui faisait signe de rester calme tout en prenant sa fille dans ses bras pour la calmer. Ce qui la fit redoubler de pleurs car elle cherchait éperdument des yeux son chaton, baptisé Titi, enfui sous le buffet après avoir fait un pipi-caca nerveux sur lequel faillit glisser la belle-mère mal assurée sur ses hauts talons démesurés qu’elle avait mis pour la circonstance.
Tentative d’installation de la grand-mère dans un fauteuil pour la neutraliser temporairement. Mais qui refusa de s’asseoir et demanda :
– Qu’est-ce que ça sent ?
En fronçant le nez d’un air dégoûté.
– Le rôti de marcassin, mammie, répondit aimablement Isabelle.
– Mais j’ai horreur du gibier ! Pierre, tu le sais bien ! C’est indigeste ! À propos, ma petite Isabelle, sauta-t-elle du coq-à-l’âne, je ne vous ai pas apporté de fleurs car elles sont hors de prix que c’en est du vol caractérisé. Bien sûr, j’aurais pu prendre un gâteau, mais j’ai pensé que vous en aviez sûrement acheté un. Et je suis au régime, figurez-vous. D’ailleurs, à ce propos, mon médecin…
Pierre Cavalier s’amusait de voir le calme et la parfaite maîtrise de soi de sa femme se fissurer au rythme des minutes qui s’égrenaient. Lui avait l’avantage de connaître quasiment par cœur les sempiternels numéros de sa mère. Au moins, songea-t-il, Isabelle n’insisterait plus pour qu’elle vienne voir sa petite-fille, qu’elle avait à peine embrassée.
Une heure pleine cela dura.
Ils crurent être sauvés l’un et l’autre par le coup de sonnette de Philippe-Henri. Toujours aussi ponctuel.
Un Philippe-Henri tout fringant et portant beau avec pardessus poil de chameau et un nœud papillon vert-jaune pour l’occasion.
Faisant grande impression sur Mme Puytrac lorsqu’il s’inclina vers elle pour lui baiser la main dans les règles de l’art après avoir déposé un carton à gâteau sur le coin de la table.
– Mammie, je vous présente Phil, le parrain et grand-père de Philippine, dit joyeusement Isabelle.
Nicole Puytrac sursauta dans son fauteuil.
– Mais son grand-père est mort !
Elle faisait allusion à François Cavalier, le ministre récemment « suicidé ».
Regard éperdu de Philippine vers son grand-père.
– Mais, chère madame, je suis bien vivant, je vous l’assure, dit Phil, majestueux, en s’inclinant.
– Mais pourquoi as-tu apporté un gâteau ? demanda Isabelle pour faire diversion et en prenant le carton dans ses mains.
– Ce n’est pas un gâteau mais une pizza royale, ma chérie.
– J’adore les pizzas ! gloussa « mammie » à nouveau captivée par la présence et le charme de Philippe-Henri.
– Mais…, commença Isabelle aussitôt interrompue par un coup de sonnette.
En se dirigeant vers l’entrée, elle entendit vaguement la voix de Phil derrière elle :
– Je n’ai pas eu le temps de lui dire…
Isabelle eut un mouvement de recul après avoir ouvert la porte et en découvrant Euh-Euh – Patrice Dutour –, endimanché dans un costume de velours beige et brandissant sous son nez un bouquet de roses, accompagné de l’indic Jean Fernandi, la soixantaine, ex-Ferniti, nouveau « grand ami » de Philippe-Henri et de Euh-Euh*, tenant également à la main un bouquet de fleurs, champêtres celles-ci, et vêtu d’un costume gris où il semblait flotter.
Ce samedi soir, Nicole Puytrac arriva chez son fils et sa bru une heure en avance sur l’horaire convenu. Dix-neuf heures.
Tailleur Chanel, sac Vuitton et talons hauts
Et tout s’annonça mal dès qu’elle pénétra dans le salon-salle à manger et trébucha contre le chaton de quelques semaines qu’Isabelle avait été choisir sur les quais la veille avec sa fille.
Miaulement apeuré du chaton. Pleurs de Philippine.
Cri d’orfraie de la grand-mère.
– Un chat ! Mais tu sais bien, Pierre, que je suis allergique aux chats ! Et en plus, il est noir. Ça porte malheur.
Crispation de mâchoire de Pierre Cavalier qui se retenait de lui refaire passer la porte.
Mimique d’Isabelle qui lui faisait signe de rester calme tout en prenant sa fille dans ses bras pour la calmer. Ce qui la fit redoubler de pleurs car elle cherchait éperdument des yeux son chaton, baptisé Titi, enfui sous le buffet après avoir fait un pipi-caca nerveux sur lequel faillit glisser la belle-mère mal assurée sur ses hauts talons démesurés qu’elle avait mis pour la circonstance.
Tentative d’installation de la grand-mère dans un fauteuil pour la neutraliser temporairement. Mais qui refusa de s’asseoir et demanda :
– Qu’est-ce que ça sent ?
En fronçant le nez d’un air dégoûté.
– Le rôti de marcassin, mammie, répondit aimablement Isabelle.
– Mais j’ai horreur du gibier ! Pierre, tu le sais bien ! C’est indigeste ! À propos, ma petite Isabelle, sauta-t-elle du coq-à-l’âne, je ne vous ai pas apporté de fleurs car elles sont hors de prix que c’en est du vol caractérisé. Bien sûr, j’aurais pu prendre un gâteau, mais j’ai pensé que vous en aviez sûrement acheté un. Et je suis au régime, figurez-vous. D’ailleurs, à ce propos, mon médecin…
Pierre Cavalier s’amusait de voir le calme et la parfaite maîtrise de soi de sa femme se fissurer au rythme des minutes qui s’égrenaient. Lui avait l’avantage de connaître quasiment par cœur les sempiternels numéros de sa mère. Au moins, songea-t-il, Isabelle n’insisterait plus pour qu’elle vienne voir sa petite-fille, qu’elle avait à peine embrassée.
Une heure pleine cela dura.
Ils crurent être sauvés l’un et l’autre par le coup de sonnette de Philippe-Henri. Toujours aussi ponctuel.
Un Philippe-Henri tout fringant et portant beau avec pardessus poil de chameau et un nœud papillon vert-jaune pour l’occasion.
Faisant grande impression sur Mme Puytrac lorsqu’il s’inclina vers elle pour lui baiser la main dans les règles de l’art après avoir déposé un carton à gâteau sur le coin de la table.
– Mammie, je vous présente Phil, le parrain et grand-père de Philippine, dit joyeusement Isabelle.
Nicole Puytrac sursauta dans son fauteuil.
– Mais son grand-père est mort !
Elle faisait allusion à François Cavalier, le ministre récemment « suicidé ».
Regard éperdu de Philippine vers son grand-père.
– Mais, chère madame, je suis bien vivant, je vous l’assure, dit Phil, majestueux, en s’inclinant.
– Mais pourquoi as-tu apporté un gâteau ? demanda Isabelle pour faire diversion et en prenant le carton dans ses mains.
– Ce n’est pas un gâteau mais une pizza royale, ma chérie.
– J’adore les pizzas ! gloussa « mammie » à nouveau captivée par la présence et le charme de Philippe-Henri.
– Mais…, commença Isabelle aussitôt interrompue par un coup de sonnette.
En se dirigeant vers l’entrée, elle entendit vaguement la voix de Phil derrière elle :
– Je n’ai pas eu le temps de lui dire…
Isabelle eut un mouvement de recul après avoir ouvert la porte et en découvrant Euh-Euh – Patrice Dutour –, endimanché dans un costume de velours beige et brandissant sous son nez un bouquet de roses, accompagné de l’indic Jean Fernandi, la soixantaine, ex-Ferniti, nouveau « grand ami » de Philippe-Henri et de Euh-Euh*, tenant également à la main un bouquet de fleurs, champêtres celles-ci, et vêtu d’un costume gris où il semblait flotter.
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