lundi 4 octobre 2010

Noir Express : "Une putain d'histoire" (C. C. XVI) par Alain Pecunia, Chapitre 9

Chapitre 9





Chloé poussa sa sœur larmoyante à l’intérieur de l’appartement en la bousculant. « T’exagères », répétait plaintivement Zoé prête à parer la prochaine baffe. Qui ne vint pas. Pourtant l’envie n’en manquait pas à Chloé qui préférait toutefois se concentrer sur l’urgence de la situation plutôt que de perdre plus de temps avec sa tarée de frangine indécrottable.
Mais elle crut bon de lui récapituler la situation.
– Le Jacques-Henri s’est fait la malle et il est bien placé pour savoir que notre intention était de l’occire. Et m’est avis qu’il nous attend au tournant.
Chloé marqua une pause, avec le faible espoir que sa sœur touche terre.
– Ça, c’est la première cata. La seconde, c’est le bellâtre du quatrième qui se doute de quelque chose et que tu as mis sur la piste avec ton quasi-aveu.
Chloé ne cessait de tourner en rond autour du sofa où était affalée Zoé. Quand elle marchait, ça l’aidait toujours à réfléchir.
Au neuvième tour, elle stoppa net devant sa sœur et se campa les mains sur les hanches.
Sa décision était prise.
– On se taille cette nuit, lança-t-elle d’un ton sans réplique.
Zoé sursauta de surprise.
– Mais pourquoi, on est bien ici…, objecta-t-elle en prenant son ton de pucelle pleurnicheuse qui avait le don d’énerver son aînée.
Chloé resta coite un instant devant autant de conneries à l’état brut. « Même pas le QI d’un chiot », se dit-elle en haussant les épaules.
– Si on reste ici, reprit-elle patiemment, le Clovis va alerter – si ce n’est déjà fait – sa hiérarchie demain matin et les flics vont nous cuisiner…
– Mais il n’a que des doutes et pas de preuves, la coupa Zoé.
– Oui, mais toi tu ne tiendras pas ta langue cinq minutes s’ils t’interrogent. Alors on part cette nuit et on disparaît dans la nature, en mettant de la distance entre nous et tout ce joli monde.
Elle consulta sa montre-bracelet.
– Il est presque neuf heures. À deux heures on se tire de là avec juste le nécessaire. C’est comme ça et tu ne discutes pas.
Sa sœur renifla et fit oui de la tête. À contrecœur.


© Alain Pecunia, 2010.
Tous droits réservés.

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