Chapitre 3 (suite et fin)
Alexandre Caillard sentit une mauvaise sueur froide lui dégouliner dans le bas des reins. Juste au-dessus de l’élastique de son slip. Il frissonna.
– Vous m’écoutez ? disait le commissaire qui le secouait par la manche.
– Oui…, finit par balbutier Caillard.
– Ressaisissez-vous ! lui ordonna-t-il à voix basse. Vous allez nous faire remarquer avec cette tête-là, ajouta-t-il en jetant un regard vers le comptoir du bistrot du Quartier Latin où ils s’étaient donné rendez-vous.
Le commissaire José Perez éprouvait un profond mépris pour Alexandre Caillard. Ce lâche qui avait trahi ses camarades le plus facilement du monde, par simple trouille, quasiment au quart de tour. Et qui faisait maintenant dans son froc.
Il se demandait si cette rencontre n’était pas une erreur. Il se mit à douter que Caillard fût en état de lui être utile.
– Il sait, pour moi ? demanda Alexandre Caillard d’une voix blanche.
Le commissaire haussa les épaules.
– Personne de chez nous ne le lui a dit, mais il peut s’en douter s’il n’est pas trop bête, ou le soupçonner.
Il ne pouvait saisir le regard de Caillard. Depuis qu’il lui avait appris la « nouvelle », le jeune homme gardait la tête baissée.
Le commissaire patienta en tournant machinalement sa cuillère dans la tasse de café qui était à présent refroidi. Il lui laissait le temps de parvenir par lui-même à la conclusion logique.
Ça tardait. Caillard restait sonné.
Le policier décida de l’aider.
– C’est une tête brûlée, dit-il négligemment en continuant de touiller son café froid. Il va sûrement remuer beaucoup de choses et déranger pas mal de gens.
Il marqua une pause.
Alexandre Caillard avait relevé la tête. Mais il ne donnait pas l’impression d’être sorti complètement de ce qui était pour lui une sorte de cauchemar.
– Qu’en pensez-vous, vous qui l’avez bien connu ? reprit le commissaire. En plus, il n’est pas exclu qu’il veuille prendre contact avec son ex-petite amie…
Le commissaire José Perez pouvait suivre le cheminement des pensées de Caillard sur son visage poupin. Quasiment à livre ouvert.
Alexandre Caillard sortit de son mutisme.
– C’est la merde…
– Je ne vous le fais pas dire. Et c’est parfaitement résumé. Je dois reconnaître que votre situation n’est pas si facile et que je me sens une part de responsabilité à votre égard. Mais nous pouvons peut-être nous rendre service.
Le commissaire vit dans le regard de son vis-à-vis que sa proposition avait éveillé de l’intérêt. Caillard avait besoin d’une bouée à laquelle se raccrocher.
Le policier jeta la bouée.
– Il faut qu’il disparaisse. Ce serait mieux pour tout le monde. Vous ne croyez pas ?
La réaction de Caillard ne se fit pas attendre.
Il hocha la tête. Comme de contentement.
Il en était écœurant, estima le commissaire qui, pourtant, en avait vu d’autres.
Il n’avait pas dit : « Oh oui ! » comme un gosse auquel on propose une sortie agréable. Mais c’était tout comme. Il n’y avait qu’à voir ce sourire qui s’épanouissait sur sa face aux traits un peu mous.
« Comme toujours, se dit le policier, il n’y a que le premier pas qui coûte. » La suite ne poserait pas trop de problèmes.
Alexandre Caillard se rembrunit.
– Mais comment ? demanda-t-il, une pointe d’inquiétude dans la voix.
Le commissaire sourit largement.
– N’ayez crainte. Vous n’aurez qu’un petit rôle. Personne ne pourra vous reprocher quoi que ce soit. Et puis, seul vous et moi serons au courant…
Alexandre Caillard n’avait pas l’intention de lâcher sa bouée.
Il hocha la tête.
– Le plus tôt sera le mieux, reprit le policier. Dès qu’il sera à Paris et prendra contact avec vous, appelez-moi à ce numéro.
Il lui tendit une carte de visite au nom d’une société espagnole d’import-export.
– Ne lui laissons pas le temps de remuer le passé, ajouta-t-il en lui tapotant le bras.
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
Alexandre Caillard sentit une mauvaise sueur froide lui dégouliner dans le bas des reins. Juste au-dessus de l’élastique de son slip. Il frissonna.
– Vous m’écoutez ? disait le commissaire qui le secouait par la manche.
– Oui…, finit par balbutier Caillard.
– Ressaisissez-vous ! lui ordonna-t-il à voix basse. Vous allez nous faire remarquer avec cette tête-là, ajouta-t-il en jetant un regard vers le comptoir du bistrot du Quartier Latin où ils s’étaient donné rendez-vous.
Le commissaire José Perez éprouvait un profond mépris pour Alexandre Caillard. Ce lâche qui avait trahi ses camarades le plus facilement du monde, par simple trouille, quasiment au quart de tour. Et qui faisait maintenant dans son froc.
Il se demandait si cette rencontre n’était pas une erreur. Il se mit à douter que Caillard fût en état de lui être utile.
– Il sait, pour moi ? demanda Alexandre Caillard d’une voix blanche.
Le commissaire haussa les épaules.
– Personne de chez nous ne le lui a dit, mais il peut s’en douter s’il n’est pas trop bête, ou le soupçonner.
Il ne pouvait saisir le regard de Caillard. Depuis qu’il lui avait appris la « nouvelle », le jeune homme gardait la tête baissée.
Le commissaire patienta en tournant machinalement sa cuillère dans la tasse de café qui était à présent refroidi. Il lui laissait le temps de parvenir par lui-même à la conclusion logique.
Ça tardait. Caillard restait sonné.
Le policier décida de l’aider.
– C’est une tête brûlée, dit-il négligemment en continuant de touiller son café froid. Il va sûrement remuer beaucoup de choses et déranger pas mal de gens.
Il marqua une pause.
Alexandre Caillard avait relevé la tête. Mais il ne donnait pas l’impression d’être sorti complètement de ce qui était pour lui une sorte de cauchemar.
– Qu’en pensez-vous, vous qui l’avez bien connu ? reprit le commissaire. En plus, il n’est pas exclu qu’il veuille prendre contact avec son ex-petite amie…
Le commissaire José Perez pouvait suivre le cheminement des pensées de Caillard sur son visage poupin. Quasiment à livre ouvert.
Alexandre Caillard sortit de son mutisme.
– C’est la merde…
– Je ne vous le fais pas dire. Et c’est parfaitement résumé. Je dois reconnaître que votre situation n’est pas si facile et que je me sens une part de responsabilité à votre égard. Mais nous pouvons peut-être nous rendre service.
Le commissaire vit dans le regard de son vis-à-vis que sa proposition avait éveillé de l’intérêt. Caillard avait besoin d’une bouée à laquelle se raccrocher.
Le policier jeta la bouée.
– Il faut qu’il disparaisse. Ce serait mieux pour tout le monde. Vous ne croyez pas ?
La réaction de Caillard ne se fit pas attendre.
Il hocha la tête. Comme de contentement.
Il en était écœurant, estima le commissaire qui, pourtant, en avait vu d’autres.
Il n’avait pas dit : « Oh oui ! » comme un gosse auquel on propose une sortie agréable. Mais c’était tout comme. Il n’y avait qu’à voir ce sourire qui s’épanouissait sur sa face aux traits un peu mous.
« Comme toujours, se dit le policier, il n’y a que le premier pas qui coûte. » La suite ne poserait pas trop de problèmes.
Alexandre Caillard se rembrunit.
– Mais comment ? demanda-t-il, une pointe d’inquiétude dans la voix.
Le commissaire sourit largement.
– N’ayez crainte. Vous n’aurez qu’un petit rôle. Personne ne pourra vous reprocher quoi que ce soit. Et puis, seul vous et moi serons au courant…
Alexandre Caillard n’avait pas l’intention de lâcher sa bouée.
Il hocha la tête.
– Le plus tôt sera le mieux, reprit le policier. Dès qu’il sera à Paris et prendra contact avec vous, appelez-moi à ce numéro.
Il lui tendit une carte de visite au nom d’une société espagnole d’import-export.
– Ne lui laissons pas le temps de remuer le passé, ajouta-t-il en lui tapotant le bras.
© Alain Pecunia, 2009.
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