mardi 12 août 2008

Noir Express : "National, toujours !" (C. C. II) par Alain Pecunia, Chapitre 23

Chapitre 23





Jean Ferniti et Albert Papinski étaient tapis dans leurs broussailles, chacun de part et d’autre de l’allée, quand ils entendirent un pas féminin qui s’approchait.
Jean, ce pas-là, il l’aurait reconnu entre mille depuis le temps qu’il le connaissait en guettant l’aînée des Kamil.
Il écarta légèrement les branches et fit signe à Papinski qui se tenait aux aguets de se tenir prêt à intervenir.
Quand la jeune fille arriva à sa hauteur, il se jeta sur elle et, sur la lancée, se propulsa avec elle de l’autre côté de l’allée où Albert assura la réception.
Ça avait été si rapide que personne, dans la semi-obscurité, aurait pu remarquer quoi que ce soit.
La jeune fille était un peu sonnée par l’effet de surprise et se trouvait plaquée au sol sous le poids du corps de Ferniti à califourchon sur sa poitrine alors qu’un autre individu pesait de tout son poids sur ses jambes.
Elle roula des yeux affolés quand elle reconnut Ferniti et que celui-ci enserra sa gorge de ses mains puissantes pour qu’elle ne puisse crier.
Jean était bien content de ne pas avoir à la violer car elle portait son jean serré et qu’il se serait énervé à le lui retirer, éjaculant précocement à tous les coups.
– Enlève le futal ! murmura-t-il à Bébert.
Celui-ci s’affairait de son mieux, de plus en plus impatient.
– Alors ? demanda Jean au bout d’un moment en se retournant à demi.
Papinski, le visage congestionné, s’acharnait à hauteur de la ceinture et ne répondit pas.
– Mais qu’est-ce qui se passe, bon Dieu ? demanda-t-il plus fortement.
– Ne jure pas ! lui répondit Bébert, mauvais. Je suis polonais et catholique !
– Ta gueule ! lui cria Ferniti. Déloque-la et viole-la, qu’on puisse en finir !
– J’peux pas ! que répondit l’autre.
– Quoi, tu peux pas ? se fâcha son complice.
– Il est trop serré ce putain de jean à la con !
– Démerde-toi, mais vite ! On va quand même pas y passer la nuit ! fit Ferniti, furieux.
– T’as qu’à me donner le couteau ! Je vais découper ! cria Bébert.
– Quel couteau ? demanda Jean étonné.
– Ben, le couteau pour l’égorger ! répliqua Albert de plus en plus congestionné.
La jeune fille tentait de se débattre avec l’énergie du désespoir. Elle était consciente de se trouver en présence de ses assassins. Des assassins de la cité.
Hébété, Jean Ferniti desserra légèrement son étreinte sur la gorge. La jeune fille en profita pour pousser un petit cri plaintif et essayer de mordre la main de son agresseur.
Il cria sous la surprise de la morsure et lui fila deux grandes baffes bien sonores avant de resserrer correctement la gorge.
– Le couteau ! Le couteau ! s’énervait Papinski.
– J’lai oublié, fit piteusement le Jeannot. C’est à cause de ce putain de deuil.
– Mais tu te fous de ma gueule ! hurla Bébert.
– Excuse-moi.
– Mais étrangle-la au moins, cette salope ! hurla-t-il.
Ils faisaient un tel raffut que quatre jeunes beurs qui rentraient de leur entraînement de foot, attirés par les cris, se précipitèrent dans les fourrés, pour découvrir deux individus d’une quarantaine d’années écumant de rage et se serrant mutuellement la gorge tels des forcenés.
Les quatre jeunes entreprirent de les séparer et de les maîtriser. Mêlée confuse que la jeune fille affolée mit à profit pour s’enfuir et appeler au secours.
Quand les flics débarquèrent, ils crurent tout d’abord à une agression de jeunes voyous. Il leur parut évident que les quatre beurs voulaient violer la beurette et que les deux messieurs étaient intervenus pour la dégager des pattes de ces sauvages.
Il fallut l’intervention du commissaire principal Lesieur pour rétablir la vérité. Il obligea les locaux à présenter des excuses aux quatre jeunes et félicita ces derniers pour la neutralisation de ces deux criminels responsables de cinq meurtres.
Quand il procéda à leur arrestation, Jean Ferniti et Albert Papinski protestèrent en chœur qu’ils devaient être traités en prisonniers de guerre car ils étaient en mission en tant que soldats secrets d’une juste cause, celle du Parti patriote français, le PPF !
Ce dont ils ne voulurent pas démordre durant leur interrogatoire et donna lieu à un étrange marchandage.
– Nous sommes prêts à vous reconnaître comme prisonniers de guerre, comme vous le souhaitez, leur déclara solennellement le commissaire Lesieur. Mais à une condition. Que vous avouiez vos crimes – pardon, vos missions…, rectifia-t-il devant le haut-le-corps de ses deux clients.
Nos deux combattants ne pouvaient refuser une telle reconnaissance.
Ils avouèrent tout.


© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.

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