lundi 11 août 2008

Noir Express : "National, toujours !" (C. C. II) par Alain Pecunia, Chapitre 21

Chapitre 21





Jean Ferniti et Albert Papinski s’étaient retrouvés à l’heure convenue au bar Chez P’tit Louis.
Papinski trouva que son compère n’était pas dans son assiette. Il ne l’avait jamais vu triste avant une opération. Peut-être avait-il peur de ne pas assumer pour le viol de la fille et angoissait-il.
– Ça a pas l’air d’aller, constata Albert.
– Non, lui répondit avec émotion Ferniti. Titi est mort hier…
Albert ne voyait vraiment pas de raison de s’en faire autant pour la mort d’un poiscaille. Même domestique.
– T’as qu’à en acheter un autre, lui dit-il pour tenter de le ramener à la réalité dont il semblait s’éloigner.
Jean Ferniti le fusilla du regard. Comment expliquer à ce taré de Polonais à moitié juif que le véritable chef de mission, l’organisateur de cette opération régénératrice était justement le Titi !
C’était son secret à lui, Jean Ferniti, soldat de l’ombre. Et le succès de toute lutte clandestine reposait sur le cloisonnement.
Il ne pouvait pas dire à Bébert : « Le chef est mort hier. Notre chef ! »
Papinski n’aurait pas pu comprendre.
– C’est toujours pour tout à l’heure ? demanda Albert, intimidé par une telle douleur.
– Bien sûr !
– T’es sûr que tu pourras…, hésita Papinski en hochant la tête.
– Non. Je suis en deuil. Je ne peux pas me permettre de tirer mon coup ce soir. Tu le feras ! trancha Ferniti de sa voix la plus mâle possible.
Papinski était tout heureux de retrouver le partage des rôles du scénario initial.
– T’inquiète, j’assurerai ! jeta-t-il gaiement.
Ferniti interpella la Simone pour une seconde tournée. Elle les trouvait plus agréables lorsqu’ils buvaient que dans leurs périodes d’abstinence. Elle en chaloupa d’aise sur ses deux charentaises.
Mais elle n’eut pas droit à la main au cul de Jean.
« Aux vrais Français ! » trinquèrent discrètement Ferniti et Papinski.
– On lève le camp ! ordonna Jean à vingt heures trente précises en se redressant martialement.
Tout semblait rentrer dans la normalité. Ce qui réjouit Papinski qui avait craint un instant que l’opération de ce soir ne soit annulée au dernier moment.
Depuis le temps qu’il avait envie de se la faire, l’aînée des Kamil.



© Alain Pecunia, 2008. Tous droits réservés.

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