dimanche 3 août 2008

Noir Express : "National, toujours !" (C. C. II) par Alain Pecunia, Chapitre 14

Chapitre 14





Le mercredi matin, Jean Ferniti ne se rendit pas à son travail. Il attendait que les scellés soient levés.
Le fils Legrand avait repris le dessus. Il lui avait téléphoné vers huit heures pour lui dire qu’il faisait jouer ses relations pour que les Établissements Legrand et Fils retrouvent leur activité normale. Que, toute compte fait, c’était malheureux. Mais que tout malheur a son bon côté. C’était une sacrée pub gratuite.
À neuf heures, l’inspecteur-chef qui l’avait interrogé la veille lui téléphona pour lui demander de passer au commissariat d’Issy-les-Moulineaux pour signer sa déposition.
Jean Ferniti s’y présenta à onze heures. Signa.
Les trois protagonistes du crime étaient morts et le rapport avait conclu à un crime passionnel évident.
La veuve du meurtrier ne voulait pas croire que son mari fût un assassin, mais les faits étaient là. De toute façon, elle allait retourner dans sa famille au Maroc avec ses deux petites filles.
Puisqu’il était à Issy, Jean Ferniti poussa jusqu’à son lieu de travail. Les scellés seraient levés incessamment sous peu mais ils étaient toujours là. Aussi il monta voir le fils Legrand qui le reçut dans son bureau en lui montrant plus de considération qu’à l’accoutumée.
« Tu découvres que tu as besoin de moi, mon salaud », se dit amèrement Ferniti.
– Tout va s’arranger, vous verrez, Ferniti ! lui dit-il.
– Ah ! fit-il en bon subalterne.
– Oui, vous verrez avec Mohammed. Il a deux cousins qu’il peut faire venir du Maroc pour remplacer Ahmed et Yvonnick. Mais il reste le remplacement de la secrétaire. Il faudrait prendre une moche plutôt qu’une allumeuse comme la Yvonne. Elle nous aura bien caché son jeu, celle-là ! Enfin, rentrez chez vous, mon vieux, vous avez bien mérité de vous reposer un peu avec toute cette histoire, conclut-il tout sourire en le congédiant.
Jean Ferniti eut un sourire las en le remerciant. Cette mission ponctuelle était terminée et il commençait de ressentir l’effet de la décompression. Comme à chaque fois.
Il avait hâte de retrouver son deux-pièces et son Titi. Seule sa présence l’apaisait.



© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.

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