mardi 19 août 2008

Noir Express : "Cadavres dans le blockhaus" (C. C. IV) par Alain Pecunia, Chapitre 2

Chapitre 2





Sorti de sa frayeur, ayant rejeté le tout à l’eau le plus discrètement possible, les jambes flageolantes et la bedaine tressautant, Gérard finit par s’extirper de ce merdier, remake aquatique du « retour des morts-vivants », pour rejoindre la plage.
Il était hagard et se laissa choir sur le sable en même temps que le haveneau. Grelottant de tous ses membres.
– Ça ne va pas, mon monsieur ?
Il faut toujours qu’il y ait des emmerdeurs qui se manifestent quand on est plongé en plein dans la merde. Comme pour en remettre une couche. C’est une variante de la loi des séries.
– Ça a pas l’air d’aller ?
Elle faisait chier, la petite vieille. En plus, elle avait tout d’une dingue avec sa crinoline, toute de blanc vêtue de pied en cap, et son chat noir tenu en laisse.
« Mais c’est pas vrai, c’est le cauchemar qui continue », se murmura Gérard en roulant des yeux hallucinés.
Il avait envie de lui dire que tout allait bien, qu’elle pouvait aller se faire foutre. Mais rien tellement il claquait des dents.
– Tenez, il y a justement un monsieur qui arrive ! Je vais lui demander de l’aide.
Noooon !
– Monsieur, s’il vous plaît ?
Et ce con genre beauf, qu’est-ce qu’il peut bien faire là ? Peut même pas tenir en laisse son labrador qui patauge dans la baille comme un dingue.
– Va chercher la baballe !
Connard. Il est capable de ramener un morceau…
Mais le labrador avait abandonné la balle pour venir renifler Gérard et identifier son sexe à l’odeur.
Piiiiitié !
Il avait presque envie d’en chialer. Heureusement que c’était pas la pleine saison avec la plage transformée en train de banlieue à l’heure de pointe !
– Ça va aller…, parvint-il à articuler tout en continuant de grelotter et de claquer des dents. J’ai dû rester trop longtemps dans l’eau, ajouta-t-il en tentant de se relever.
– Vous êtes sûr ? demanda le beauf.
– C’est peut-être pas bien prudent…, commenta la vieille folle.
– Ma voiture est juste en haut des escaliers, là. Je vais rentrer prendre une douche chaude…Ça ira.
L’homme aida Gérard à se relever et le soutint jusqu’au pied de l’escalier.
– Ça ira, maintenant. Je vous remercie, dit Gérard.
– C’est pas ben prudent ! commenta la vieille qui voulut lui coller le train jusqu’à la voiture.
Et qui le fit. Son chat blotti dans les bras.



© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.

Aucun commentaire: