vendredi 16 avril 2010

Noir Express : "Editeur au sang" (C. C. XV) par Alain Pecunia, Chapitre 33

Chapitre 33





Il était une heure du matin passée quand ils montèrent à l’appartement du professeur Dupont-Jaulieu.
Les quatre policiers crurent halluciner quand ils pénétrèrent dans le grand salon bibliothèque.
Non pas en raison du fouillis de livres et dossiers divers, mais à la vue de l’armement hétéroclite posé à même la table, au milieu de tasses de café et d’assiettes de petits gâteaux secs.
Un fusil Lebel de la guerre de 14, trois revolvers d’ordonnance de provenance diverse, et même une mitraillette Sten de la Seconde Guerre mondiale.
Les souvenirs de guerre de feu le général. Dont la veuve, malgré son grand âge, assurait la garde à cette heure avancée de la nuit.
C’était une petite vieille toute sèche et toute stricte avec un chignon hors d’âge d’où ne s’échappait aucune mèche folle. Même lui était réglementaire.
Elle avait largement dépassé les quatre-vingts automnes mais semblait toute pimpante et plus fraîche qu’Isabelle avec un demi-siècle de moins et qui commençait à ressentir l’effet du manque de sommeil.
Le professeur Dupont-Jaulieu, lui, semblait la copie conforme de Philippe-Henri.
À peu près le même âge, la même taille, calvitie et bedaine. À croire que la fonction modèle le corps.
Quant à Marie-Laure de Loÿ, elle s’était endormie sur le canapé et la générale s’opposa à ce qu’on la réveillât.
Isabelle et Antoine eurent toutes les peines du monde à la convaincre – à voix basse – qu’il leur était nécessaire de l’entendre, que la vie de sa sœur en dépendait. Mais ils ne se faisaient pas trop d’illusions sur ce dernier point.
La générale ne céda que lorsque Antoine, exaspéré, explosa de sa voix de stentor.
– Ça suffit comme ça !
Il venait de réveiller Marie-Laure.


© Alain Pecunia, 2010.
Tous droits réservés.

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