mercredi 7 avril 2010

Noir Express : "Editeur au sang" (C. C. XV) par Alain Pecunia, Chapitre 26

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Le capitaine Dupert débarqua au 36, quai des Orfèvres un peu après sept heures. Pas rasé et la mine fripée après sa folle nuit passée en compagnie des deux sœurs.
À quarante-quatre ans, ce genre de performance amoureuse commençait de lui coûter. Il est des réputations qu’il devient parfois difficile d’assumer avec le temps.
Quand il arriva dans les locaux de la Crim, un de ses collègues qui avait été de permanence de nuit l’entraîna dans un bureau pour lui parler en aparté.
– Il faut que je te dise, cette nuit, il y a eu un drôle de truc qui te concerne.
Dupert se figea. « Une merde ! » se dit-il.
– Les Stups ils ont débarqué parce que, soi-disant, un indic leur avait rapporté que tu détenais de la drogue dans ton bureau…
– C’est absurde ! le coupa Dupert que la nouvelle inquiétait.
– T’inquiète, vieux, ils ont fait chou blanc et leur commissaire a dû s’aplatir et présenter des excuses.
– C’était qui ?
– Antoine et trois de ses sbires.
– Je te remercie, dit Dupert qui avait hâte de rejoindre son bureau.
– Ah ! j’oubliais, il avait rameuté Cavalier pour sa perquise.
Dupert crut que son cœur allait s’arrêter de battre. Il devint pâle comme un suaire.
– Ça va, vieux ? s’inquiéta son collègue.
Dupert mit un temps à se ressaisir.
– Oui, oui… Je suis crevé, c’est tout, dit-il en s’efforçant de sourire. J’ai fait la java, c’est tout…
– T’as toujours été un veinard, toi ! lui jeta son collègue en lui adressant un clin d’œil égrillard.


© Alain Pecunia, 2010.
Tous droits réservés.

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