mercredi 22 octobre 2008

Noir Express : "Sans se salir les mains" (C. C. VII) par Alain Pecunia, Chapitre 1 (suite 2)

Chapitre 1 (suite 2 et fin)





De notre appartement rue du Commerce à la rue Saint-Dominique, ça fait un bon quart d’heure à pied.
Donc elle eut le temps de m’expliquer.
Pour elle, c’était simple.
Papy avait fait un super travail d’indic – lui, il n’aimait pas le mot, il préférait qu’on dise « auxiliaire de police » – depuis la fin mars pour le compte du commissaire Antoine des Stups. Grâce à ses rapports précis, le commissaire était sur le point de mettre fin aux activités de trafiquants de drogue de Christine Langlot et de Jean Périni. Elle, c’était la femme du patron du bar-restaurant Au Relais angevin de la rue Cler, Gérard Langlot, lui-même inculpé dans une obscure affaire de meurtre en juin dans un bled de la Loire-Atlantique
*. (J’avais entendu parler de ce meurtre mais j’ignorais qu’il s’agissait de lui jusqu’à ce qu’Isabelle me l’apprenne.) Jean Périni, lui, était à la fois serveur et homme de confiance au Relais angevin.
Leur arrestation était imminente. C’est ce qu’avait dit Antoine la veille au soir à Isa lorsqu’elle lui avait téléphoné.
Donc, vu le rôle de Papy dans cette affaire importante, un renvoi d’ascenseur s’imposait.
– Papy, il a peut-être deux cadavres chez lui, mais eux, ces salauds de trafiquants de mort, c’est plus de deux morts qu’ils ont sur la conscience, me martela Isa.
Je réfléchissais.
– Et tu vas demander quoi à Antoine ? Ça a beau être un pote, c’est aussi un flic consciencieux…
– Nous allons le lui demander ensemble.
J’ai accusé le choc.
– T’inquiète, de toute façon, si Papy était inculpé, son affaire à Antoine capoterait. Les avocats de ces pourris ne manqueraient pas de se servir de la mise en examen de Papy pour faire invalider la procédure.
– Mais ils ne pourront pas avoir connaissance du rôle joué par Papy ! objectai-je.
Elle eut un large sourire radieux.
– Mais, mon chéri d’amour, je me ferai un plaisir de le leur révéler…
Quand nous sommes entrés dans l’appartement de Philippe-Henri, Philippine m’a accueilli un doigt devant la bouche.
– Chut ! elle m’a intimé, les femmes de Papy dorment. Faut pas les réveiller.
Papy, lui, souriait béatement.
J’avais pénétré dans un autre monde.
* Voir Cadavres dans le blockhaus.


© Alain Pecunia, 2008.Tous droits réservés.

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