mercredi 10 décembre 2008

Noir Express : Euh-Euh ! (C. C. VIII) par Alain Pecunia, Chapitre 14

Chapitre 14





À midi, le capitaine Isabelle Cavalier se trouvait dans le bureau du commissaire Antoine des Stups.
Elle lui présenta l’affaire à sa manière. De façon qu’elle puisse cadrer avec la personnalité flicarde d’Antoine.
Grosso modo, elle lui expliqua que la DST semblait ne pas avoir digéré la mort d’Ahmed Larbi, un de ses indics, devant ses locaux. Qu’elle préparait un coup tordu en se servant de Patrice Dutour. Le seul témoin. Que sa vie était peut-être même en danger.
– Les enfoirés ! explosa le commissaire ainsi que l’avait anticipé Isabelle Cavalier. Ça m’étonne pas d’eux ! C’est vraiment pas des flics comme les autres ! On va les niquer, fais-moi confiance !
Isabelle, assise confortablement dans le fauteuil des visiteurs, opinait du chef, un léger sourire flottant sur les lèvres.
– Qu’est-ce que tu attends de moi, Isabelle ? Je suppose que tu as une idée ?
Le capitaine Cavalier exposa rapidement son idée.
– Tu veux le lieutenant Lenoir ?
– Ça peut aider.
Le commissaire appela le poste de Gilbert Lenoir.
– Tu rappliques fissa ! hurla-t-il.
Il se mit à faire les cent pas derrière son bureau, les mains enfoncées rageusement dans les poches du pantalon. Jetant de furtifs regards sur les jambes croisées haut du capitaine Cavalier qui avait prévu une jupe courte pour cette entrevue amicale.
Quand le lieutenant arriva trois minutes plus tard, il lui jeta un hypocrite : « Enfin ! », avant de lui ordonner de se mettre à la disposition du capitaine Cavalier et de lui obéir en toute chose.
– Considère-toi en mission spéciale. Ça prendra le temps que ça prendra, alors prends tes dispositions. Pour le reste, le capitaine t’expliquera. Et tu lui obéis au doigt et à l’œil si tu ne veux pas te retrouver à la circulation !
Isabelle Cavalier remercia vivement le commissaire et prit congé en lui jurant de le tenir au courant du déroulement de leur plan.
Isabelle expliqua à Gilbert Lenoir qu’il s’agissait de protéger Euh-Euh, victime d’une sombre machination, le temps d’en venir à bout.
À quinze heures trente, la juge chargée du dossier des cinq meurtres signait une ordonnance qui plaçait le témoin Patrice Dutour sous protection policière rapprochée. Avec carte blanche au capitaine Isabelle Cavalier pour prendre toutes les dispositions qu’elle jugerait nécessaires pour le bon déroulement de sa mission.
– S’il y a une chose que je ne supporte pas, c’est qu’on s’en prenne aux témoins, dit la juge d’instruction en lui tendant la feuille magique. Mais vous me tenez au courant, n’est-ce pas ?
– Évidemment, madame la juge, répondit Isabelle d’un ton respectueux.
En sortant du Palais de Justice, le lieutenant Lenoir félicita le capitaine pour avoir convaincu aussi rapidement le juge.
– Mais pourquoi lui avez-vous parlé d’une combine des RG alors qu’à mon patron vous avez parlé d’une machination de la DST ?
– Elle n’aime pas les RG. C’était donc plus simple comme ça, lieutenant, répondit gaiement Isabelle Cavalier.


© Alain Pecunia, 2008.
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