mardi 2 décembre 2008

Noir Express : Euh-Euh ! (C. C. VIII) par Alain Pecunia, Chapitre 8

Chapitre 8





La cinquième victime était assise au volant de sa voiture, rue George-Bernard-Shaw, à hauteur de la supérette G20. Juste sous un réverbère.
Elle était affalée sur le volant. Poignardée, cette fois, au niveau du cœur. Mais toujours avec un couteau à désosser.
Elle fut découverte à deux heures du matin, le mercredi 15 octobre, par la patrouille de surveillance de la synagogue de la même rue.
Entre deux passages.
Une boîte à chaussures remplies de sachets de crack fut trouvée dans le coffre. Dans le logement de la roue de secours.
La victime avait vingt et un ans et était livreur de pizzas. Samuel Jançon.
Ce fut le tollé. Le comité de quartier se joignit au comité des familles de victimes.
On accusa le redéploiement des forces de police de la capitale vers des quartiers comme le XVIIIe et le XXe arrondissement d’avoir livré le XVe aux voyous. Pourtant, ces voyous-là étaient des « locaux ».
Lors du dépôt de gerbe, qui avait tendance à devenir une coutume locale, le capitaine Cavalier remarqua la présence de Euh-Euh parmi les badauds.
Elle se dirigea vers lui et, aussitôt, il se tapota la poitrine en accompagnant son geste de « euh-euh… » qui semblaient plus enthousiastes que d’habitude.
Isabelle Cavalier ne partageait pas l’exubérance du jeune homme au sourire épanoui sur sa face lunaire.
Elle se sentait lasse et avait demandé à être dessaisie de l’enquête.
Ce qui lui fut refusé car personne n’aurait voulu lui succéder devant un tel merdier.
Mais il n’y eut pas d’autres crimes au couteau à désosser dans le quartier les jours suivants. Et la police n’avait toujours pas le moindre témoin ni aucun suspect à soumettre à la question.
Cette série de meurtres était faite pour rejoindre la kyrielle de crimes non élucidés.


© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.

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