mardi 19 janvier 2010

Noir Express : "Par esprit de famille" (C. C. XIV), par Alain Pecunia, chapitre 17

Chapitre 17





N’empêche que, sans moi, le Bellou, il était dans l’impasse.
N’importe qui peut disposer d’une marchandise. Mais elle reste une valeur nulle tant qu’elle n’est pas commercialisée. Et ça, c’était mon job.
En quarante-huit heures, dès le jeudi, j’ai trouvé notre acheteur.
Je n’avais pas eu à chercher loin.
L’Albanais auquel j’avais pensé pour la reprise de ma société s’est tout de suite montré intéressé par nos cinq kilos de coke.
Il me prenait les deux. Ma société et la drogue.
Mais il a fallu discuter ferme sur les prix.
Ces gens-là, c’est des incultes. Question mentalité, ils en sont encore au stade du marchand de tapis.
Enfin, c’est l’image qu’ils donnent. En fait, il ne faut pas s’y fier. Ce sont des négociateurs-nés.
Il a vite compris que j’étais pressé.
Il m’a eu sur le prix de la coke. J’ai dû baisser de vingt pour cent sur le tarif en cours. Ça faisait mal.
Mais je me suis rattrapé sur le prix de ma société. Là, j’ai pu les rouler. C’était pas vraiment leur partie.
L’un dans l’autre, je récupérais d’un côté ce que je perdais de l’autre. Et tout le monde était content. Ce qui est important. Ça évite les récriminations ultérieures.
Mais il tenait à être livré à Lille.
Je n’ai pas trop compris la raison de cette lubie. En tout cas, j’allais être débarrassé et de la drogue et du Bellou par la même occasion. Et puis, j’avais justement un Paris–Bruxelles pour le lundi suivant. Il y aurait juste à faire un petit détour par Lille.


© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.

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