mercredi 18 novembre 2009

Noir Express : "Sous le signe du rosaire (Le retour)" (C. C. XIII) par Alain Pecunia, Chapitre 12

Chapitre 12





À treize heures et quart, Isabelle Cavalier termina l’audition du témoin qui prétendait avoir vu un individu suspect près de l’immeuble de l’avenue de Suffren où avait été assassinée la petite Julie Bernard. Un ex-policier reconverti dans une société de télésurveillance. Harry Godino. Quarante-cinq ans.
Son témoignage était précis. C’était celui d’un professionnel.
Il se rendait à un rendez-vous pour négocier un contrat important dans un immeuble voisin. Il avait croisé la route de cet individu au regard « bizarre ». C’étaient ses termes.
Taille moyenne. Un mètre soixante-dix. Calvitie prononcée. Rondouillard. Habillé correctement. Portant beau. Mais, surtout, ce regard, « comme ailleurs ».
C’était quand même peu précis, se dit Isabelle Cavalier.
Le lieutenant Toussaint avait lancé tout le monde sur la piste abandonnée de l’ancien suspect. Mais Derosier avait raison, il ne fallait pas se précipiter. On risquait de commettre la même erreur que par le passé et d’aboutir à un cul-de-sac, tout en continuant de laisser courir le véritable assassin.
Pourtant, le comportement de Phil avait été si étrange et il était si troublant qu’il se soit trouvé à proximité des lieux des crimes à l’heure où ils avaient été respectivement commis…
Et que déduire de l’analyse des deux prélèvements de sperme puisqu’ils provenaient de deux individus différents ?
Pouvait-on avoir affaire à deux assassins agissant de la même façon et complices ?
Chacun choisissant sa victime au hasard dans le quartier ?
Mais l’arme du crime était identique dans les deux crimes et il fallait imaginer deux colliers de perles en bois parfaitement identiques ou un seul que les deux complices utilisaient à tour de rôle…
Deux dingues dont les routes se seraient croisées et qui avaient décidé de semer la terreur de concert…
Et si Phil avait un comparse, une sorte de double ?
Il fallait absolument qu’elle revoie Phil et les deux amies d’Angeline de Saint-Fort. Mais pas maintenant. Elle voulait d’abord revoir ses notes posément et étaler toutes les pièces du puzzle.


© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.

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