mardi 8 décembre 2009

Noir Express : "Sous le signe du rosaire (Le retour)" (C. C. XIII) par Alain Pecunia, Chapitre 26

Chapitre 26





Pierre Cavalier eût préféré avoir le lieutenant Matthieu Toussaint vivant. Il aurait eu assurément beaucoup de choses à lui raconter. Mais Christelle de Saint-Fort était à présent hors de danger et sous protection jusqu’au dénouement de cette affaire ténébreuse. Cavalier avait également demandé le black-out sur l’identité de la victime de Strasbourg. Pour garder une longueur d’avance.
Il fallait frapper à présent rapidement et, dès le lendemain matin, ce jeudi 8 janvier, les patrons de la Crim et des Mœurs acceptèrent de mettre toutes leurs informations en commun et d’agir conjointement.
La commission rogatoire fut délivrée au capitaine Cavalier à onze heures du matin par le juge chargé de l’enquête sur les deux meurtres.
Quarante minutes plus tard, le dispositif d’intervention, qui avait préventivement été mis en place deux heures plus tôt, pour perquisitionner l’hôtel particulier appartenant à Bernard Bonnot se mit en branle.
Le commandant Pierre Cavalier l’accompagnait comme observateur.
La vaste demeure du préfet Bernard Bonnot était vide de toute présence humaine mais se révéla riche en « documents ».
Sa fuite dut être précipitée car les enquêteurs estimèrent que rien ne semblait avoir disparu.
Les collections de photos étalées sur quinze années étaient méticuleusement classées. Les divers enregistrements vidéo, eux, ne remontaient qu’à une dizaine d’années et étaient tout aussi soigneusement répertoriés.
Les partenaires étaient généralement les quatre couples. Saint-Fort, Claron, Cangros et Bernard. Il semblait y avoir eu très peu d’invités. Ils ne figuraient d’ailleurs que sur des photos ou des enregistrements d’ébats à deux.
Mme Claron semblait effectivement avoir été réticente, car sa présence se faisait rare dans les cinq dernières années.
Isabelle Cavalier reconnut Christelle de Saint-Fort de sa treizième année jusqu’à sa majorité.
D’ailleurs, les gamines semblaient toutes avoir été initiées aux jeux de l’amour de leurs parents dès leur treizième année. Dans l’ordre, Christelle de Saint-Fort, Sabrina Claron, Corinne Cangros, Angeline de Saint-Fort et Julie Bernard,
Curieusement, l’absence de Mme Claron se manifestait à partir de la présence de sa fille Sabrina, cinq ans plus tôt. Et l’on notait une nette tendance à la dérive hard ou SM depuis l’arrivée de Sabrina.
Mais il n’y avait aucun doute, il s’agissait d’un véritable méli-mélo des corps et des sexes. Et l’échangismes des filles au sein du groupe n’excluait pas l’inceste.
Même les flics des Mœurs présents furent estomaqués.
On pouvait également constater une surprenante montée en puissance depuis que le groupe avait transféré ses ébats de l’appartement du quai Voltaire à l’hôtel particulier.
Tout le dernier étage était aménagé en chambres et salons réservés à cet usage. Avec des coffres et des commodes renfermant tout le matériel et les accessoires idoines. Sans oublier un appareillage d’enregistrement sophistiqué dans chaque pièce.
Isabelle Cavalier était convaincue que quelque chose avait mal tourné au sein de cette tribu repliée sur elle-même et endogamique. Ayant conduit au meurtre des deux gamines.
Elle téléphona au juge vers quinze heures pour lui faire une brève synthèse et demander la mise en examen des quatre couples concernés.


© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.

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