mercredi 3 décembre 2008

Noir Express : Euh-Euh ! (C. C. VIII) par Alain Pecunia, Chapitre 9 (suite et fin)

Chapitre 9 (suite et fin)





Depuis un an, elle était méconnaissable Mercedes.
Elle était devenue négligée et avait souvent un regard vide. Comme mort.
Mercedes faisait peur à Euh-Euh.
Le Clément, il avait de nouveaux amis qu’il retrouvait souvent autour du jardin Nicole-de-Hauteclocque.
Euh-Euh avait commencé de suivre leurs habitudes dans le quartier entre le boulevard de Grenelle et l’avenue de La Tour-Maubourg.
C’étaient les « rabatteurs » et les « livreurs » de Clément.
Quand ils faisaient la fête entre eux, ils jouaient tous les cinq avec Mercedes. C’était pas beau mais Mercedes elle semblait pas se rendre compte.
Euh-Euh, il regardait pas vraiment. Il voulait juste être là pour protéger Mercedes.
Puis, un jour, ils ont tout fait pour que Euh-Euh joue lui aussi avec Mercedes.
Euh-Euh il a pas voulu. Mais le Clément il a sorti un couteau et l’a donné à Samy Dupuis pour qu’il oblige Euh-Euh à le faire.
Euh-Euh il a eu peur.
Il s’est approché tout nu de Mercedes pour faire comme eux.
Mais Mercedes elle s’est mise à crier et à se débattre.
– Nooon ! pas toi ! Vous êtes des ordures ! Pitié…
Alors ils l’ont tenue et giflée et donné des coups de pied.
Euh-Euh il a été obligé avec le couteau.
Mercedes pleurait et suppliait.
Euh-Euh aussi.
Ils ont beaucoup ri et moqué de Euh-Euh qui pouvait pas.
Parfois, ils obligeaient aussi Mercedes à faire la même chose avec des hommes qui payaient pour ça.
Depuis quelque temps, ils faisaient des piqûres à Mercedes.
Elle faisait tout ça pour ses piqûres qu’elle devait payer.
Pour eux, elle en faisait jamais assez des choses sales avec des hommes qu’elle connaissait même pas.
Pour la punir, ils la déshabillaient et lui faisaient pipi dans la bouche ou dans les fesses.
Mercedes elle était morte depuis longtemps quand ils lui ont fait, sous les yeux de Euh-Euh, dans l’appartement de Clément, la piqûre qui l’a tuée.
Ils ont été la mettre dans le local à ordures de l’immeuble de Mercedes. C’était tout près.
Cette nuit-là, le 13 mai, Euh-Euh a décidé de les tuer tous.
Par justice et pour que Mercedes pardonne à Euh-Euh.
En prenant son temps et en observant bien.
Comme ils connaissaient tous Euh-Euh, c’était très facile.
Ils avaient pas la méfiance.
Euh-Euh, il s’est servi de leurs habitudes. Avec la patience d’un loup.
Aucun n’a eu peur quand il a vu Euh-Euh s’approcher.
Après Euh-Euh sait pas. Il fermait toujours les yeux quand il frappait pour pas voir les leurs.
Ça, Euh-Euh, il pouvait pas.
La dame de la police, elle a beaucoup aidé Euh-Euh après la mort d’Ahmed Larbi.
Elle a été gentille. La dame elle a dit que la police était un grand danger. De pas sortir.
Elle avait l’air d’aimer la vengeance de Euh-Euh. Elle a pas arrêté Euh-Euh quand il lui a dit que c’était lui.
Elle faisait comme si elle comprenait pas.
Le professeur aussi il a été gentil. Surtout quand Euh-Euh lui a dit qu’il y en avait déjà eu trois et qu’il en restait plus que deux.
– C’est bien. Termine ce que tu as commencé, il a dit le jour où ils se sont promenés dans les Invalides. Sois très prudent et prends tout ton temps. Mais après, tu arrêtes. Tu ne fais plus rien. Tu me le promets ?
Euh-Euh il a promis.
Normal. Euh-Euh est pas un assassin.
Euh-Euh, il a fait justice comme dans la Bible le vieux monsieur il a dit de faire avec les méchants.
Euh-Euh très fier de lui.
Mais maman Euh-Euh semble très soucieuse depuis la punition de Samuel Jançon.
Un monsieur inconnu mais important pour maman Euh-Euh est venu lui parler quelques jours plus tard. À la maison.
Euh-Euh entend tout.
Le monsieur parle de Euh-Euh.
Il fait pleurer maman Euh-Euh.
Euh-Euh il a envie chercher autre couteau à la cave pour punir le monsieur.
Mais Euh-Euh préfère écouter pour l’instant.
Le monsieur méchant dit à maman Euh-Euh qu’on a retrouvé des empreintes sur les couteaux qui ont tué Samy Dupuis et Samuel Jançon. Il dit que ce sont les empreintes de son fils.
Euh-Euh trouve normal pas avoir mis de gants puisque la dame gentille de la police a protégé Euh-Euh.
Le monsieur dit que c’est grave, très grave.
Le monsieur dit qu’il a eu toutes les peines du monde à dissimuler ces preuves.
Qu’il faut enfermer Euh-Euh dans la maison. Qu’il ne sorte pas.
Que c’est la raison d’État.
Empêcher un immense scandale.
Que maman Euh-Euh doit bien comprendre qu’on ne souhaite pas en arriver à des mesures extrêmes…
Là, maman Euh-Euh repleurait beaucoup.
Euh-Euh veut chercher un couteau.
Mais le méchant monsieur empêche Euh-Euh de passer.
Il aide maman Euh-Euh à l’enfermer à clé dans sa chambre.
Après Euh-Euh entend plus.
Il comprend plus non plus.
Euh-Euh doit parler au professeur…


© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.

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