Chapitre 24
Il était treize heures trente quand Gilbert Lenoir déposa Pierre Cavalier au métro « La Motte-Picquet ».
Il souhaitait marcher un peu.
Cavalier regarda la voiture remonter le boulevard de Grenelle et chercha un taxi dès qu’elle eut disparu de sa vue.
Il demanda à être conduit rue des Saussaies.
Le divisionnaire Leprot était absent du service ou n’était pas encore rentré d’un de ses longs déjeuners où il tentait de tisser des fils mystérieux.
Ses collègues présents ne lui prêtèrent pas attention et la secrétaire du divisionnaire se fit un plaisir de lui sortir le dossier « Dutour », que « notre cher M. de Laneureuville, cet homme si exquis », souhaitait examiner l’après-midi même.
Après avoir pris le métro, Pierre Cavalier rentra chez lui rue du Commerce.
Il était quinze heures trente.
Dix minutes plus tard, tout en se changeant, il alluma son poste de télé et se mit sur LCI.
Jetant, par habitude, un œil sur le bandeau défilant des dernières nouvelles, dans le bas.
Il sursauta.
« Suicide : mort tragique du député Lorrinval »…
Il brancha également sa radio sur RFI.
Le député Lorrinval, grand espoir de la politique nationale et européenne, s’était défenestré vers quinze heures quinze.
Pierre Cavalier accusa le choc et s’assit sur le bord du premier siège venu.
« C’est trop con, se dit-il. Il y avait quand même l’autre option. »
Pourtant, il ne voyait pas ce type en suicidaire.
Et puis, cette façon d’annoncer ça à la télé et sur les ondes sans avoir eu le temps de prévenir sa famille…
Son portable sonna.
C’était sa femme.
– Qu’avez-vous fait ? lâcha-t-elle la voix étouffée et limite agressive.
Il ne l’écoutait que d’une oreille car il sentait qu’il fallait réfléchir rapidement.
– Tu m’écoutes, ou quoi ?
– Oui. Je sais. Ne t’inquiète pas. Mais il y a de l’urgence. Gilbert sera là bientôt. Grande prudence ce soir.
– Mais…
Pierre avait déjà coupé la communication.
« Ce con, il a été suicidé », se répétait-il.
Il en était sûr. Lorrinval n’avait pas pu s’empêcher d’appeler Laneureuville peu après leur départ.
Que s’étaient-ils dit ? Pierre Cavalier n’en savait strictement rien – même s’il pouvait aisément l’imaginer.
En tout cas, Pierre-Marie de Laneureuville, grand maître des basses œuvres, avait envoyé ses « nettoyeurs ». Il avait choisi de faire disparaître le principal témoin. Le premier d’une longue liste, peut-être.
Au nom de SA « raison d’Etat ».
© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.
Il était treize heures trente quand Gilbert Lenoir déposa Pierre Cavalier au métro « La Motte-Picquet ».
Il souhaitait marcher un peu.
Cavalier regarda la voiture remonter le boulevard de Grenelle et chercha un taxi dès qu’elle eut disparu de sa vue.
Il demanda à être conduit rue des Saussaies.
Le divisionnaire Leprot était absent du service ou n’était pas encore rentré d’un de ses longs déjeuners où il tentait de tisser des fils mystérieux.
Ses collègues présents ne lui prêtèrent pas attention et la secrétaire du divisionnaire se fit un plaisir de lui sortir le dossier « Dutour », que « notre cher M. de Laneureuville, cet homme si exquis », souhaitait examiner l’après-midi même.
Après avoir pris le métro, Pierre Cavalier rentra chez lui rue du Commerce.
Il était quinze heures trente.
Dix minutes plus tard, tout en se changeant, il alluma son poste de télé et se mit sur LCI.
Jetant, par habitude, un œil sur le bandeau défilant des dernières nouvelles, dans le bas.
Il sursauta.
« Suicide : mort tragique du député Lorrinval »…
Il brancha également sa radio sur RFI.
Le député Lorrinval, grand espoir de la politique nationale et européenne, s’était défenestré vers quinze heures quinze.
Pierre Cavalier accusa le choc et s’assit sur le bord du premier siège venu.
« C’est trop con, se dit-il. Il y avait quand même l’autre option. »
Pourtant, il ne voyait pas ce type en suicidaire.
Et puis, cette façon d’annoncer ça à la télé et sur les ondes sans avoir eu le temps de prévenir sa famille…
Son portable sonna.
C’était sa femme.
– Qu’avez-vous fait ? lâcha-t-elle la voix étouffée et limite agressive.
Il ne l’écoutait que d’une oreille car il sentait qu’il fallait réfléchir rapidement.
– Tu m’écoutes, ou quoi ?
– Oui. Je sais. Ne t’inquiète pas. Mais il y a de l’urgence. Gilbert sera là bientôt. Grande prudence ce soir.
– Mais…
Pierre avait déjà coupé la communication.
« Ce con, il a été suicidé », se répétait-il.
Il en était sûr. Lorrinval n’avait pas pu s’empêcher d’appeler Laneureuville peu après leur départ.
Que s’étaient-ils dit ? Pierre Cavalier n’en savait strictement rien – même s’il pouvait aisément l’imaginer.
En tout cas, Pierre-Marie de Laneureuville, grand maître des basses œuvres, avait envoyé ses « nettoyeurs ». Il avait choisi de faire disparaître le principal témoin. Le premier d’une longue liste, peut-être.
Au nom de SA « raison d’Etat ».
© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.
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