Chapitre 21
Pierre, Isabelle et Gilbert Lenoir s’isolèrent un peu après dix-huit heures dans la pièce qui servait de bureau à Michel Bauchère.
Tout leur parut simple. Surtout lorsque Isabelle se dit convaincue que Euh-Euh était le fruit d’une liaison incestueuse entre le député Lorrinval et sa sœur.
La solution pour casser la machination s’imposait d’elle-même, selon Pierre. Et paraissait presque un jeu d’enfant dans ces conditions. Du moins en théorie.
Si le député annonçait son retrait de la vie politique « pour raisons personnelles » ou « de santé », le chantage dont il était l’objet se retrouvait sans objet ipso facto.
– Et s’il refusait de mettre fin à sa carrière ? Il est jeune et semble accroc au pouvoir…, objecta Isabelle.
– Nous lui mettrons alors le marché en main. Il se retire ou nous organisons nous-mêmes une fuite dans la presse, répliqua Pierre.
Pierre Cavalier les vit soudain hésitants. Isabelle et Gilbert n’étaient visiblement pas des habitués de ce genre de pratique. C’étaient des idéalistes de la police.
– Ne vous inquiétez pas, le sale boulot c’est ma partie, ajouta-t-il l’air las.
Il avait envie de leur dire que toutes ces conséquences qu’ils jugeaient désagréables étaient en fait devenues inéluctables dès leur prise de décision initiale.
Il s’en abstint. Il y avait plus urgent, comme obtenir une « garantie à vie » sur leur propre existence et celle de tous ceux qui se trouvaient mêlés de près ou de loin à cette magouille et en avaient donc connaissance.
Aucun pouvoir n’aime laisser des témoins de ses turpitudes.
– Ensuite, reprit Pierre Cavalier, il va falloir négocier avec ceux « d’en haut » et obtenir une signature au bas d’un papier qui sera notre sauf-conduit. C’est également mon problème, mais ça ne peut se faire que dans le second temps. Après l’acceptation de Lorrinval.
– Et en attendant ? demanda Gilbert Lenoir.
– Isabelle reste ici. Toi, tu m’accompagnes chez Lorrinval et tu reviens ensuite à la ferme. Après, je me débrouille…
Isabelle opina du chef. Elle savait que seul Pierre pouvait mener à bien la seconde « négociation ».
© Alain Pecunia, 2008.
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mercredi 17 décembre 2008
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