Chapitre 17
On m’a conduit à la prison de Nantes. Le 21 juin. Je n’y suis resté que jusqu’au lundi 7 juillet. Pourtant, ça me plaisait bien. C’était rustique, même un peu austère. Mais j’aimais bien la cellule où j’étais tout seul « étant donné mes mœurs ». J’étais tranquille. Comme protégé. Plus rien ne pouvait m’arriver.
Il y avait même un gardien qui était plein de petites attentions pour moi. Il était gentil. Il m’amenait du chocolat, du saucisson. Des petites choses qui améliorent l’ordinaire d’un prisonnier. Et sans rien demandé en échange.
Il m’a même dit un jour qu’il s’appelait Michel mais que je pouvais l’appeler Michou quand on était entre nous.
Dommage que je ne sois pas resté là plus longtemps. Je suis sûr que nous aurions pu devenir de grands amis. En prison, on a le temps de se faire des amis.
Paraît que je n’étais pas tout à fait responsable. Que mon cas relevait de la psychiatrie. Que j’étais un peu fou, quoi !
Alors on m’a emmené dans un lieu – à Paris ou près de Paris, je ne sais pas vraiment – où il y avait plein de gens comme moi, qu’on m’a dit. Mais je me trouvais plein de différences avec eux. Ils n’étaient pas du tout comme moi. En tout cas, je préférais la prison.
L’avocat m’a dit que j’avais de la chance. Moi, je ne trouve pas. Avec tous les trucs qu’ils me font prendre, je me trouve bizarre.
Je préférais le saucisson et le chocolat de Michou.
Et puis, c’est pas un lieu où l’on peut se faire des amis.
© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.
On m’a conduit à la prison de Nantes. Le 21 juin. Je n’y suis resté que jusqu’au lundi 7 juillet. Pourtant, ça me plaisait bien. C’était rustique, même un peu austère. Mais j’aimais bien la cellule où j’étais tout seul « étant donné mes mœurs ». J’étais tranquille. Comme protégé. Plus rien ne pouvait m’arriver.
Il y avait même un gardien qui était plein de petites attentions pour moi. Il était gentil. Il m’amenait du chocolat, du saucisson. Des petites choses qui améliorent l’ordinaire d’un prisonnier. Et sans rien demandé en échange.
Il m’a même dit un jour qu’il s’appelait Michel mais que je pouvais l’appeler Michou quand on était entre nous.
Dommage que je ne sois pas resté là plus longtemps. Je suis sûr que nous aurions pu devenir de grands amis. En prison, on a le temps de se faire des amis.
Paraît que je n’étais pas tout à fait responsable. Que mon cas relevait de la psychiatrie. Que j’étais un peu fou, quoi !
Alors on m’a emmené dans un lieu – à Paris ou près de Paris, je ne sais pas vraiment – où il y avait plein de gens comme moi, qu’on m’a dit. Mais je me trouvais plein de différences avec eux. Ils n’étaient pas du tout comme moi. En tout cas, je préférais la prison.
L’avocat m’a dit que j’avais de la chance. Moi, je ne trouve pas. Avec tous les trucs qu’ils me font prendre, je me trouve bizarre.
Je préférais le saucisson et le chocolat de Michou.
Et puis, c’est pas un lieu où l’on peut se faire des amis.
© Alain Pecunia, 2008.
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