Chapitre 11 (suite et fin)
Il marqua une pause pour attaquer la dernière langoustine.
– Tu étais le pigeon idéal, quoi ! Ne m’en veux pas, s’empressa-t-il d’ajouter en voyant ma face cramoisie. C’est le business, c’est tout. Il n’y a rien de personnel et pardon s’il y a offense.
Je n’avais toujours pas dégoisé un mot mais j’en étais déjà à mon deuxième verre de muscadet sur lie tant j’avais la gorge sèche.
– Tiens ! pour te détendre, je vais te révéler un de ses petits secrets. Elle ne s’appelait pas Christine mais Georgette. Marrant, non ?
Moi, je ne trouvais pas. Ça me rendait encore plus con et elle pas moins salope.
Puis il se tut tandis que le serveur débarrassait.
Je m’efforçais de trouver une issue à mon impasse. Un moyen de remonter mon handicap. Reprendre l’avantage m’était encore hors de portée.
– Bon, fit-il, en attaquant son filet de bœuf. Assez parlé de Christine, scellons plutôt notre future association…
J’eus le courage de l’interrompre.
– Faut que je te dise, justement à propos de Christine…
– Quoi ? fit-il en haussant les épaules.
– Elle a disparu…
Il me regarda comme s’il avait affaire à un demeuré grave.
– Ben oui. Et alors ? Je t’ai dit que c’était pas un problème.
– C’est pas ça. C’est qu’elle a vraiment disparu.
– Arrête de me prendre pour un con, me coupa-t-il sèchement. Tu l’as butée, tu l’as fait disparaître. Je l’admets et je l’accepte… OK ? Cool, mec.
J’en pouvais plus. J’en avais presque les larmes au bord des yeux et j’arrivais pas à me faire comprendre avec des mots simples.
– C’est son corps qui a disparu… après. Et c’est pas moi qui…
Ça y est, il commençait à comprendre, se rembrunissant.
– Mais qui alors ?
– C’est là le problème, justement, fis-je tristement en haussant les épaules.
Pour lui aussi ce semblait être le problème. Mais je ne me sentais pas de taille pour lui raconter l’histoire du mannequin dans la baille. C’était trop compliqué pour lui le surnaturel. Sa branche, c’était le business. Comme on le lui avait appris à Sup de Co.
Maintenant, c’est lui qui avait moins faim.
– C’est toi qui m’appelais toutes les heures et qui attendais que je décroche pour raccrocher ?
– C’est quoi cette nouvelle connerie ? fit-il étonné.
C’était donc quelqu’un d’autre et je n’étais guère plus avancé sur la disparition de Christine et les coups de fil anonymes.
Mais quelqu’un ne nous voulait pas que du bien. Pour sûr !
Il en convint. Ce qui me réconforta.
– À nous deux, on va élucider ce merdier, dit-il. L’union fait la force !
Moi, justement, je me sentais moins seul et je n’avais plus envie de l’éliminer.
De toute façon, ce me parut au-dessus de mes forces. Pas pour le tuer. Mais après. Quand son cadavre se serait mis à vadrouiller comme celui de Christine.
© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.
Il marqua une pause pour attaquer la dernière langoustine.
– Tu étais le pigeon idéal, quoi ! Ne m’en veux pas, s’empressa-t-il d’ajouter en voyant ma face cramoisie. C’est le business, c’est tout. Il n’y a rien de personnel et pardon s’il y a offense.
Je n’avais toujours pas dégoisé un mot mais j’en étais déjà à mon deuxième verre de muscadet sur lie tant j’avais la gorge sèche.
– Tiens ! pour te détendre, je vais te révéler un de ses petits secrets. Elle ne s’appelait pas Christine mais Georgette. Marrant, non ?
Moi, je ne trouvais pas. Ça me rendait encore plus con et elle pas moins salope.
Puis il se tut tandis que le serveur débarrassait.
Je m’efforçais de trouver une issue à mon impasse. Un moyen de remonter mon handicap. Reprendre l’avantage m’était encore hors de portée.
– Bon, fit-il, en attaquant son filet de bœuf. Assez parlé de Christine, scellons plutôt notre future association…
J’eus le courage de l’interrompre.
– Faut que je te dise, justement à propos de Christine…
– Quoi ? fit-il en haussant les épaules.
– Elle a disparu…
Il me regarda comme s’il avait affaire à un demeuré grave.
– Ben oui. Et alors ? Je t’ai dit que c’était pas un problème.
– C’est pas ça. C’est qu’elle a vraiment disparu.
– Arrête de me prendre pour un con, me coupa-t-il sèchement. Tu l’as butée, tu l’as fait disparaître. Je l’admets et je l’accepte… OK ? Cool, mec.
J’en pouvais plus. J’en avais presque les larmes au bord des yeux et j’arrivais pas à me faire comprendre avec des mots simples.
– C’est son corps qui a disparu… après. Et c’est pas moi qui…
Ça y est, il commençait à comprendre, se rembrunissant.
– Mais qui alors ?
– C’est là le problème, justement, fis-je tristement en haussant les épaules.
Pour lui aussi ce semblait être le problème. Mais je ne me sentais pas de taille pour lui raconter l’histoire du mannequin dans la baille. C’était trop compliqué pour lui le surnaturel. Sa branche, c’était le business. Comme on le lui avait appris à Sup de Co.
Maintenant, c’est lui qui avait moins faim.
– C’est toi qui m’appelais toutes les heures et qui attendais que je décroche pour raccrocher ?
– C’est quoi cette nouvelle connerie ? fit-il étonné.
C’était donc quelqu’un d’autre et je n’étais guère plus avancé sur la disparition de Christine et les coups de fil anonymes.
Mais quelqu’un ne nous voulait pas que du bien. Pour sûr !
Il en convint. Ce qui me réconforta.
– À nous deux, on va élucider ce merdier, dit-il. L’union fait la force !
Moi, justement, je me sentais moins seul et je n’avais plus envie de l’éliminer.
De toute façon, ce me parut au-dessus de mes forces. Pas pour le tuer. Mais après. Quand son cadavre se serait mis à vadrouiller comme celui de Christine.
© Alain Pecunia, 2008.
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