Chapitre 17
Les diverses surveillances furent levées dans la nuit de dimanche à lundi. Excepté celle concernant le lieutenant Toussaint.
Le commissaire Antoine ne pouvait mobiliser plus longtemps ses hommes sur cette affaire et de Laneureuville risquait d’en avoir vent par l’intermédiaire des réseaux qu’il contrôlait encore. Des restes de l’époque où police politique conjuguait à la fois polices parallèles et malfrats.
Isabelle Cavalier était décidée à entendre de nouveau Sabrina Claron et Corinne Cangros. Mais une information, qui lui fut communiquée dès son arrivée au Quai des Orfèvres ce lundi matin, attira son attention.
Angeline de Saint-Fort avait une sœur aînée. Christelle de Saint-Fort, vingt-trois ans, attachée parlementaire au Parlement européen.
Il y avait même son numéro de téléphone.
Elle le composa aussitôt mais tomba sur l’annonce du répondeur.
Isabelle raccrocha sans laisser de message.
À la troisième tentative, à dix heures vingt, elle obtint son interlocutrice.
Le capitaine Cavalier sentit de la réticence dans la voix de Christelle de Saint-Fort dès qu’elle eut décliné ses fonctions.
– Vous appelez pour ma sœur ?
Isabelle Cavalier présenta ses condoléances, s’excusa de l’importuner, mais elle avait pensé que, peut-être, Angeline avait pu se confier à sa grande sœur.
– Vous comprenez, nous sommes à la recherche du moindre élément…
L’attachée parlementaire la coupa.
– Vous savez, je vois rarement mes parents et ma sœur et moi nous étions comme des étrangères avec nos sept ans d’écart. Je crains de ne vous être d’aucune utilité…
Isabelle eut l’impression que Christelle de Saint-Fort avait hâte de mettre fin à l’entretien. Elle ne sentait aucune émotion dans sa voix.
« Pourtant, c’était sa petite sœur, et elle a été assassinée », se dit Isabelle.
Puisque Christelle de Saint-Fort ne manifestait pas d’émotion, le capitaine Cavalier décida d’abandonner son ton compassionnel.
– Vous devez savoir que votre sœur a été violée post-mortem ?
Un silence.
– Je l’ignorais, finit par dire l’aînée des Saint-Fort avec une voix nettement moins assurée.
– Moi, l’état de vos relations avec votre famille, j’en ai rien à foutre, poursuivit brutalement Isabelle. La seule chose qui m’importe, c’est qu’une gamine de seize ans a été tuée et violée. Presque une môme. En tant que femme, ça me donne la haine, quelle que soit la victime, et en tant que femme-flic une immense envie de justice. Je ne supporte pas l’idée qu’un assassin de femme ou un violeur puisse rester impuni. Mais je conçois parfaitement que tout cela puisse vous laisser indifférente. Excusez-moi, mademoiselle de Saint-Fort, de vous avoir importunée.
Isabelle Cavalier raccrocha sans laisser le temps à son interlocutrice de répondre.
« Qu’elle mijote, la salope ! » se dit rageusement Isabelle.
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
Les diverses surveillances furent levées dans la nuit de dimanche à lundi. Excepté celle concernant le lieutenant Toussaint.
Le commissaire Antoine ne pouvait mobiliser plus longtemps ses hommes sur cette affaire et de Laneureuville risquait d’en avoir vent par l’intermédiaire des réseaux qu’il contrôlait encore. Des restes de l’époque où police politique conjuguait à la fois polices parallèles et malfrats.
Isabelle Cavalier était décidée à entendre de nouveau Sabrina Claron et Corinne Cangros. Mais une information, qui lui fut communiquée dès son arrivée au Quai des Orfèvres ce lundi matin, attira son attention.
Angeline de Saint-Fort avait une sœur aînée. Christelle de Saint-Fort, vingt-trois ans, attachée parlementaire au Parlement européen.
Il y avait même son numéro de téléphone.
Elle le composa aussitôt mais tomba sur l’annonce du répondeur.
Isabelle raccrocha sans laisser de message.
À la troisième tentative, à dix heures vingt, elle obtint son interlocutrice.
Le capitaine Cavalier sentit de la réticence dans la voix de Christelle de Saint-Fort dès qu’elle eut décliné ses fonctions.
– Vous appelez pour ma sœur ?
Isabelle Cavalier présenta ses condoléances, s’excusa de l’importuner, mais elle avait pensé que, peut-être, Angeline avait pu se confier à sa grande sœur.
– Vous comprenez, nous sommes à la recherche du moindre élément…
L’attachée parlementaire la coupa.
– Vous savez, je vois rarement mes parents et ma sœur et moi nous étions comme des étrangères avec nos sept ans d’écart. Je crains de ne vous être d’aucune utilité…
Isabelle eut l’impression que Christelle de Saint-Fort avait hâte de mettre fin à l’entretien. Elle ne sentait aucune émotion dans sa voix.
« Pourtant, c’était sa petite sœur, et elle a été assassinée », se dit Isabelle.
Puisque Christelle de Saint-Fort ne manifestait pas d’émotion, le capitaine Cavalier décida d’abandonner son ton compassionnel.
– Vous devez savoir que votre sœur a été violée post-mortem ?
Un silence.
– Je l’ignorais, finit par dire l’aînée des Saint-Fort avec une voix nettement moins assurée.
– Moi, l’état de vos relations avec votre famille, j’en ai rien à foutre, poursuivit brutalement Isabelle. La seule chose qui m’importe, c’est qu’une gamine de seize ans a été tuée et violée. Presque une môme. En tant que femme, ça me donne la haine, quelle que soit la victime, et en tant que femme-flic une immense envie de justice. Je ne supporte pas l’idée qu’un assassin de femme ou un violeur puisse rester impuni. Mais je conçois parfaitement que tout cela puisse vous laisser indifférente. Excusez-moi, mademoiselle de Saint-Fort, de vous avoir importunée.
Isabelle Cavalier raccrocha sans laisser le temps à son interlocutrice de répondre.
« Qu’elle mijote, la salope ! » se dit rageusement Isabelle.
© Alain Pecunia, 2009.
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