Chapitre 9
Isabelle Cavalier put tenir jusqu’à ce que la petite fût couchée. Ensuite elle craqua et chercha le réconfort dans les bras de son mari, le seul des deux hommes de sa vie qui lui restât. Pleurant et reniflant jusqu’à ce que ses larmes se tarissent d’elles-mêmes avant de pouvoir parler.
– Tu comprends, nous n’avons jamais eu d’autre piste que celle de Phil à l’époque. C’était notre seul vrai suspect. Et mon témoignage a même été déterminant dans l’abandon de cette piste. Alors que c’était lui l’assassin ! Tu te rends compte de ma connerie…? Et il faut que ce soit ce lieutenant à peine débarqué chez nous qui établisse un lien entre notre ancien suspect et la description du suspect du crime de la petite Julie Bernard faite par le témoin… J’étais tellement aveuglée par mes sentiments pour Phil que j’ai même pas été capable de faire ce rapprochement évident. Merde ! pourtant ça se voit comme une verrue en plein milieu du visage. C’est Phil notre assassin ! Et il ne s’est même pas défendu quand j’ai été le voir… Il est ailleurs.
– Tu vas l’arrêter toi-même ? demanda Pierre Cavalier.
– Oui, dit nerveusement sa femme, et après je donnerai ma démission de la police.
Pierre ne dit rien.
Philippe-Henri Dumontar, l’honorable agrégé de lettres, était à la fois un assassin – même pas ordinaire, il fallait qu’il ait fait de la « série » – et le parrain et « grand-père » de leur fille baptisée Philippine en son honneur !
Pierre imagina un instant les titres des médias.
« Un couple de policiers protégeait un serial killer ! » « Deux officiers de police complices du Père Noël tueur ! » « La police a-t-elle sciemment soustrait un des assassins les plus recherchés de France à la justice ? » « Un assassin partage l’intimité d’un couple de policiers »…
Même son rôle d’indicateur des Stups finirait par ressortir. Avec les photos des fêtes et « pots de flics » au Relais angevin.
Ils allaient tous deux, Isa et lui, se trouvaient dans l’œil du cyclone médiatique. Et il y aurait des éclaboussures. Le moindre flic ayant croisé le chemin de Philippe-Henri serait mouillé.
Isa avait raison. Elle n’avait d’autre choix que de donner sa démission dès qu’elle aurait déféré Phil à la justice.
Lui-même en ferait de même. Pour son honneur de flic et, surtout, pour sauver son couple.
– Tu te souviens, dit-elle ? Quand, je t’ai présenté Phil, tu as exprimé des réserves à son égard. « Je ne le sens pas », tu disais. Moi, pauvre conne, j’ai pris ça pour de la jalousie entre mecs. Surtout que lui aussi était des plus réservés à ton égard. Et je comprends ses raisons maintenant, à ce vieil enfoiré ! Tandis que toi, c’était l’intuition d’un pro… Mon pauvre chéri, d’en quoi je t’ai embarqué !
– Je serai avec toi, ma chérie, dit-il en déposant de tendres baisers sur ses yeux humides de larmes.
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
Isabelle Cavalier put tenir jusqu’à ce que la petite fût couchée. Ensuite elle craqua et chercha le réconfort dans les bras de son mari, le seul des deux hommes de sa vie qui lui restât. Pleurant et reniflant jusqu’à ce que ses larmes se tarissent d’elles-mêmes avant de pouvoir parler.
– Tu comprends, nous n’avons jamais eu d’autre piste que celle de Phil à l’époque. C’était notre seul vrai suspect. Et mon témoignage a même été déterminant dans l’abandon de cette piste. Alors que c’était lui l’assassin ! Tu te rends compte de ma connerie…? Et il faut que ce soit ce lieutenant à peine débarqué chez nous qui établisse un lien entre notre ancien suspect et la description du suspect du crime de la petite Julie Bernard faite par le témoin… J’étais tellement aveuglée par mes sentiments pour Phil que j’ai même pas été capable de faire ce rapprochement évident. Merde ! pourtant ça se voit comme une verrue en plein milieu du visage. C’est Phil notre assassin ! Et il ne s’est même pas défendu quand j’ai été le voir… Il est ailleurs.
– Tu vas l’arrêter toi-même ? demanda Pierre Cavalier.
– Oui, dit nerveusement sa femme, et après je donnerai ma démission de la police.
Pierre ne dit rien.
Philippe-Henri Dumontar, l’honorable agrégé de lettres, était à la fois un assassin – même pas ordinaire, il fallait qu’il ait fait de la « série » – et le parrain et « grand-père » de leur fille baptisée Philippine en son honneur !
Pierre imagina un instant les titres des médias.
« Un couple de policiers protégeait un serial killer ! » « Deux officiers de police complices du Père Noël tueur ! » « La police a-t-elle sciemment soustrait un des assassins les plus recherchés de France à la justice ? » « Un assassin partage l’intimité d’un couple de policiers »…
Même son rôle d’indicateur des Stups finirait par ressortir. Avec les photos des fêtes et « pots de flics » au Relais angevin.
Ils allaient tous deux, Isa et lui, se trouvaient dans l’œil du cyclone médiatique. Et il y aurait des éclaboussures. Le moindre flic ayant croisé le chemin de Philippe-Henri serait mouillé.
Isa avait raison. Elle n’avait d’autre choix que de donner sa démission dès qu’elle aurait déféré Phil à la justice.
Lui-même en ferait de même. Pour son honneur de flic et, surtout, pour sauver son couple.
– Tu te souviens, dit-elle ? Quand, je t’ai présenté Phil, tu as exprimé des réserves à son égard. « Je ne le sens pas », tu disais. Moi, pauvre conne, j’ai pris ça pour de la jalousie entre mecs. Surtout que lui aussi était des plus réservés à ton égard. Et je comprends ses raisons maintenant, à ce vieil enfoiré ! Tandis que toi, c’était l’intuition d’un pro… Mon pauvre chéri, d’en quoi je t’ai embarqué !
– Je serai avec toi, ma chérie, dit-il en déposant de tendres baisers sur ses yeux humides de larmes.
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
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