mercredi 25 novembre 2009

Noir Express : "Sous le signe du rosaire (Le retour)" (C. C. XIII) par Alain Pecunia, Chapitre 16


Chapitre 16





Ce dimanche 4 janvier, rien ne bougea avant seize heures trente.
Le lieutenant Toussaint venait d’être relevé par un collègue de la Crim pour la surveillance de Philippe-Henri Dumontar.
Philippe-Henri n’était sorti qu’en fin de matinée pour acheter son pain rue Nicot. Depuis, il n’était pas ressorti de son domicile.
Le lieutenant Gilbert Lenoir des Stups, qui avait relevé un de ses collègues une heure plus tôt pour la double surveillance du professeur et de Toussaint, choisi de filer Matthieu Toussaint.
Celui-ci remonta à pied la rue Saint-Dominique jusqu’à l’avenue Bosquet, qu’il traversa pour s’engager ensuite dans une petite rue parallèle.
Il pénétra sous une porte cochère et alla jusqu’au fond de la cour où se dressait un immeuble de quatre étages qui se révéla être un hôtel particulier.
Lenoir attendit cinq minutes après que Toussaint y eut pénétré mais préféra ne pas traverser la cour pour éviter de se faire remarquer. Il releva seulement le numéro d’immatriculation de la 607 Peugeot garée dans la cour. Avec un peu de chance, c’était celle du propriétaire.
En cinq minutes, le commissaire Antoine obtint le nom de son propriétaire au fichier des cartes grises.
Une demi-heure plus tard, après être entré sur plusieurs bases de données à l’aide de son ordinateur portable, Pierre Cavalier imprimait le curriculum vitae de celui-ci.
Bernard Bonnot, cinquante-trois ans, préfet en disponibilité pour convenance personnelle depuis deux ans.
Il avait alors hérité de son père, un des commissaires-priseurs les plus en vue de la place de Paris, un patrimoine des plus confortables. Comprenant cet hôtel particulier dont les deux premiers étages avaient servi de bureaux et les deux autres d’appartements.
Pierre Cavalier garda pour lui ce qu’il découvrit dans la base du « Service ».
Bernard Bonnot était un proche de Pierre-Marie de Laneureuville, l’actuel garde des Sceaux et grand manipulateur de l’ombre, qui avait tenté de prendre le contrôle du « Service » et s’était vu évincé de sa direction au profit de Pierre Cavalier.
Une photo accompagnait le curriculum vitae.
Isabelle n’en crut d’abord pas ses yeux.
C’était l’homme qu’elle avait croisé sur le palier des Bernard lorsqu’elle leur avait rendu visite en fin de matinée le 1er janvier, jeudi.
– Ben dis donc, dit Antoine, sur quoi on est tombés ? Que du beau monde… Mais je vais manquer d’hommes pour rajouter une nouvelle surveillance. Comme il y a déjà la Crim et les Stups sur le coup, si tu veux, j’appelle des potes de mœurs en renfort ? »
C’était une boutade, mais Isabelle ne le prit pas pour telle.
Elle reniflait une sale piste nauséabonde.
Mais que venait faire Phil là-dedans, ou, plutôt, à quoi servait-il ?


© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.

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