Chapitre 13
Isabelle Cavalier fut surprise, en rentrant chez elle vers dix-huit heures, d’y trouver son mari en compagnie d’Antoine, leur ami commissaire aux Stups. Quarante-sept ans, fonceur, grande gueule, jovial, fidèle en amitié mais manquant singulièrement de subtilité.
« Il ne l’a quand même pas invité à dîner ce soir ! » se dit Isabelle en grimaçant un sourire à Antoine.
– Alors, ma belle, besoin d’un coup de main ? lança Antoine d’un ton jovial.
Isabelle ne comprenait pas. Ou trop bien.
– Qu’est-ce que tu as bien encore pu raconter sur mon enquête…, commença-t-elle d’un ton agressif en foudroyant son mari du regard.
– Stop ! dit Pierre en portant ses mains devant lui comme pour se protéger. J’ai des nouvelles pour toi…
– Nous ! corrigea Antoine.
– Oui, nous avons des nouvelles pour toi, reprit Pierre.
– Bonnes ou mauvaises ? demanda Isabelle d’un ton méfiant tout en ôtant son blouson.
– Ça dépend, fit Pierre. Mais assieds-toi, tu vas en avoir besoin.
Il attendit qu’Isabelle se fût assise sur le canapé pour poursuivre.
– Voilà, ton lieutenant Toussaint, le Matthieu qui vient des mœurs, je me suis renseigné sur lui… J’ai quand même passé huit ans dans cette boutique et j’y ai conservé de bons potes.
– Et alors ? s’impatienta Isabelle.
– Eh bien, il y jouissait d’une fort mauvaise réputation. Il a demandé sa mutation à temps, sinon il allait se faire virer. Ce serait un véreux.
– Mais comment serait-il arrivé chez nous avec une telle réputation ?
– Oh ! quelqu’un l’aura pistonné ou donné une dernière chance…
Isabelle Cavalier s’était renfrognée. Elle voyait de moins en moins clair dans tout ça.
– Et Antoine, qu’est-ce qu’il vient faire là-dedans ?
– Il a demandé à Gilbert Lenoir d’organiser une filature de ton Matthieu Toussaint.
– Mais, s’il se rend compte qu’il est filé, ça peut faire scandale, protesta Isabelle. On n’a vraiment pas besoin de ça en ce moment ! Vous êtes barges, ou quoi ?
– Mais non, ma belle, dit Antoine en s’asseyant près d’elle. On va mettre un peu de coke dans sa bagnole. S’il se rend compte de la filature et veut se rebiffer, eh ben, on a de quoi la justifier !
– Tous les deux, vous êtes vraiment pas des flics normaux ! fit-elle en esquissant un sourire. Mais ça va donner quoi de le filer ? Moi, c’est l’assassin – ou les assassins – qu’il me faut…
– Écoute, reprit Pierre, tout ça sent le coup fourré. Ton Toussaint mènera peut-être quelque part. Par ailleurs, j’ai demandé à Antoine de mettre discrètement sous surveillance les deux amies de la seconde victime, Angeline de Saint-Fort, ainsi que leurs parents, sans oublier les Bernard…
– Mais c’est dingue, tout ça ! s’emporta Isabelle. Vous allez me mettre dans le caca. Ce sont tous des hauts fonctionnaires avec des relations et des réseaux pas possible ! C’est un coup à se faire virer…
– Je croyais que tu voulais démissionner ? la coupa ironiquement son mari.
– Oui, mais avant, je veux aller jusqu’au bout de mon enquête moi-même ! Avec mes méthodes ! Pierre Cavalier regardait sa femme avec tendresse, songeant à son entrevue avec l’émissaire de l’Élysée et combien elle pouvait être à mille lieues de l’idée d’un coup tordu monté contre eux deux – et visant peut-être le « Service ».
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
Isabelle Cavalier fut surprise, en rentrant chez elle vers dix-huit heures, d’y trouver son mari en compagnie d’Antoine, leur ami commissaire aux Stups. Quarante-sept ans, fonceur, grande gueule, jovial, fidèle en amitié mais manquant singulièrement de subtilité.
« Il ne l’a quand même pas invité à dîner ce soir ! » se dit Isabelle en grimaçant un sourire à Antoine.
– Alors, ma belle, besoin d’un coup de main ? lança Antoine d’un ton jovial.
Isabelle ne comprenait pas. Ou trop bien.
– Qu’est-ce que tu as bien encore pu raconter sur mon enquête…, commença-t-elle d’un ton agressif en foudroyant son mari du regard.
– Stop ! dit Pierre en portant ses mains devant lui comme pour se protéger. J’ai des nouvelles pour toi…
– Nous ! corrigea Antoine.
– Oui, nous avons des nouvelles pour toi, reprit Pierre.
– Bonnes ou mauvaises ? demanda Isabelle d’un ton méfiant tout en ôtant son blouson.
– Ça dépend, fit Pierre. Mais assieds-toi, tu vas en avoir besoin.
Il attendit qu’Isabelle se fût assise sur le canapé pour poursuivre.
– Voilà, ton lieutenant Toussaint, le Matthieu qui vient des mœurs, je me suis renseigné sur lui… J’ai quand même passé huit ans dans cette boutique et j’y ai conservé de bons potes.
– Et alors ? s’impatienta Isabelle.
– Eh bien, il y jouissait d’une fort mauvaise réputation. Il a demandé sa mutation à temps, sinon il allait se faire virer. Ce serait un véreux.
– Mais comment serait-il arrivé chez nous avec une telle réputation ?
– Oh ! quelqu’un l’aura pistonné ou donné une dernière chance…
Isabelle Cavalier s’était renfrognée. Elle voyait de moins en moins clair dans tout ça.
– Et Antoine, qu’est-ce qu’il vient faire là-dedans ?
– Il a demandé à Gilbert Lenoir d’organiser une filature de ton Matthieu Toussaint.
– Mais, s’il se rend compte qu’il est filé, ça peut faire scandale, protesta Isabelle. On n’a vraiment pas besoin de ça en ce moment ! Vous êtes barges, ou quoi ?
– Mais non, ma belle, dit Antoine en s’asseyant près d’elle. On va mettre un peu de coke dans sa bagnole. S’il se rend compte de la filature et veut se rebiffer, eh ben, on a de quoi la justifier !
– Tous les deux, vous êtes vraiment pas des flics normaux ! fit-elle en esquissant un sourire. Mais ça va donner quoi de le filer ? Moi, c’est l’assassin – ou les assassins – qu’il me faut…
– Écoute, reprit Pierre, tout ça sent le coup fourré. Ton Toussaint mènera peut-être quelque part. Par ailleurs, j’ai demandé à Antoine de mettre discrètement sous surveillance les deux amies de la seconde victime, Angeline de Saint-Fort, ainsi que leurs parents, sans oublier les Bernard…
– Mais c’est dingue, tout ça ! s’emporta Isabelle. Vous allez me mettre dans le caca. Ce sont tous des hauts fonctionnaires avec des relations et des réseaux pas possible ! C’est un coup à se faire virer…
– Je croyais que tu voulais démissionner ? la coupa ironiquement son mari.
– Oui, mais avant, je veux aller jusqu’au bout de mon enquête moi-même ! Avec mes méthodes ! Pierre Cavalier regardait sa femme avec tendresse, songeant à son entrevue avec l’émissaire de l’Élysée et combien elle pouvait être à mille lieues de l’idée d’un coup tordu monté contre eux deux – et visant peut-être le « Service ».
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
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