Chapitre 5
Euh-Euh resta à regarder les policiers chercher des indices dans la zone présumée du lieu du crime même après que le corps eut été emporté à l’institut médico-légal.
Parfois, ils devaient l’écarter du périmètre. « Euh-Euh, ne reste pas dans nos pattes », « Euh-Euh, traîne pas par ici »…
Euh-Euh était d’une patience infinie.
Il cherchait à comprendre le sens de tout ce remue-ménage. Il aurait bien aimé faire comme eux et les aider à chercher. Mais ils ne semblaient pas vouloir qu’on les aide.
Vers dix-sept heures, deux heures plus tard, le capitaine Cavalier décida de prendre du champ et de rentrer. Elle voulait revoir tout le dossier à tête reposée. Faire son boulot d’analyse et de déduction.
C’était étrange car elle avait le sentiment à la fois d’être très proche de la solution et d’en être éloignée. Il y avait quelque chose d’évident dans ces meurtres qu’elle n’arrivait pas à saisir.
Elle passa près de Euh-Euh et eut l’idée, puisqu’elle se rendait chez Phil – Philippe-Henri Dumontar, l’homme qu’elle aurait aimé avoir pour père et qui était à la fois le parrain et le Papy de sa fille qui venait d’avoir trois ans le 23 août dernier – de raccompagner Patrice Dutour chez lui.
D’ailleurs, elle aurait dû le faire raccompagner chez lui dès le début. Où avait-elle la tête pour ne pas y avoir pensé ? Peut-être à cause d’Antoine qui avait voulu faire tout son cinéma et s’était planté. Parfois, elle le trouvait impossible.
Pourtant, elle était surprise que Euh-Euh n’ait pas paru le moins du monde perturbé après avoir assisté à un tel crime. Ne ressentait-il rien ? Intériorisait-il tous ses sentiments ?
En tout cas, elle aurait dû le faire raccompagner.
Rétrospectivement, elle se dit qu’il avait bien eu de la chance que l’assassin ne s’en prenne pas à lui, le seul témoin de son crime. Elle en frissonna.
Mais oui, c’était évident ! L’assassin connaissait Euh-Euh et savait qu’il ne pourrait jamais témoigner. Qu’en conséquence, le meurtrier habitait le quartier. Qu’il était peut-être un membre de la « bande tricolore ». Ou un ancien habitué du Relais angevin…
Le capitaine Cavalier était fière de son raisonnement.
Elle avait – enfin ! – un début de piste.
Euh-Euh lui avait porté chance. Mais il faudrait qu’elle dise à ses parents – qui devaient sûrement être de bien braves gens – de le surveiller un peu plus ces temps-ci avec ce tueur qui rôdait dans le quartier.
Elle lui sourit et le prit par le bras après lui avoir dit, gestuelle à l’appui, qu’elle le raccompagnait chez lui en voiture.
Patrice Dutour parut enchanté de l’idée.
Il tapota du plat de sa main droite sa poitrine. Plusieurs fois. Répétant : « Euh-euh… » avec insistance. Comme voulant signifier : « C’est moi ». Ou quelque chose d’approchant. Isabelle Cavalier n’était pas bien sûre de l’interprétation à donner.
– Mais oui, Euh-Euh, c’est toi, dit-elle à tout hasard.
Mais elle devait avoir vu juste car il manifesta une grande satisfaction par une litanie de « euh-euh… ».
© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.
Euh-Euh resta à regarder les policiers chercher des indices dans la zone présumée du lieu du crime même après que le corps eut été emporté à l’institut médico-légal.
Parfois, ils devaient l’écarter du périmètre. « Euh-Euh, ne reste pas dans nos pattes », « Euh-Euh, traîne pas par ici »…
Euh-Euh était d’une patience infinie.
Il cherchait à comprendre le sens de tout ce remue-ménage. Il aurait bien aimé faire comme eux et les aider à chercher. Mais ils ne semblaient pas vouloir qu’on les aide.
Vers dix-sept heures, deux heures plus tard, le capitaine Cavalier décida de prendre du champ et de rentrer. Elle voulait revoir tout le dossier à tête reposée. Faire son boulot d’analyse et de déduction.
C’était étrange car elle avait le sentiment à la fois d’être très proche de la solution et d’en être éloignée. Il y avait quelque chose d’évident dans ces meurtres qu’elle n’arrivait pas à saisir.
Elle passa près de Euh-Euh et eut l’idée, puisqu’elle se rendait chez Phil – Philippe-Henri Dumontar, l’homme qu’elle aurait aimé avoir pour père et qui était à la fois le parrain et le Papy de sa fille qui venait d’avoir trois ans le 23 août dernier – de raccompagner Patrice Dutour chez lui.
D’ailleurs, elle aurait dû le faire raccompagner chez lui dès le début. Où avait-elle la tête pour ne pas y avoir pensé ? Peut-être à cause d’Antoine qui avait voulu faire tout son cinéma et s’était planté. Parfois, elle le trouvait impossible.
Pourtant, elle était surprise que Euh-Euh n’ait pas paru le moins du monde perturbé après avoir assisté à un tel crime. Ne ressentait-il rien ? Intériorisait-il tous ses sentiments ?
En tout cas, elle aurait dû le faire raccompagner.
Rétrospectivement, elle se dit qu’il avait bien eu de la chance que l’assassin ne s’en prenne pas à lui, le seul témoin de son crime. Elle en frissonna.
Mais oui, c’était évident ! L’assassin connaissait Euh-Euh et savait qu’il ne pourrait jamais témoigner. Qu’en conséquence, le meurtrier habitait le quartier. Qu’il était peut-être un membre de la « bande tricolore ». Ou un ancien habitué du Relais angevin…
Le capitaine Cavalier était fière de son raisonnement.
Elle avait – enfin ! – un début de piste.
Euh-Euh lui avait porté chance. Mais il faudrait qu’elle dise à ses parents – qui devaient sûrement être de bien braves gens – de le surveiller un peu plus ces temps-ci avec ce tueur qui rôdait dans le quartier.
Elle lui sourit et le prit par le bras après lui avoir dit, gestuelle à l’appui, qu’elle le raccompagnait chez lui en voiture.
Patrice Dutour parut enchanté de l’idée.
Il tapota du plat de sa main droite sa poitrine. Plusieurs fois. Répétant : « Euh-euh… » avec insistance. Comme voulant signifier : « C’est moi ». Ou quelque chose d’approchant. Isabelle Cavalier n’était pas bien sûre de l’interprétation à donner.
– Mais oui, Euh-Euh, c’est toi, dit-elle à tout hasard.
Mais elle devait avoir vu juste car il manifesta une grande satisfaction par une litanie de « euh-euh… ».
© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.
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