Chapitre 4
Le lieutenant Gilbert Lenoir avait traîné ses guêtres durant quarante-huit heures en faisant chou blanc.
Il préférait à présent procéder par téléphone interposé. C’était plus commode.
Le commissaire Antoine, quant à lui, se trouvait dans un tel état d’énervement qu’il était en train d’envisager de perfectionner la traque au couteau à désosser en recensant les bouchers et anciens bouchers parisiens.
– Si en plus je dois me taper les maisons de retraite…, marmonna le lieutenant dans sa barbe.
Quand le commissaire Antoine se sentait personnellement défié par un criminel, comme c’était présentement le cas, il n’était pas vraiment à prendre avec des pincettes.
– Excellente idée, lieutenant ! rétorqua-t-il de sa voix de stentor.
– Je blaguais, commissaire…, tenta de se défendre le subalterne.
– Ah ! parce que vous croyez que vous êtes aux Stups pour blaguer, vous ? Lieutenant, vous allez immédiatement…
Le jeune lieutenant n’eut pas droit au pire car le portable du commissaire résonna.
– Comment ça !
Il hurlait.
– En plein jour, maintenant !
Il devenait hystérique.
– Quoi ? Mais c’est pas possible !
Pourtant, ça devait l’être pour qu’il devienne blême.
– Juste devant chez eux ! Sous le métro aérien ? Sur le parking ?
Quand il se mettait en colère, il avait le souffle court.
– Qu’est-ce que vous me dites ? Ils disent qu’on ne fout rien ? Mais, ils ont qu’à se la surveiller leur taule à la con !
Il coupa rageusement son portable et convoqua toute son équipe. Tournant rageusement dans le bureau en attendant que tout son petit monde soit réuni.
– On y va en force ! hurla-t-il lorsqu’ils furent tous là.
Personne n’osa demander où. Mais ce devait être grave. Sûrement une descente musclée sur le renseignement d’un des indics personnels du patron. Des bons. Qui faisaient sa force et étaient le fondement de sa réputation de « grand flic ».
– Et en plus, ils se foutent de nous ! les STUPS ! C’est insupportable…
Un capitaine qui le pratiquait depuis longtemps lui demanda s’il pouvait préciser le problème, parce que, eux, là, ils prenaient le train en marche et ne comprenaient pas tout à fait les tenants et aboutissants.
Le commissaire le fusilla du regard et répondit rageusement :
– On fonce avec une forte équipe de trois voitures rue Nélaton !
Consternation générale et muette jusqu’à ce que le lieutenant Gilbert Lenoir, jeune flic et nouveau venu aux Stups, donc naïf et voulant bien faire, énonce l’évidence :
– Mais c’est le siège de la DST, patron…
Le commissaire Antoine lui jeta un regard de condescendance qui fit rentrer le lieutenant sous terre.
– Qu’est-ce que vous croyez ? Bien sûr que je le sais ! Mais ils se foutent de notre gueule et on va leur montrer que nous en avons !
Trois équipes de trois foncèrent toutes sirènes hurlantes et gyrophares en folie jusqu’au siège de la DST. Peinant pour suivre la voiture de leur patron qui s’offrit un freinage en dérapage contrôlé à la hauteur de la grille d’entrée de la DST boulevard de Grenelle. À la stupéfaction des agents de garde. Qui eurent pour premier réflexe de porter la main à leur arme.
© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.
Le lieutenant Gilbert Lenoir avait traîné ses guêtres durant quarante-huit heures en faisant chou blanc.
Il préférait à présent procéder par téléphone interposé. C’était plus commode.
Le commissaire Antoine, quant à lui, se trouvait dans un tel état d’énervement qu’il était en train d’envisager de perfectionner la traque au couteau à désosser en recensant les bouchers et anciens bouchers parisiens.
– Si en plus je dois me taper les maisons de retraite…, marmonna le lieutenant dans sa barbe.
Quand le commissaire Antoine se sentait personnellement défié par un criminel, comme c’était présentement le cas, il n’était pas vraiment à prendre avec des pincettes.
– Excellente idée, lieutenant ! rétorqua-t-il de sa voix de stentor.
– Je blaguais, commissaire…, tenta de se défendre le subalterne.
– Ah ! parce que vous croyez que vous êtes aux Stups pour blaguer, vous ? Lieutenant, vous allez immédiatement…
Le jeune lieutenant n’eut pas droit au pire car le portable du commissaire résonna.
– Comment ça !
Il hurlait.
– En plein jour, maintenant !
Il devenait hystérique.
– Quoi ? Mais c’est pas possible !
Pourtant, ça devait l’être pour qu’il devienne blême.
– Juste devant chez eux ! Sous le métro aérien ? Sur le parking ?
Quand il se mettait en colère, il avait le souffle court.
– Qu’est-ce que vous me dites ? Ils disent qu’on ne fout rien ? Mais, ils ont qu’à se la surveiller leur taule à la con !
Il coupa rageusement son portable et convoqua toute son équipe. Tournant rageusement dans le bureau en attendant que tout son petit monde soit réuni.
– On y va en force ! hurla-t-il lorsqu’ils furent tous là.
Personne n’osa demander où. Mais ce devait être grave. Sûrement une descente musclée sur le renseignement d’un des indics personnels du patron. Des bons. Qui faisaient sa force et étaient le fondement de sa réputation de « grand flic ».
– Et en plus, ils se foutent de nous ! les STUPS ! C’est insupportable…
Un capitaine qui le pratiquait depuis longtemps lui demanda s’il pouvait préciser le problème, parce que, eux, là, ils prenaient le train en marche et ne comprenaient pas tout à fait les tenants et aboutissants.
Le commissaire le fusilla du regard et répondit rageusement :
– On fonce avec une forte équipe de trois voitures rue Nélaton !
Consternation générale et muette jusqu’à ce que le lieutenant Gilbert Lenoir, jeune flic et nouveau venu aux Stups, donc naïf et voulant bien faire, énonce l’évidence :
– Mais c’est le siège de la DST, patron…
Le commissaire Antoine lui jeta un regard de condescendance qui fit rentrer le lieutenant sous terre.
– Qu’est-ce que vous croyez ? Bien sûr que je le sais ! Mais ils se foutent de notre gueule et on va leur montrer que nous en avons !
Trois équipes de trois foncèrent toutes sirènes hurlantes et gyrophares en folie jusqu’au siège de la DST. Peinant pour suivre la voiture de leur patron qui s’offrit un freinage en dérapage contrôlé à la hauteur de la grille d’entrée de la DST boulevard de Grenelle. À la stupéfaction des agents de garde. Qui eurent pour premier réflexe de porter la main à leur arme.
© Alain Pecunia, 2008.
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