samedi 29 novembre 2008

Noir Express : Euh-Euh ! (C. C. VIII) par Alain Pecunia, Chapitre 5 (suite et fin)

Chapitre 5 (suite et fin)





Les parents de Patrice furent surpris de découvrir leur fils au bras d’une charmante jeune femme lorsqu’ils ouvrirent leur porte à Isabelle.
– Il n’a pas fait de bêtise, au moins ? s’enquit aussitôt sa mère.
Isabelle Cavalier la rassura.
– Oh ! pas le moins du monde, madame. Votre fils ne ferait pas de mal à une mouche.
– Oh ! ça, vous pouvez le dire !
Après s’être présentée, Isabelle expliqua gravement que Euh-… – Patrice, voulait-elle dire – avait été le témoin bien involontaire d’un crime.
Gros émoi de la maman. C’était compréhensible.
Elle appela son mari. Qui les rejoignit.
Re-explication. Et puis prendre des précautions avec ce tueur qui rôdait tant qu’il n’aurait pas été arrêté. Un maniaque du couteau.
Il serait donc sage que Patrice ne sorte pas pendant un certain temps.
Louis Dutour allait dire que, justement, comme c’est étrange, il avait découvert que cinq de ses couteaux – les couteaux de boucher de son père – avaient disparu, précisément…
Le capitaine Cavalier avait senti que M. Dutour souhaitait prendre la parole et elle lui adressa un sourire d’encouragement car il semblait être un homme timide ou réservé.
Mais sa femme reprit la parole.
Louis Dutour avait l’habitude que Paulette monopolise la conversation. Et puis, à quoi bon ennuyer un capitaine de la Criminelle, qui avait ces horribles crimes à résoudre, avec cette histoire de couteaux disparus ?
Paulette, justement, était en train de parler de la mort de la petite voisine du dessus, celle qui se droguait.
– Elle était toujours très gentille avec Patrice. Elle lui faisait la bise et se promenait parfois avec lui. Eh bien, quand il est apparu évident qu’elle se droguait et que ça allait de mal en pire pour elle, Patrice en a semblé très perturbé. Mais, curieusement, quand elle est morte, il y a juste quatre mois, eh bien, il n’a pas eu de réaction. Comme s’il était totalement indifférent ou ne réalisait pas ce qui était arrivé. C’est curieux, n’est-ce pas ?
– Et de quoi est-elle morte ?
– Oh ! un malheur… Une overdose…
Après le départ du capitaine, Louis Dutour reprocha à sa femme d’avoir ennuyé le capitaine avec l’histoire de la mort de la petite voisine. Puis il lui dit que, quand même, il aurait pu lui parler de cette histoire de couteaux disparus.
Celle-ci haussa les épaules.
– Mais, mon pauvre Louis, quel rapport avec les couteaux à désosser de ton père ?
C’était vrai.
Les médias, à la demande de la police, s’étaient faits discrets sur ces trois meurtres. Qui avaient été traités comme de banals faits divers. Des règlements de comptes entre petits trafiquants.
Il ne fallait pas inquiéter inutilement la population des « beaux quartiers ».
De toute façon, les médias ignoraient qu’il s’agissait de couteaux à désosser. Les services de police concernés avaient préféré garder le silence sur ce point.
Le patron de la Crim avait estimé que c’était leur botte secrète. Que lorsqu’ils auraient identifié la provenance de ce type d’« arme », ils auraient fait un grand pas dans l’enquête.


© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.

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