Chapitre 13
Isa avait peut-être raison. Parce que, le lundi matin, je me sentais plutôt vaseux et avec un haut-le-cœur rien qu’à penser à tout ce qu’on avait englouti la veille.
Isa, Phil et Philippine semblaient frais comme des gardons. Pourtant, Phil, c’est pas de la menthe à l’eau qu’il avait bue hier.
L’idée m’est même venue que Phil pouvait être ce qu’on appelle un alcoolique mondain. Il devait s’entraîner en privé et boire de la menthe en public pour fignoler son image de prof respectable et respecté.
À dix heures, alors que je n’avais pas encore réellement émergé de mes vapeurs, il nous lança, tout pimpant et plein d’entrain :
– Excusez-moi, mais je dois m’absenter… J’ai rendez-vous avec mes amis.
– Je veux venir avec toi, Papy !
– Si tu veux, ma chérie.
Tout compte fait, ça m’a rassuré de les voir partir à pied tous les deux. Il serait incapable de faire des conneries en présence de Philippine.
Mais je n’ai pas pu tirer les vers du nez de ma fille quand ils sont revenus vers midi. Pourtant, les mômes ça saisit des trucs. Même à trois ans.
Je ne suis parvenu qu’à me faire engueuler par Isa qui m’a surpris en train de questionner Philippine.
– Tu ne vas quand même pas faire de ta fille une indic précoce !
Pourtant, un flic sans indic c’est comme un poisson hors de son bocal. C’est notre oxygène et notre gagne-pain. Nos yeux et nos oreilles. Même notre nez… Elle le sait, Isa !
D’accord, il y a des indics crapuleux et sordides. Mais il y en a d’autres qui sont très bien. Comme Phil, par exemple.
Là, ça ne l’a pas gênée quand elle lui a demandé comme un service personnel de servir d’indic à Antoine ! Pourtant, elle le considère comme son père…
Mais j’ai senti qu’Isa ne serait pas accessible à ce raisonnement. Qu’elle se braquerait si je touchais à Papy.
Isa, quand elle s’y met, elle peut être l’incarnation de la pire mauvaise foi féminine.
La preuve, je l’ai surprise après déjeuner, alors qu’elle couchait notre fille pour sa sieste, en train de la questionner à son tour…
– J’ai promis à Papy, maman. Nous avons nos secrets, Papy et moi…
Elle est très bien, ma fille !
Parfois, je me dis que, ma femme et moi, nous sommes à l’image de la guerre des polices. Chacun pour soi !
© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.
Isa avait peut-être raison. Parce que, le lundi matin, je me sentais plutôt vaseux et avec un haut-le-cœur rien qu’à penser à tout ce qu’on avait englouti la veille.
Isa, Phil et Philippine semblaient frais comme des gardons. Pourtant, Phil, c’est pas de la menthe à l’eau qu’il avait bue hier.
L’idée m’est même venue que Phil pouvait être ce qu’on appelle un alcoolique mondain. Il devait s’entraîner en privé et boire de la menthe en public pour fignoler son image de prof respectable et respecté.
À dix heures, alors que je n’avais pas encore réellement émergé de mes vapeurs, il nous lança, tout pimpant et plein d’entrain :
– Excusez-moi, mais je dois m’absenter… J’ai rendez-vous avec mes amis.
– Je veux venir avec toi, Papy !
– Si tu veux, ma chérie.
Tout compte fait, ça m’a rassuré de les voir partir à pied tous les deux. Il serait incapable de faire des conneries en présence de Philippine.
Mais je n’ai pas pu tirer les vers du nez de ma fille quand ils sont revenus vers midi. Pourtant, les mômes ça saisit des trucs. Même à trois ans.
Je ne suis parvenu qu’à me faire engueuler par Isa qui m’a surpris en train de questionner Philippine.
– Tu ne vas quand même pas faire de ta fille une indic précoce !
Pourtant, un flic sans indic c’est comme un poisson hors de son bocal. C’est notre oxygène et notre gagne-pain. Nos yeux et nos oreilles. Même notre nez… Elle le sait, Isa !
D’accord, il y a des indics crapuleux et sordides. Mais il y en a d’autres qui sont très bien. Comme Phil, par exemple.
Là, ça ne l’a pas gênée quand elle lui a demandé comme un service personnel de servir d’indic à Antoine ! Pourtant, elle le considère comme son père…
Mais j’ai senti qu’Isa ne serait pas accessible à ce raisonnement. Qu’elle se braquerait si je touchais à Papy.
Isa, quand elle s’y met, elle peut être l’incarnation de la pire mauvaise foi féminine.
La preuve, je l’ai surprise après déjeuner, alors qu’elle couchait notre fille pour sa sieste, en train de la questionner à son tour…
– J’ai promis à Papy, maman. Nous avons nos secrets, Papy et moi…
Elle est très bien, ma fille !
Parfois, je me dis que, ma femme et moi, nous sommes à l’image de la guerre des polices. Chacun pour soi !
© Alain Pecunia, 2008.
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