Chapitre 16
Je repris mes visites au Dr Lévy dès la deuxième semaine de septembre.
Il me trouva en grande forme. Me demanda si j’avais suivi ses conseils.
– Oui, je suis allé en forêt. Et ça m’a bien plu.
– C’est très bien. Continuez !
Il réfléchit un moment puis me demanda des nouvelles de mon livre.
– Toujours pas d’éditeur ?
– Non.
– C’est dommage. Mais l’essentiel est que vous l’ayez écrit, n’est-ce pas ?
– Oui. D’ailleurs, j’arrête pas de lui rajouter des chapitres.
Il s’est montré très intéressé et m’a demandé très gentiment de le lui confier. Ça m’a fait très plaisir. Je lui ai promis de le lui amener la semaine suivante.
Ce que j’ai fait. Mais il n’a pas l’air de l’avoir lu.
Il ne m’en a pas parlé du tout les fois suivantes. C’est vrai qu’il est énormément occupé.
Ça m’a quand même déçu un peu.
De toute façon, ce ne fut pas une bonne année pour moi. Je me suis traîné comme si je portais un lourd fardeau sur les épaules.
Maman a été très inquiète. Même Ghislaine.
Ce fut une année de routine, en quelque sorte.
Mes cours. Maman et Ghislaine. Le Relais angevin.
Je pensais que ça irait mieux avec l’été. Mais non, ça a continué. Un joint de culasse juste avant le 14 juillet.
Comme un signe du destin.
« Mauvaise année, mauvais crime en perspective », me suis-je dit.
Je n’ai même pas eu besoin d’écouter maman pour ne pas tuer cet été 97. – De toute façon je n’écoute jamais maman pour mes crimes, c’est ma vie personnelle.
Et j’ai bien fait, oh ! la la !
Peu après le 15 août, la presse révéla la déception de la police.
Un dispositif exceptionnel avait été établi depuis le 10 juillet dans la capitale et dans les principales forêts d’Ile-de-France. Avec des effectifs en civil considérables de tous les corps.
Pour rien.
Certains commentateurs envisagèrent même le décès du mystérieux assassin « au collier de perles en bois ». Un journaliste alla jusqu’à envisager une exécution secrète, rappelant que dans une ancienne affaire, celle des « tueurs fous de l’Ardèche », le principal responsable ne fut jamais retrouvé et que l’on pouvait raisonnablement penser qu’il avait été liquidé. Un autre, d’extrême gauche, envisagea une autre version. Qu’il eût été « récupéré ».
« Est-ce que ces assassins mystérieux et introuvables ne participeraient pas à une opération de déstabilisation de la démocratie en créant à peu de frais un climat d’insécurité exploitable pour des menées occultes ? »
N’importe quoi !
Il y eut même un psy, le même qu’on voyait toujours sur les différents plateaux de télévision, pour déclarer que tout le monde faisait fausse route. Que le tueur « au collier de perles en bois » était peut-être tout simplement guéri et qu’on n’entendrait sûrement plus parler de lui.
Comme si j’étais malade !
Mais il persistait dans son analyse.
– Vous, savez, il a peut-être tout simplement suivi une psychothérapie…
Vraiment n’importe quoi. Par exemple, moi, c’est pas pour suivre une psy quelque chose que je vais voir le Dr Lévy. C’est seulement que j’aime bien bavarder avec lui et qu’il me donne toujours des conseils avisés.
Faut pas chercher midi à quatorze heures.
Tiens, justement, ça va être l’heure des soins de maman et de Ghislaine.
© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.
Je repris mes visites au Dr Lévy dès la deuxième semaine de septembre.
Il me trouva en grande forme. Me demanda si j’avais suivi ses conseils.
– Oui, je suis allé en forêt. Et ça m’a bien plu.
– C’est très bien. Continuez !
Il réfléchit un moment puis me demanda des nouvelles de mon livre.
– Toujours pas d’éditeur ?
– Non.
– C’est dommage. Mais l’essentiel est que vous l’ayez écrit, n’est-ce pas ?
– Oui. D’ailleurs, j’arrête pas de lui rajouter des chapitres.
Il s’est montré très intéressé et m’a demandé très gentiment de le lui confier. Ça m’a fait très plaisir. Je lui ai promis de le lui amener la semaine suivante.
Ce que j’ai fait. Mais il n’a pas l’air de l’avoir lu.
Il ne m’en a pas parlé du tout les fois suivantes. C’est vrai qu’il est énormément occupé.
Ça m’a quand même déçu un peu.
De toute façon, ce ne fut pas une bonne année pour moi. Je me suis traîné comme si je portais un lourd fardeau sur les épaules.
Maman a été très inquiète. Même Ghislaine.
Ce fut une année de routine, en quelque sorte.
Mes cours. Maman et Ghislaine. Le Relais angevin.
Je pensais que ça irait mieux avec l’été. Mais non, ça a continué. Un joint de culasse juste avant le 14 juillet.
Comme un signe du destin.
« Mauvaise année, mauvais crime en perspective », me suis-je dit.
Je n’ai même pas eu besoin d’écouter maman pour ne pas tuer cet été 97. – De toute façon je n’écoute jamais maman pour mes crimes, c’est ma vie personnelle.
Et j’ai bien fait, oh ! la la !
Peu après le 15 août, la presse révéla la déception de la police.
Un dispositif exceptionnel avait été établi depuis le 10 juillet dans la capitale et dans les principales forêts d’Ile-de-France. Avec des effectifs en civil considérables de tous les corps.
Pour rien.
Certains commentateurs envisagèrent même le décès du mystérieux assassin « au collier de perles en bois ». Un journaliste alla jusqu’à envisager une exécution secrète, rappelant que dans une ancienne affaire, celle des « tueurs fous de l’Ardèche », le principal responsable ne fut jamais retrouvé et que l’on pouvait raisonnablement penser qu’il avait été liquidé. Un autre, d’extrême gauche, envisagea une autre version. Qu’il eût été « récupéré ».
« Est-ce que ces assassins mystérieux et introuvables ne participeraient pas à une opération de déstabilisation de la démocratie en créant à peu de frais un climat d’insécurité exploitable pour des menées occultes ? »
N’importe quoi !
Il y eut même un psy, le même qu’on voyait toujours sur les différents plateaux de télévision, pour déclarer que tout le monde faisait fausse route. Que le tueur « au collier de perles en bois » était peut-être tout simplement guéri et qu’on n’entendrait sûrement plus parler de lui.
Comme si j’étais malade !
Mais il persistait dans son analyse.
– Vous, savez, il a peut-être tout simplement suivi une psychothérapie…
Vraiment n’importe quoi. Par exemple, moi, c’est pas pour suivre une psy quelque chose que je vais voir le Dr Lévy. C’est seulement que j’aime bien bavarder avec lui et qu’il me donne toujours des conseils avisés.
Faut pas chercher midi à quatorze heures.
Tiens, justement, ça va être l’heure des soins de maman et de Ghislaine.
© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.
Amis lecteurs, j'éprouve un cas de conscience - ce qui ne laissera pas de vous surprendre puisque je vous fais partager l'existence sordide de ce Philippe-Henri Dumontar. En bref, il reste 10 chapitres et, dans quatre jours, je ripe mes galoches - pardon, mes sabots en l'occurrence - au fin fond de la France, en un lieu où je ne disposerai pas de PC durant une semaine. Adonc, soit je vous laisse poireauter en cours de route, soit je mets ces 10 chapitres en ligne d'ici à samedi soir. J'ai tranché pour vous : je "groupe". Ce qui est par ailleurs préférable pour moi car mes lectrices "mères de famille" risquent de mal réagir au finale - et je me fais déjà un grand plaisir de les laisser mijoter jusqu'au prochain épisode des "Chroniques croisées"...
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