Chapitre 2
Le mercredi 23 juillet, dès le lendemain, nous avons déjeuné avec Antoine.
Le commissaire a d’abord tiqué. C’est vrai qu’il trouvait le professeur sympathique et qu’il lui devait une superbe chandelle. Mais il y avait quand même deux corps à soustraire à la justice.
Puis il s’est laissé avoir par le sens de la diplomatie et tout l’art de la séduction dont sait parfois user Isa. Surtout par ses sous-entendus. Qui étaient limite chantage.
Il a fini par convenir qu’entre flics on pouvait résoudre ce type de situation humainement et rapidement. Qu’emprunter la procédure normale et la voix judiciaire ne ferait que compliquer un cas simple. Que, si les juges relâchaient trop rapidement la petite canaille, ils risquaient, là, de chercher la petite bête. Mais, surtout, Phil avait été un bon indic, et la règle non écrite, mais à laquelle aucun flic ne peut déroger, veut que l’on protège toujours son « cousin ». Plus encore s’il s’agit d’un honnête citoyen.
– OK, finit-il par dire, j’assume le nettoyage au nom de notre amitié et pour le bien de Philippine.
– Tu as besoin de nous ? demandai-je.
– Non. Il ne faut pas mouiller la police là-dedans.
– Tu as une idée.
– Oui. Mais il faut que le terrain soit dégagé.
– C’est-à-dire ? demanda Isa.
– Vous avez bien vos congés en août tous les deux ?
– Oui, répondis-je.
– Alors, emmenez Philippe-Henri en vacances avec vous. Je ferai nettoyer après son départ.
Son plan était simple. Un ex-grand bonnet de la drogue lui devait un service. Il aurait là l’occasion de le lui rendre. Il avait la main-d’œuvre pour.
– C’est simple, vous savez. Ils les ficèleront chacune dans un tapis et les emporteront.
– Mais il faut que les corps disparaissent réellement…, m’inquiétai-je.
– T’inquiète, celui-là il s’est reconverti dans les pompes funèbres !
Bien sûr, nous n’avons pas parlé à Phil de nos projets pour les dépouilles de sa mère et de la femme de ménage.
Mais il ne fut pas aussi simple que cela de le décider à partir en vacances avec nous. Il jetait de temps à autre des regards inquiets vers la porte de son petit cimetière perso.
– C’est que je n’ai pas l’habitude de partir en vacances !… Et mes livres ?… Et qui va entretenir l’appartement ?…
La diplomatie d’Isa et toute sa tendresse « filiale » déployées se heurtaient à un mur. Je l’ai senti prête à pleurer face à l’entêtement de Phil.
Quand Philippine a dit : « Il ne faut pas oublier d’emmener les femmes de Papy en vacances », je me suis décidé à agir. On allait finir par frôler la catastrophe.
Alors, j’ai entraîné le vieux dans son bureau en demandant à Isa de s’occuper de Philippine. J’ai refermé la porte derrière nous.
– Phil, lui ai-je dit doucement mais fermement, ça suffit comme ça les conneries. Vous venez en vacances avec nous ou vous irez en prison… Le choix est simple. Alors ?
Il a réfléchi longuement, comme s’il mijotait quelque chose. Puis il a dit, larmoyant :
– Je ne veux pas aller en prison…
J’ai poussé un soupir de soulagement.
C’était quand même la solution que je préférais.
© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.
Le mercredi 23 juillet, dès le lendemain, nous avons déjeuné avec Antoine.
Le commissaire a d’abord tiqué. C’est vrai qu’il trouvait le professeur sympathique et qu’il lui devait une superbe chandelle. Mais il y avait quand même deux corps à soustraire à la justice.
Puis il s’est laissé avoir par le sens de la diplomatie et tout l’art de la séduction dont sait parfois user Isa. Surtout par ses sous-entendus. Qui étaient limite chantage.
Il a fini par convenir qu’entre flics on pouvait résoudre ce type de situation humainement et rapidement. Qu’emprunter la procédure normale et la voix judiciaire ne ferait que compliquer un cas simple. Que, si les juges relâchaient trop rapidement la petite canaille, ils risquaient, là, de chercher la petite bête. Mais, surtout, Phil avait été un bon indic, et la règle non écrite, mais à laquelle aucun flic ne peut déroger, veut que l’on protège toujours son « cousin ». Plus encore s’il s’agit d’un honnête citoyen.
– OK, finit-il par dire, j’assume le nettoyage au nom de notre amitié et pour le bien de Philippine.
– Tu as besoin de nous ? demandai-je.
– Non. Il ne faut pas mouiller la police là-dedans.
– Tu as une idée.
– Oui. Mais il faut que le terrain soit dégagé.
– C’est-à-dire ? demanda Isa.
– Vous avez bien vos congés en août tous les deux ?
– Oui, répondis-je.
– Alors, emmenez Philippe-Henri en vacances avec vous. Je ferai nettoyer après son départ.
Son plan était simple. Un ex-grand bonnet de la drogue lui devait un service. Il aurait là l’occasion de le lui rendre. Il avait la main-d’œuvre pour.
– C’est simple, vous savez. Ils les ficèleront chacune dans un tapis et les emporteront.
– Mais il faut que les corps disparaissent réellement…, m’inquiétai-je.
– T’inquiète, celui-là il s’est reconverti dans les pompes funèbres !
Bien sûr, nous n’avons pas parlé à Phil de nos projets pour les dépouilles de sa mère et de la femme de ménage.
Mais il ne fut pas aussi simple que cela de le décider à partir en vacances avec nous. Il jetait de temps à autre des regards inquiets vers la porte de son petit cimetière perso.
– C’est que je n’ai pas l’habitude de partir en vacances !… Et mes livres ?… Et qui va entretenir l’appartement ?…
La diplomatie d’Isa et toute sa tendresse « filiale » déployées se heurtaient à un mur. Je l’ai senti prête à pleurer face à l’entêtement de Phil.
Quand Philippine a dit : « Il ne faut pas oublier d’emmener les femmes de Papy en vacances », je me suis décidé à agir. On allait finir par frôler la catastrophe.
Alors, j’ai entraîné le vieux dans son bureau en demandant à Isa de s’occuper de Philippine. J’ai refermé la porte derrière nous.
– Phil, lui ai-je dit doucement mais fermement, ça suffit comme ça les conneries. Vous venez en vacances avec nous ou vous irez en prison… Le choix est simple. Alors ?
Il a réfléchi longuement, comme s’il mijotait quelque chose. Puis il a dit, larmoyant :
– Je ne veux pas aller en prison…
J’ai poussé un soupir de soulagement.
C’était quand même la solution que je préférais.
© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.
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