Reprenons !
Cet épisode est à la fois le dénouement de Sous le signe du rosaire qui s’achevait sur un horrible suspense et une prolongation du Sanglot de Satan.
Isabelle Cavalier, capitaine à la Crim, vole au secours de Philippe-Henri Dumontar, notre sympathique serial killer, et part en famille pour un séjour campagnard bien mérité, où le couple Cavalier et Philippe-Henri affronteront la Pizza Connection normande.
Alors que le récit précédent était mon préféré (peut-être parce que ma cohabitation forcée avec Philippe-Henri Dumontar fut éprouvante), celui-ci est un peu, à mon goût, le maillon faible des « Chroniques croisées ». Il est surtout un lien entre les épisodes précédents et les suivants, mais, dès à présent, le couple Cavalier est bien constitué, lui aux RG et elle à la Crim, lui le « flic politique » et elle l’idéaliste poursuivant le crime tel un chevalier blanc, avec un esprit sans concession.
Isabelle Cavalier, capitaine à la Crim, vole au secours de Philippe-Henri Dumontar, notre sympathique serial killer, et part en famille pour un séjour campagnard bien mérité, où le couple Cavalier et Philippe-Henri affronteront la Pizza Connection normande.
Alors que le récit précédent était mon préféré (peut-être parce que ma cohabitation forcée avec Philippe-Henri Dumontar fut éprouvante), celui-ci est un peu, à mon goût, le maillon faible des « Chroniques croisées ». Il est surtout un lien entre les épisodes précédents et les suivants, mais, dès à présent, le couple Cavalier est bien constitué, lui aux RG et elle à la Crim, lui le « flic politique » et elle l’idéaliste poursuivant le crime tel un chevalier blanc, avec un esprit sans concession.
Chapitre 1
J’avais téléphoné à Isa la nouvelle de ma promotion au grade de commandant et de mon affectation à la Direction centrale des Renseignements généraux, rue des Saussaies.
Elle ne manifesta aucune joie, même quand je lui annonçai que j’étais libre jusqu’au 1er septembre en accumulant mes congés restants et mes récupérations. Sa voix était emplie d’angoisse et elle me supplia de revenir le plus vite possible. J’étais surpris. Isa, ma femme, ne perdait jamais son sang-froid. Sinon, elle n’eût pas été capitaine à la Brigade criminelle.
– Ça concerne la petite ? Elle est malade ? Elle a eu un accident ?
– Non. Elle n’a rien. Mais rentre vite, je t’en supplie… Je ne peux pas t’en parler comme ça.
– Bien, je serai là dans le courant de l’après-midi.
Nous étions le mardi 22 juillet.
Durant les quatre heures et demie de trajet entre Saint-Michel-Chef-Chef et Paris, je ne cessai de me poser mille et une questions. Sans y trouver aucune réponse. En tout cas, il y avait un problème. C’était la seule certitude.
Quand je suis arrivé à notre appartement, un trois-pièces ancien rue du Commerce, j’ai tout de suite vu qu’elle avait longuement pleuré.
La petite, notre fille Philippine, qui allait bientôt fêter ses trois ans le 23 août 2003, n’était pas là.
– Elle est chez Papy ?
Papy, c’est Philippe-Henri. Phil pour les intimes et Papy pour nous depuis la naissance de la petite.
C’est un vieux prof de lettres très vieille France et un peu maniaque comme tous les vieux garçons qui ont vécu toute leur vie dans le giron de leur « maman ». Mais, bon, Isabelle l’adore. Il est comme un père pour elle. L’homme qui compte le plus dans sa vie après moi.
D’ailleurs, il me le fait suffisamment sentir comme ça.
Je n’ai jamais vu Isa dans cet état. Elle se trémousse. Fait des mines. Semble chercher ses mots.
– Justement…
– Justement quoi ?
– Il y a un problème avec Papy…
Elle déglutit avec difficulté. N’arrive pas à trouver ses mots. J’essaie de l’aider.
– Mais Papy est un type sans problème !
Elle se met à pleurer et se blottit contre moi.
– Oh ! Pierre, qu’est-ce que nous allons faire ?
Je n’y suis pas du tout. Je ne comprends strictement rien.
– Si tu commençais par m’expliquer tout depuis le commencement, ma chérie, dis-je tout en lui caressant ses cheveux si doux.
Et elle commence à m’expliquer. Avec des périodes de pleurs.
Dans mon métier, il faut savoir écouter et observer. Rester impassible devant n’importe quelle confession ou situation.
Là, j’ai quand même du mal. Après tout ce que je viens de vivre*, ça fait beaucoup. J’hallucine ou je n’ai pas tout saisi. Dans ces cas-là, j’ai pour habitude de récapituler.
– Si j’ai bien compris, dis-je le plus lentement possible afin de garder mon calme, il y aurait, dans la pièce de l’appartement de Phil qu’il garde toujours fermée à clé, deux corps – deux cadavres momifiés –, chacun sur un lit… et nus. C’est ça ?
– Oui.
– Donc, avant-hier, tu revenais de courses dans les grands magasins, Phil gardait notre fille, et, par inadvertance, tu as ouvert cette porte qui, pour une fois, n’était pas fermée à clé… C’est toujours ça ?
– Non.
– Quoi, non ?
– C’est Philippine qui a ouvert la porte.
– Bon. D’accord. Et c’est toi qui as découvert alors les deux corps ?
– Non.
– Quoi, non ? Ne me dis pas que…
– Si. C’est pas moi. C’est Philippine…
* Voir Un vague arrière-goût.
J’avais téléphoné à Isa la nouvelle de ma promotion au grade de commandant et de mon affectation à la Direction centrale des Renseignements généraux, rue des Saussaies.
Elle ne manifesta aucune joie, même quand je lui annonçai que j’étais libre jusqu’au 1er septembre en accumulant mes congés restants et mes récupérations. Sa voix était emplie d’angoisse et elle me supplia de revenir le plus vite possible. J’étais surpris. Isa, ma femme, ne perdait jamais son sang-froid. Sinon, elle n’eût pas été capitaine à la Brigade criminelle.
– Ça concerne la petite ? Elle est malade ? Elle a eu un accident ?
– Non. Elle n’a rien. Mais rentre vite, je t’en supplie… Je ne peux pas t’en parler comme ça.
– Bien, je serai là dans le courant de l’après-midi.
Nous étions le mardi 22 juillet.
Durant les quatre heures et demie de trajet entre Saint-Michel-Chef-Chef et Paris, je ne cessai de me poser mille et une questions. Sans y trouver aucune réponse. En tout cas, il y avait un problème. C’était la seule certitude.
Quand je suis arrivé à notre appartement, un trois-pièces ancien rue du Commerce, j’ai tout de suite vu qu’elle avait longuement pleuré.
La petite, notre fille Philippine, qui allait bientôt fêter ses trois ans le 23 août 2003, n’était pas là.
– Elle est chez Papy ?
Papy, c’est Philippe-Henri. Phil pour les intimes et Papy pour nous depuis la naissance de la petite.
C’est un vieux prof de lettres très vieille France et un peu maniaque comme tous les vieux garçons qui ont vécu toute leur vie dans le giron de leur « maman ». Mais, bon, Isabelle l’adore. Il est comme un père pour elle. L’homme qui compte le plus dans sa vie après moi.
D’ailleurs, il me le fait suffisamment sentir comme ça.
Je n’ai jamais vu Isa dans cet état. Elle se trémousse. Fait des mines. Semble chercher ses mots.
– Justement…
– Justement quoi ?
– Il y a un problème avec Papy…
Elle déglutit avec difficulté. N’arrive pas à trouver ses mots. J’essaie de l’aider.
– Mais Papy est un type sans problème !
Elle se met à pleurer et se blottit contre moi.
– Oh ! Pierre, qu’est-ce que nous allons faire ?
Je n’y suis pas du tout. Je ne comprends strictement rien.
– Si tu commençais par m’expliquer tout depuis le commencement, ma chérie, dis-je tout en lui caressant ses cheveux si doux.
Et elle commence à m’expliquer. Avec des périodes de pleurs.
Dans mon métier, il faut savoir écouter et observer. Rester impassible devant n’importe quelle confession ou situation.
Là, j’ai quand même du mal. Après tout ce que je viens de vivre*, ça fait beaucoup. J’hallucine ou je n’ai pas tout saisi. Dans ces cas-là, j’ai pour habitude de récapituler.
– Si j’ai bien compris, dis-je le plus lentement possible afin de garder mon calme, il y aurait, dans la pièce de l’appartement de Phil qu’il garde toujours fermée à clé, deux corps – deux cadavres momifiés –, chacun sur un lit… et nus. C’est ça ?
– Oui.
– Donc, avant-hier, tu revenais de courses dans les grands magasins, Phil gardait notre fille, et, par inadvertance, tu as ouvert cette porte qui, pour une fois, n’était pas fermée à clé… C’est toujours ça ?
– Non.
– Quoi, non ?
– C’est Philippine qui a ouvert la porte.
– Bon. D’accord. Et c’est toi qui as découvert alors les deux corps ?
– Non.
– Quoi, non ? Ne me dis pas que…
– Si. C’est pas moi. C’est Philippine…
* Voir Un vague arrière-goût.
© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.
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