vendredi 18 décembre 2009

Noir Express : "Sous le signe du rosaire (Le retour)" (C. C. XIII) par Alain Pecunia, Chapitre 33

Chapitre 33





Philippe-Henri et Euh-Euh arrivèrent ensemble peu avant seize heures.
Ils apportaient bouquet de fleurs et champagne.
– Regarde ce que m’a offert Pierre en souvenir ! dit Isabelle en brandissant le rosaire du tueur sous les yeux de Phil.
Quand elle l’enroula autour de son cou en virevoltant sur elle-même, Philippe-Henri Dumontar sentit ses jambes flancher sous lui et il partit en avant pour être rattrapé in extremis dans sa chute par Euh-Euh.
Une fois qu’il eut recouvré ses esprits, Isabelle lui lâcha :
– Mais qu’est-ce que tu peux être sensible, quand même !
Euh-Euh, lui, était sans voix. Ce qui ne changeait d’ailleurs pas grand-chose.
Il contemplait, à la fois effaré et émerveillé, le fameux « collier de perles » dont Phil lui avait tant parlé et dont il lui avait dit qu’il s’était un jour débarrassé sous un banc de l’église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, rue Saint-Dominique.
Isabelle, elle, avait repris son caquetage comme si de rien n’était, toute à sa joie d’avoir retrouvé son « père ».
– Mais qu’est-ce que j’ai été inquiète quand j’ai su que tu fréquentais le préfet Bernard Bonnot ! était-elle en train de lui dire. J’ai imaginé le pire, tu sais… Mais, qu’est-ce que tu pouvais bien faire avec un type pareil ?
Isabelle mimait la gronderie.
– Rien, ma chérie. C’était un homme très cultivé et de grande éducation classique. Il avait appris que j’étais un éminent spécialiste de Corneille et de Racine et il m’avait contacté par des amis communs pour que je lui donne des conseils de mise en scène. Il était très féru de théâtralité, tu sais. C’était pour des soirées entre amis qu’il donnait dans son ce somptueux hôtel. Il m’y a parfois convié, mais tu sais combien je suis sauvage… Néanmoins, ma chérie, je puis t’assurer que mes avis étaient très appréciés. Nos amis communs, les Claron, qui eux ne manquaient pas une seule de ces soirées, me l’ont souvent rapporté. D’ailleurs, je ne sais pas si je te l’ai déjà dit, mais je donne des cours particuliers de français à leur fille Sabrina, une jeune fille délicieuse. Et les Saint-Fort, juste avant ce drame affreux qui les a frappés, m’avaient demandé, sur leurs conseils, d’apporter un soutien à leur malheureuse fille Angeline, la pauvrette assassinée, et m’avaient dit que les Cangros seraient également intéressés pour leur fille Corinne…
Isabelle n’eut pas besoin de mimer l’ahurissement le plus complet.


© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.

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