Chapitre 16
Pour Jean Ferniti, la journée du jeudi commença à six heures douze comme d’habitude.
Il quitta son Titi après lui avoir dit :
– Ce soir, il faut qu’on parle absolument de Bébert. Hier soir, Chez P’tit Louis, il a encore fait le raisonneur. De plus en plus juif qu’il est, j’te dis !
Puis il se dépêcha pour être à temps sur le palier afin de guetter le passage de l’aînée des Kamil.
– Bonjour, dit-elle tout sourire en passant à sa hauteur. Ça va ?
– Ça va, ça va, ma grande, répondit-il presque joyeusement.
La réponse de M. Ferniti surprit la jeune fille, lui qui l’avait habituée à des « b’jour » grognons. Mais elle poursuivit sa descente sans y accorder plus d’importance, songeant seulement que des gens à l’abord désagréable pouvaient devenir tout à coup aimables un beau jour. Comme par magie.
Jean Ferniti l’avait reluquée à la dérobée, s’attardant sur ses longues jambes de gazelle que dénudait une jupe au-dessus du genou.
« Pourvu qu’elle ait la même jupe ras le minou demain soir ! Ce sera plus facile dans les fourrés », se dit-il tout en ressentant une violente érection bien qu’il se fut masturbé il y a peu en pensant à elle.
Il en avait bougrement envie de la petite salope. Cette fois-ci, il était sûr de parvenir enfin à éjaculer dans le sexe d’une femme. Il avait même fait promettre à Bébert de le laisser passer le premier. Mais il avait hésité, cet enfoiré de Papinski.
– Ça te coupe l’envie de passer après moi ? ça te dégoûte ? lui avait demandé Ferniti, teigneux.
Albert Papinski s’était abstenu de répondre. C’était pas ça, mais quand même un peu. Et puis, faire ça dans les fourrés, c’était pas franchement pratique. Limite dangereux, sans compter que si la fille se mettait à gueuler pendant que le Jeannot s’en occupait, il faudrait la « trancher » avant qu’il ait eu le temps d’y passer à son tour.
Le changement de scénario ne convenait pas à Albert Papinski. Une cave, ça aurait quand même été plus tranquille.
Ce n’était pas le problème de Jean Ferniti. Celui de Ferniti, c’était sa crainte d’éjaculer précocement et d’être la risée de Papinski, comme il l’avait été chaque fois que ses potes l’entraînaient au bordel ou qu’ils tombaient sur des fatmas en cours d’opération et qu’ils avaient le temps de se permettre une récréation après que tous les hommes valides eurent été exécutés.
Ce qui le rassurait, c’était l’idée de l’assommer dès l’interception avant de l’entraîner dans les fourrés. Comme ça, il pourrait prendre son temps. Et le Papinski aussi, d’ailleurs. Pour égorger sa première victime. « À lui aussi de se mouiller ! » se dit-il rageusement.
© Alain Pecunia, 2008.
Tous droits réservés.
Pour Jean Ferniti, la journée du jeudi commença à six heures douze comme d’habitude.
Il quitta son Titi après lui avoir dit :
– Ce soir, il faut qu’on parle absolument de Bébert. Hier soir, Chez P’tit Louis, il a encore fait le raisonneur. De plus en plus juif qu’il est, j’te dis !
Puis il se dépêcha pour être à temps sur le palier afin de guetter le passage de l’aînée des Kamil.
– Bonjour, dit-elle tout sourire en passant à sa hauteur. Ça va ?
– Ça va, ça va, ma grande, répondit-il presque joyeusement.
La réponse de M. Ferniti surprit la jeune fille, lui qui l’avait habituée à des « b’jour » grognons. Mais elle poursuivit sa descente sans y accorder plus d’importance, songeant seulement que des gens à l’abord désagréable pouvaient devenir tout à coup aimables un beau jour. Comme par magie.
Jean Ferniti l’avait reluquée à la dérobée, s’attardant sur ses longues jambes de gazelle que dénudait une jupe au-dessus du genou.
« Pourvu qu’elle ait la même jupe ras le minou demain soir ! Ce sera plus facile dans les fourrés », se dit-il tout en ressentant une violente érection bien qu’il se fut masturbé il y a peu en pensant à elle.
Il en avait bougrement envie de la petite salope. Cette fois-ci, il était sûr de parvenir enfin à éjaculer dans le sexe d’une femme. Il avait même fait promettre à Bébert de le laisser passer le premier. Mais il avait hésité, cet enfoiré de Papinski.
– Ça te coupe l’envie de passer après moi ? ça te dégoûte ? lui avait demandé Ferniti, teigneux.
Albert Papinski s’était abstenu de répondre. C’était pas ça, mais quand même un peu. Et puis, faire ça dans les fourrés, c’était pas franchement pratique. Limite dangereux, sans compter que si la fille se mettait à gueuler pendant que le Jeannot s’en occupait, il faudrait la « trancher » avant qu’il ait eu le temps d’y passer à son tour.
Le changement de scénario ne convenait pas à Albert Papinski. Une cave, ça aurait quand même été plus tranquille.
Ce n’était pas le problème de Jean Ferniti. Celui de Ferniti, c’était sa crainte d’éjaculer précocement et d’être la risée de Papinski, comme il l’avait été chaque fois que ses potes l’entraînaient au bordel ou qu’ils tombaient sur des fatmas en cours d’opération et qu’ils avaient le temps de se permettre une récréation après que tous les hommes valides eurent été exécutés.
Ce qui le rassurait, c’était l’idée de l’assommer dès l’interception avant de l’entraîner dans les fourrés. Comme ça, il pourrait prendre son temps. Et le Papinski aussi, d’ailleurs. Pour égorger sa première victime. « À lui aussi de se mouiller ! » se dit-il rageusement.
© Alain Pecunia, 2008.
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