Chapitre 13
Le samedi matin, vers onze heures, nous nous sommes retrouvés dans la villa gothique de la frangine.
Je me demandais ce qu’on pouvait bien y foutre puisque je n’avais pas assisté au crime.
Là, c’est le capitaine Cavalier qui a pris la relève dans les questions.
Pour la énième fois, j’ai répété que j’étais parti vers onze heures le jeudi matin.
Pour le même nombre de fois, ils m’ont dit qu’ils le savaient puisqu’ils avaient le témoignage du chauffeur de taxi.
Ni queue ni tête, que j’ai pensé. Des questions dont ils ont la réponse. Pour faire chier.
Et rebelote sur mon bref séjour. Comment j’avais trouvé ma sœur. Inquiète, soucieuse, préoccupée… ?
Normale, que j’ai de nouveau répondu.
J’ai quand même eu un choc en découvrant les traces du carnage dans le salon.
L’emplacement des deux corps silhouetté de craie. Les dommages collatéraux des tirs. Les coussins des sièges éventrés, le grand bahut vidé de son contenu.
Comme si l’on avait recherché quelque chose.
Les autres pièces du rez-de-chaussée et des deux étages avaient également été visitées.
Les deux flics observaient mes réactions attentivement.
Ils ont vu mon air étonné. J’ai eu le sentiment qu’ils n’attendaient que ça, d’ailleurs, car j’ai eu droit immédiatement à leurs conclusions provisoires.
– Eh oui, a dit le commissaire Antoine. La première évidence est qu’il s’agit d’une exécution en bonne et due forme. La deuxième, que les assassins recherchaient quelque chose. Ils ne l’ont pas trouvé ici et sont partis le chercher dans les locaux de la société de pompes funèbres.
Il s’est tu.
– Vous n’avez pas une idée ? a repris le capitaine Cavalier.
J’ai fait diversion en demandant comment le Bellou avait pu échapper à ce carnage.
– Nous n’avons pas encore pu l’interroger. Il est sous le choc. Il a été retrouvé prostré dans le grenier, le seul endroit que les assassins n’aient pas visité. On ne se sait pas pourquoi, m’a répondu le commissaire des Stups en haussant les épaules.
On en est restés là.
Ils n’ont pas voulu me répondre quand je leur ai demandé si l’assassin survivant, le Tonio de la Bernique, avait avoué quoi que ce soit.
© Alain Pecunia, 2009.
Tous droits réservés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire